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12 —

meilleures positions et finit par lui deman-
der de jouer lui-même l’étude sur laquelle
il lui donnait la leçon, ce que fit le profes-
seur. Quand il eut fini, son original élève
mit gravement sur la cheminée un souve-
rain et un sclielling,puisil pritson chapeau,
s’en alla et l’on ne le revit plus. Quelque
temps après, De Bériot apprit qu’une per-
sonne, dont on lui fit le portrait, se disait
son élève ; il reconnut l’homme à la guinée.
Celui-ci, en effet, avait voulu prendre une
leçon du violoniste alors le plus renommé
en Angleterre, pour avoir le droit de se dire
son élève. (A continuer.)

FRANGE.

DAVID D’ANGERS.

Pierre-Jean David, dit David d’Angers,
naquit dans cette ville le 12 Mars 1788. —
Son père était sculpteur sur bois, et malgré
le mérite réel de ses œuvres, il n’avait
point été favorisé de la fortune. De ses
quatre enfants, Pierre-Jean, le plus jeune,
était aussi le plus chétif. Chose étonnante !
c’était pourtant loin des soins maternels et
au milieu des camps improvisés de la Répu-
blique que ce tempérament délicat devait
se fortifier ; soit prédilection de la part du
père, soit plutôt parce que c’était son seul
fils et qu’il espérait un enseignement pour
lui des faits illustres dont il allait le rendre
témoin, il prit un jour cet enfant entre
deux batailles et l’emporta dans son bagage.
Pierre-Jean pouvait avoir trois ans, et «Dieu
sait, dit son biographe, combien de fois le
pauvre petit homme fut perdu et retrouvé
pendant cette guerre de géants.(t) »

Quelques années plus tard, il nous appa-
raît dans l’atelier de son père, bridant déjà
de tailler à son tour ces ornements de toute
sorte sur lesquels il se plaît à passer ses
petites mains d’enfant. Le père eut à sculp-
ter vers ce temps les boiseries de la cathé-
drale d’Angers, et « pendant qu’il travaillait
sur son échelle, Pierre-Jean suivait d’en bas
avec un œil attentif les progrès de son œu-
vre. » — 11 grandit, et sa passion naissante
ne fit que se développer avec l’âge ; la for-
me seule l’avait frappé jusque-là, lorsqu’un
jour une gravure du Marcus Sexlus de Gué-
rin lui étant tombée sous la main, il com-
prit aussitôt qu’au-dessus de la forme il y a
la pensée, le sentiment ; et c’est de ce
moment solennel dans son existence qu’il a
pu dire depuis : « le moral de l’art prit

(i)'Fdmond About. — Notice sur David d’An-
gers. (Collection des Médaillons).

pour la première fois, ce jour-là, possession
de mon esprit. »

Son père était loin de l’encourager. Vou-
lant épargner à son fils les dédains qu’il
avait essuyés, pour rien au monde il n’eût
voulu le voir embrasser la carrière des arts :
mais à force d’instances, de prières et d’es-
sais qui déjà révélaient une aptitude vérita-
ble, l’enfant obtint de suivre les cours de
l’école centrale sous la direction de Mar-
chand (i) et de Delusse. (2)

Une épreuve d’un nouveau genre lui était
réservée ; l’école centrale supprimée tout à
coup, interrompit ses études et ne lui laissa
d’autre ressource que celle d’aller les ache-
ver à Paris. David avait 17 ans. Le père,
secrètement heureux peut-être d’un incident
capable de changer les idées de son fils,
s’opposa de toute son autorité au départ de
Pierre-Jean. Ce fut sans doute après une
tentative infructueuse pour obtenir le con-
sentement tant souhaité, que nous voyons
le jeune artiste s’empoisonner de désespoir
avec une plante qu’il croyait vénéneuse, et
qui, grâce à Dieu, 11c produisit pas l’effet
qu’il en attendait.

Delusse vint à son aide. Ayant découvert
deux têtes de femmes modelées d’après
Michel-Ange par son élève, il les apporta
lui-même au père de David, qui s’avoua
vaincu par la ténacité d’une telle vocation.
Sa mère ayant rassemblé, non sans peine,
quelques écus, Delusse augmenta la somme
trop modeste, de ses propres deniers, et
le jeune homme prit joyeusement, à pied,
le chemin de Paris (1807).

De 1807 à 1811, déjà sous l’empire de
cette activité dévorante qui ne le quittera
plus, David étudiait l’anatomie,sous Béclard
dont il avait suivi l’enseignement à Angers ;
le peintre Louis David, encore dans toute

(1) Marchand, né à Constantinople d’une femme
du pays et d’un Français, avait reçu une solide
éducation. Doué d’une imagination tout orien-
tale. la beauté du ciel, les merveilleux aspects de
ces lieux développèrent en lui de bonne heure le
goût du dessin et de la peinture. Une double rai-
son le porta à visiter la France ; demi-Français
par son origine, c’était encore en France qu’il
espérait perfectionner ses talents. Il s’arrêta d’a-
bord à Marseille, puis vint à Paris, où le hasard
le fit connaître à M. de Contades qui apprécia ses
talents, goûta son esprit, et le détermina à venir
à Angers pour y donner des leçons à ses enfants.

Marchand ne tarda pas à s’y faire avantageu-
sement connaître : il eut bientôt de nombreux
élèves des deux sexes, dont les progrès lui firent
honneur. Telle fut son existence à Angers avant
qu’il dirigeât le Musée de peinture et pendant
qu’il remplit ces fonctions. Ce fut lui qui composa
le premier Livret. Marchand unissait le talent de
la gravure à celui de la peinture et du dessin. Il
mourut en 1805.

Blordier-Langlois. — Angers el le déparlemenl
de Maine-et-Loire

(2) Delusse. (Voy. Annexes, Galerie David,
n° 756.)

sa gloire, le formait dans l’art du dessin ;
le sculpteur Roland préparait le statuaire,
et, pour subvenir à son existence, nous le
voyons ajouter à ces études multipliées des
travaux d’ornementation pour l’Arc du Car-
rousel et le Louvre, labeur ingrat qu’il exé-
cutait à vingt sous par jour. Ce n’est pas
tout. Rentré le soir dans sa mansarde, après
une journée de fatigues, il modelait encore
les peintures de Nicolas Poussin, et lorsque
l’heure avancée de la nuit lui conseillait le
repos, il s’appliquait à ne pas céder au som-
meil, et ce n’était qu’à bout de forces et peu
avant l’aube, qu’il consentait à s’étendre sur
l’unique planche dont il faisait sa couche
habituelle.

Tant de nobles efforts méritaient un triom-
phe : il l’obtint. — Déjà Ménageot etPajou
avaient sollicité pour lui de sa ville natale un
secours annuel de 600 fr., et c’est par re-
connaissance pour ce bienfait qu’il ne cessa
d’ajouter à son nom cet autre nom que vous
savez, et dont la gloire nationale s’est em-
bellie de tous les succès du noble artiste.
Une médaille d’encouragement, au concours
d’essai de 1809, lui avait été accordé par
l’Académie ; le prix de la tête d’expression
(Tête de la Douleur) lui était décerné l’année
suivante; puis le second grand prix pour
son Olhnjades mourant ; et enfin, en 1811,
il remportait le premier grand prix de Rome
qui lui ouvrait les portes de l’Italie (Mort
d'Épaminondas).

David y séjourna cinq ans. Ce fut pendant
ce temps que Canova l’admit dans son inti-
mité ; et ce voisinage illustre qui eût pu lui
être dangereux, ne fit au contraire que l’af-
fermir dans sa théorie sur l’art.

Admirateur passionné de l’antiquité, Ca-
nova n’essaya point de concilier les exigences
de l’art moderne avec ses principes. Pour-
suivant la forme dans ce qu’elle a de plus
exquis, il vécut en dehors de toute préoccu-
pation sociale. — David voulait,au contraire,
que la sculpture cessât d’être le domaine
exclusif des intelligences d’élite, il la voulait
accessible à tous, et comme le peuple n’en-
tend rien à ces finesses de ciseau qui résu-
ment trop souvent tout le talent du statuaire,
David voulait que le choix du sujet, l’éner-
gie du visage, le sens caractéristique de la
pose fussent autant d’auxiliaires auprès de
la foule pour lui faire apprécier l’art du
sculpteur. C’est ce qui lui faisait dire qu’il
fallait à ce siècle des œuvres patriotiques.

Il revit la France en 1816. l’étranger

l’avait envahie. David 11e put supporter
sans une vive douleur le spectacle de notre
abaissement ; impuissant pour son pays,
il s’exila de nouveau et passa en Angleterre.
 
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