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dailles, sont disséminés partout. Il faudrait
faire le tour de Belgique pour contempler
l’effigie de nos hommes illustres, et encore
ne les rencontrerait-on pas toutes. Notre pays
n’est pas vaste, mais ce pèlerinage, quelque
touchant qu’il soit, n’en serait pas moins ce-
pendant long et dispendieux. Cequ’il faudrait,
ce serait mettre ces monuments à portée,
si pas de tous, du moins du plus grand
nombre.

La plupart de ces œuvres, après leur
inauguration, ont été reproduites soit par
la gravure, soit par la photographie. Ne
pourrait-on pas encourager les communes
à faire l’acquisition de ces ouvrages? L’État,
qui favorise ces entreprises,qui les suhsidie,
ne pourrait-il pas demander aux artistes,
moyennant une légère majoration de son
intervention pécuniaire, de lui fournir un
certain nombre d’exemplaires de ces repro-
ductions,s’il s’agit de sculptures, de tableaux
ou de fresques, de fac-similé s’il s’agit de
médailles ?

Il a été publié autrefois, par le gouverne-
ment, je pense, une série de petits bustes
en plâtre répondant à ce vœu. Outre que la
collection n’était pas complète, ces pièces
étaient de dimensions trop exiguës. On se
contenterait à la rigueur d’un simple buste,
mais la statue entière, l’image complète du
héros dans sa pose familière,dans l’attitude
de sa charge ou de ses fonctions ne frappe-
rait-t-elle pas davantage ? Les eaux-fortes
de Gérard se trouvent dans plusieurs écoles;
c’est quelque chose, c’est bien,mais ce n’est
pas encore assez.

Chaque ville aujourd’hui a sa petite gale-
rie, une salle ornée de quelques œuvres
artistiques et où le public a facilement
accès, ou une bibliothèque ouverte à tous.
Qu’on installe dans ce local le panthéon na-
tional. A côté de l’album, du buffet vitré ou
du médaillier qu’on place un recueil de
courtes et substantielles monographies des
hôtes du Panthéon. On aura ainsi une his-
toire instructive du pays. Les illustrations
communales viendront se fondre dans les
illustrations nationales. Tous ces personna-
ges réunis symboliseront cettegrandefamille
qui constitue la nationalité belge. Tout le
monde se familarisera avec les traits de nos
héros ; chacun s’intéressera à leur gloire,
rivalisera de zèle pour se rendre digne d’eux,
pour marcher sur leurs traces et continuer
ainsi les glorieuses traditions du passé. La
génération présente s’améliorera et concour-
ra à la gloire de la patrie commune.

Que chaque ville se mette à l’œuvre,
qu’elle fasse sortir des casiers poudreux de
ses archives, ses documents historiques lo-

caux, qu’elle consacre quelque modique
portion de ses revenus à cette œuvre essen-
tiellement patriotique, qu’elle fasse revivre
le souvenir de ses enfants illustres. Voilà une
école vraiment populaire d’histoire nationale,
une école de patriotisme, une école de civi-
lisation où chacun viendrait s’instruire sans
peine et sans frais.

Une telle entreprise ne serait-elle pas le
digne pendant de celle plus vaste et plus
laborieuse que le Gouvernement a confiée à
notre académie, la Biographie nationale ?

Il ne suit pas de là que je demande la tra-
duction par le bronze ou les couleurs de tou-
tes les monographies de ce vaste monument
littéraire. Loin de là ; mais un choix judi-
cieux, un triage sévère ; il faut choisir les
célébrités marquantes et de bon aloi. 11 im-
porte de ne pas distraire ou égarer l’attention
sur une foule d’individus qui ne se sont
élevés que de quelques lignes au dessus du
niveau de leurs contemporains. Non, il ne
faut faire entrer dans cette collection que
les hommes qui ont dominé leur époque,
ces astres brillants qui ont attiré et concen-
tré sur eux tous les regards.

Dans les localités où l’industrie domine,
je serais heureux de voir notre galerie com-
plétée par quelques pages empruntées à des
pays étrangers. L’image des Jacquart, des
Franklin, des Morse, des Cockerill, des
Schultze-Delitsch ferait une heureuse im-
pression sur notre population ouvrière.

Cette idée d’une galerie historique n’est
pas, je dois l’avouer, tout à fait neuve.
De Caisne et Meganck l’ont eue : ils l’ont réa-
lisée, mais en partie : ils ont groupé toutes
nos grandes ligures historiques ; ils ont re-
présenté les Belges illustres au temple de la
gloire ou recevant de la nation la couronne
d’immortalité. En attendant mieux,pourquoi
ces deux ouvrages qui ont été lithographiés
ou gravés ne seraient-ils pas répandus dans
tous nos hôtels de ville, dans nos maisons
communales et jusque dans nos écoles de
tous les degrés? Tout en rendant hommage
au talent de ces deux artistes, je trouve que
leurs tableaux ont l’inconvénient de trop
renfermer : il est difficile d’arrêter son at-
tention sur tel ou tel personnage. Mais ces
deux œuvres formeraient un magnifique
frontispice à notre galerie nationale.

A part les habituésdes cérémonies officiel-
les, combien peu de Belges ont vu la magni-
fique toile de De Caisne ! Combien peu sont
admis à voir les splendides peintures de
Slingeneyer au Palais-Ducal ! Voilà cepen-
dant des œuvres dignes d’être propagées,
d’être connues de tout Belge ardent et sincère
patriote.

Lorsque ces collections seront installées
ou seulement commencées, ne pourrait-on
pas organiser des conférences soit histori-
ques, soit industrielles, soit économiques ?
— On donnerait ce jour-là, la place d’hon-
neur au héros du jour, on exhiberait le por-
trait des célébrités le plus en rapport avec
le sujet de l’entretien. Celui-ci serait rendu
instructif, les notions se graveraient dans
l’esprit des auditeurs avec les traits du per-
sonnage. Quels utiles et féconds enseigne-
ments en résulteraient pour le public !

E. J. Dardenne.

(Correspondance.)

Anvers.

Mon cher Directeur,

A la dernière exhibition de notre Cercle
Artistique et Littéraire, il y avait plusieurs
toiles dont je prendrai la liberté de dire
quelques mots à vos nombreux lecteurs.

C’était d’abord un petit cadre très gentil
de David Col, intitulé Les profonds Politiques.
Le sujet, pour être des plus usés, n’en a
pas moins été traité par l’artiste d’une
façon très spirituelle. Ses profonds politi-
ques à lui, sont deux bons bourgeois du
dernier siècle plongés dans une causerie
mystérieuse, tellement intéressante, qu’ils
n’ont ni yeux, ni oreilles pour ce qui les
entoure. Comme caractère, comme expres-
sion et comme couleur, cette œuvre peu
considérable mérite d’être placée à côté de
ce que Col a produit de meilleur. Pas l’om-
bre d’une charge. Cela se rapproche des
choses de Madou les plus bernent pensées
et exécutées.

Quelle superbe toile que les Souvenirs du
Moyland de Van Luppen. Barement nous
avons vu un effet de soleil plus puissant.
C’est énergique comme un Troyon et d’une
richesse de détails comme un Koekkoekdes
meilleurs temps. Avec tout cela d’une sim-
plicité adorable : de l’eau, des arbres, un
peu de brouillard et un rayon de soleil. Il
est vrai que ces arbres vivent, que cette eau
et ce brouillard vous font rêver profondé-
ment et que ce rayon de soleil vous réchauffe
et vous éblouit. On a de la peine à s’en ar-
racher. Que nous disait-on donc, que Van
Luppen abusait un peu de sa veine, qu’il
travaillait trop vite, produisait avec trop
d’exubérance ? Je vous assure qu’il n’y pa-
raît pas le moins du monde. L’artiste ne
s’est jamais montré plus consciencieux ni
plus fort. Ses Souvenirs du Moyland sont
tout bonnement un chef-d’œuvre.

Je vous avouerai, mon cher Directeur,
que je ne suis pas ce qui s’appelle fou de ce
que l’on est convenu d’appeler de la pein-
 
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