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de costume qui finirent par marquer son
règne. Ces femmes jeunes, gracieuses, les
unes en poudre, les autres relevant leurs
blondes chevelures en tape, vêtues avec cette
coquetterie et ce luxe de vêtements qui finit
par être ridicule, des femmes enfin comme
Dell’Acqua sait les peindre, sont là faisant
des moissons de fleurs, les rangeant dans
des corbeilles, les groupant en bouquets...
Les deux toiles latérales rappellent, dans
leurs paysages, le Parc et quelques-uns de
ses groupes allégoriques. La toile du milieu,
que l’on aperçoit dès le bas de l’escalier,re-
présente les gracieuses créatures penchées
à un balcon, le sourire aux lèvres et sem-
blant répandre leur récolte sous les pieds
des arrivants. — Rien de plus fin et de plus
spirituellement imaginé que ce souhait de
bienvenue.

Ces peintures ont quelque chose de jeune,
de printanier ; elles sont pleines de l’éclat
du jour et peuvent être comptées au nom-
bre des plus belles et des plus charmantes
œuvres sorties du pinceau de l’artiste.

J’avais annoté sur mon carnet de corres-
pondant, pour vous en parler, un concert
qu’a donné, le 28 Décembre dernier, à la
Grande Harmonie, M. Henri Logé, un com-
patriote, élève de Dupont, jeune encore et
déjà un maître. 11 a le jeu facile, entraînant.
Il a surtout soulevé les applaudissements de
l’auditoire en exécutant la Danse aux Tam-
bourins, morceau très original,écrit par son
professeur.

Il est bien tard pour que j’entre dans d’au-
tres détails, je me bornerai à dire que M.
Logé a confirmé l’immense succès,si flatteur
pour notre école de piano, qu’il a remporté,
il y a quelques mois, en Hollande, et dont
la presse néerlandaise a rendu compte par
la plume de ses meilleurs critiques.

Emile Greyson.

COMITÉ QU PAIN.

Exposition de Tableaux.

Il faut toute l’importance et la force des
préoccupations politiques du jour pour que
cette exposition ne soit pas désignée à la
foule comme une de celles qui constituent
un évènement artistique d’une réelle im-
portance, sinon par la quantité des ta-
bleaux, du moins par leur qualité. 11 y a là,
Cvii effet, une petite réunion d’œuvres d’élite
qui réclame notre attention.

La place d’honneur a été accordée à un
portrait de M. De Winne qui est un chef-
d’œuvre d’à-peu-près et d’habileté pratique,
mais creux et inconsistant. Tout y semble

venu à l’état de préparation, depuis le
fond bizeauté et inachevé jusqu’à la per-
sonnalité désagrégée du modèle. Il faudrait
bien peu de chose pour faire de ce portrait
une toile excellente et originale. Chose
étrange ! de l’autre côté trône un portrait
jordanesque de Gallait, face rude, sanguine,
posée sur un buste vêtu d’un blanc vif et
qui semble criard dans le milieu où il est
placé. Or, ces deux portraits forment bien
le contraste le plus éloquent qu’il soit pos-
sible de rencontrer entre deux systèmes
différents : on dirait, d’une part, le dernier
mot du savoir-faire, et, d’autre part, le der-
nier mot de l’art aeadémiqne.

On voit à cette exposition une toile qui
nous semble un évènement artisliqne d’une
certaine portée. Peut-être nos lecteurs se
rappelleront-ils avoir vu, à l’une de nos ex-
positions officielles, la bataille d’IIaslings^de
M. Emile Wauters. C’était gris, taillé à coups
dehàche dans du bois,mais enfin il y avait là
quelque chose et nous ne crûmes nullement
nous compromettre en annonçant que nous
venions ds rencontrer un artiste. Eh bien !
allez voir aujourd’hui si nous nous sommes
trompé. L’œuvre nouvelle , magistrale à
tous égards, représente Marie de Bourgogne
demandant aux magistrats de Gand la grâce
des ministres français Hugonet et lmbercourt.

Marie de Bourgogne est venue sans éti-
quette, suivie seulement d’une dame de
service, à l’hôtel de ville ; là elle trouve les
magistrats réunis dans le coin d’une salle,
autour d'une table,et son geste indique suf-
fisamment ce qui est sur ses lèvres et dans
son cœur. Pas d’accessoires, pas de détails,
une simplicité presque exagérée vient prêter
à cette scène un grand élément de succès.
Marie est navrée,à bout de forces,son corps,
caché dans des vêtements noirs qui ne lais-
sent voir que son visage noble et souffrant,
est d’une discrétion, d’un jet et d’un mou-
vement excellent. Le groupe des magistrats
gantois renferme des beautés de premier
ordre, et, si nous avions un reproche à lui
adresser,ce serait de manquer de temps en
temps de l’expression voulue comme vérité.
Examinés isolément, tous ces personnages
sont de belles créations , non-seulement
comme invention,mais plus encore peut-être
comme exécution.

Je ne sais si je me trompe, mais je pense
que si M. Emile Wauters peut arriver
à saisir le point exact où, en fait d’art, il
faut prendre l’âme sur le fait, la Belgique
comptera un grand artiste déplus. Cette pro-
priété, jusqu’à présent, il ne l’a pas, je n’en
veux pour preuve que la suivante de Marie
de Bourgogne,création fort belle à la vérité,

mais dont le sentiment semble plutôt en
complète opposition avec le sens de la scène,
ce qui produit un effet aussi fâcheux qu’une
fausse note dans une ouverture. Je pourrais
encore trouver d’autres exemples de ce que
j’avance dans le groupe des magistrats, mais
c’est inutile, je crois, et les arguments pour
être plus nombreux n’en seraient pas meil-
leurs. Il y a un milieu à prendre dans les
tableaux de cette nature, entre les exagéra-
tions du drame et la froide solennité de la
tragédie, et l’on n’aura pas mieux réussi en
tombant dans l’un plutôt que dans l’autre.
Mais ce milieu à prendre n’est pas non plus
l’indifférence ni la froideur ; or, c’est la
faute où l’artiste nous paraît être tombé pour
une partie de ses personnages.

Il y a quelques portraits d’artistes et
d’hommes de lettres connus dans le groupe
des magistrats gantois. Ces détails ont un
certain prix. Le tableau de M. Emile Wau-
ters va partir pour l’Angleterre. Nous croyons
bien qu’il y restera.

De Schreyer, il y a une magnifique toile
plus corsée, plus modelée que d’habitude ;
de Courbet, quelques marines nouvelles,
pour nous du moins,d’un grand accent ; de
Leys, plusieurs tableaux dont l’ensemble
est curieux à étudier et qui font encore plus
que jamais regretter le travers gothique
dans lequel il est tombé ; deMadou, de ra-
vissantes pochades pleines de naturel et
d’observation ; de De Groux, entre autres,
son chef-d’œuvre , le fameux I élerinage
à Anderlecht. De Jongkind,des audaces réus-
sies qui rappellent Salvator Rosa ; de Wil-
lems, sa Jeune mère, toujours jolie et qu’on
revoit avec plaisir ; de Stevens (Alf.) et
Slevens (Jos.) quelques-unes de leurs meil-
leures toiles ; de Bachelin un Intérieur
français plein d’actualité et navrant ; d’Eug.
Smits, une étude puissante de pâte ; de Por-
taels, une étude fine et distinguée. Citons
encore de Schampheleer, Corot, Daubigny,
Roqueplan, Lamorinière, lsracls, Bellangé,
Dansaert, Fourmois, Rousseau et plusieurs
autres dont les œuvres nous étaient généra-
lement connues et dont, pour cette raison,
nous n’avons plus à reparler ici.

CHARLES DE BERIOT

PAR p'R. p'ÉTIS.

(Extrait de l'annuaire de l'Académie royale de
Belgique pour 1871.)

(Suite. — Voir n° 1 page 4.)

Envoyé à Paris par son tuteur à l’àge de
douze ans, po r y continuer ses études de
violon sous la direction de Baillot, il y ob-
 
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