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moins de puissance, moins de grandiose, moins de pureté, si ce mot peut s'appliquer à ces monuments,
mais aussi plus de mouvement, de variété, de grâce et de charme.
Nous copions les inscriptions gravées sur les supports des statues; celles-ci doivent avoir été enlevées,
car on n'en trouve pas trace parmi les débris. Un Arabe nous montre un bas-relief représentant une
femme drapée. C'est un ouvrage grossier qui ne laisserait aucun regret sur ce qui s'est perdu, si Je
reste de la statuaire d'Aatil devait être du même style.
C A NOUAT (Planche LIV, iï/4 et n5).
Vue générale du petit temple.—Détails du petit temple.
D'Aatil à Suèda on compte une heure et demie de marche dans la direction du sud-est, et d'Aatil à
Ganouat une distance moindre, mais vers l'est. Nous prenons cette dernière route en nous élevant insensi-
blement sur les collines où cette ville est située, et nous dirigeant au milieu d'une forêt de chênes nains
vers les colonnes d'un temple qui nous sert comme de phare conducteur. Cet édifice était autrefois hors
de la ville antique de Kanatha; il est aujourd'hui à un quart de lieue du village de Canouat. Son emplace-
ment au haut d'un mamelon boisé, près d'un ruisseau limpide, dominant cette jolie contrée, est très-pitto-
resque. Il était orienté à l'est et entouré d'une rangée de colonnes de style corinthien, assises sur de hauts
piédestaux carrés. On comptait six colonnes sur les petits cotés et neuf sur les grands. 11 en reste debout
deux sur la façade, deux à l'opposé sur le posticum et deux sur le coté gauche. Devant la porte de la
cella, il y avait un second rang de colonnes qui formait le portique; plus petites que les autres, elles
étaient élevées sur des piédestaux octogones qui ne sont pas de proportion avec leur grosseur, ou qui au
moins paraissent trop minces. Il n'y a plus en place qu'une seule de ces colonnes. Les bases et les
piédestaux des unes et des autres sont chargés et surchargés d'ornements plus riches que de bon goût.
Un bel escalier conduisait à la plate-forme entièrement construite et voûtée sur laquelle s'élevait ce
temple. La cella avait 32 pieds 8 pouces de large; sa longueur, y compris l'espace occupé par les colon-
nes du portique, était de 56 pieds, et de la porte à ces colonnes, dont les bases avaient 3 pieds il y a
6 pieds. La même distance sépare les colonnes de la première à la seconde rangée sur la façade du tem-
ple ; mais autour de la cella il n'y avait que 5 pieds entre son mur et les bases des colonnes, dont la lar-
geur était de 4 pieds 3 pouces et la distance entre elles de 4 pieds. Les colonnes avaient i pieds io pou-
ces de diamètre, la hauteur du piédestal 3 pieds 7 pouces. Notre compagnon, M. Hall, a copié une
inscription sur un des piédestaux de la façade orientale; j'en découvris quatre autres sur les bases des
colonnes de la façade occidentale; mais celles-ci sont envahies par la mousse et semblent même avoir
été martelées; il est impossible de les lire.
En quittant cet édifice, qui aurait été plus beau si les anciens avaient disposé de meilleurs matériaux,
nous montons vers le village en passant près d'une église ruinée, de la forme des anciennes basiliques. Il
y a en face du chemin, sur une porte, une belle inscription qui relate les noms de Trajan et d'Adrien.
On continue à monter sur le bord de la berge gauche du ruisseau, qui coule au fond d'une vallée
étroite et profonde, nommée Ouadi-el-Morohel. On suit une voie antique bien conservée et disposée de
la même manière que celle de Choba. On y jouit d'une vue très-pittoresque. Nos yeux se portent en
face sur deux moulins, placés l'un au-dessus de l'autre, et dont l'eau, qui sert à les mouvoir, forme deux
cascades au milieu des rochers. De l'autre côté du ruisseau, presque à son niveau et au bas de la colline,
est assis un des plus petits théâtres que j'aie vus; il a douze gradins seulement.Une inscription s'y remar-
que; une source s'échappe du centre même du théâtre et va se jeter, à une cinquantaine de pas plus au
sud, dans un petit bâtiment carré, aujourd'hui ruiné et qui a dû servir à une piscine ou à des bains.
Ensuite elle s'écoule dans le fond du ravin. Au-dessus, sur la pente, s'élèvent les ruines d'un tombeau en
forme de pyramide. Je regrette de n'avoir pu dessiner ce monument, qui se rattache au genre de cons-
truction dont la disposition générale appartient à la tradition artiste du pays. Ce ruisseau, coulant avec
fracas sur les rochers et serpentant entre ces deux pentes resserrées et couvertes d'arbustes, ajoute un
grand charme à ce joli paysage.
moins de puissance, moins de grandiose, moins de pureté, si ce mot peut s'appliquer à ces monuments,
mais aussi plus de mouvement, de variété, de grâce et de charme.
Nous copions les inscriptions gravées sur les supports des statues; celles-ci doivent avoir été enlevées,
car on n'en trouve pas trace parmi les débris. Un Arabe nous montre un bas-relief représentant une
femme drapée. C'est un ouvrage grossier qui ne laisserait aucun regret sur ce qui s'est perdu, si Je
reste de la statuaire d'Aatil devait être du même style.
C A NOUAT (Planche LIV, iï/4 et n5).
Vue générale du petit temple.—Détails du petit temple.
D'Aatil à Suèda on compte une heure et demie de marche dans la direction du sud-est, et d'Aatil à
Ganouat une distance moindre, mais vers l'est. Nous prenons cette dernière route en nous élevant insensi-
blement sur les collines où cette ville est située, et nous dirigeant au milieu d'une forêt de chênes nains
vers les colonnes d'un temple qui nous sert comme de phare conducteur. Cet édifice était autrefois hors
de la ville antique de Kanatha; il est aujourd'hui à un quart de lieue du village de Canouat. Son emplace-
ment au haut d'un mamelon boisé, près d'un ruisseau limpide, dominant cette jolie contrée, est très-pitto-
resque. Il était orienté à l'est et entouré d'une rangée de colonnes de style corinthien, assises sur de hauts
piédestaux carrés. On comptait six colonnes sur les petits cotés et neuf sur les grands. 11 en reste debout
deux sur la façade, deux à l'opposé sur le posticum et deux sur le coté gauche. Devant la porte de la
cella, il y avait un second rang de colonnes qui formait le portique; plus petites que les autres, elles
étaient élevées sur des piédestaux octogones qui ne sont pas de proportion avec leur grosseur, ou qui au
moins paraissent trop minces. Il n'y a plus en place qu'une seule de ces colonnes. Les bases et les
piédestaux des unes et des autres sont chargés et surchargés d'ornements plus riches que de bon goût.
Un bel escalier conduisait à la plate-forme entièrement construite et voûtée sur laquelle s'élevait ce
temple. La cella avait 32 pieds 8 pouces de large; sa longueur, y compris l'espace occupé par les colon-
nes du portique, était de 56 pieds, et de la porte à ces colonnes, dont les bases avaient 3 pieds il y a
6 pieds. La même distance sépare les colonnes de la première à la seconde rangée sur la façade du tem-
ple ; mais autour de la cella il n'y avait que 5 pieds entre son mur et les bases des colonnes, dont la lar-
geur était de 4 pieds 3 pouces et la distance entre elles de 4 pieds. Les colonnes avaient i pieds io pou-
ces de diamètre, la hauteur du piédestal 3 pieds 7 pouces. Notre compagnon, M. Hall, a copié une
inscription sur un des piédestaux de la façade orientale; j'en découvris quatre autres sur les bases des
colonnes de la façade occidentale; mais celles-ci sont envahies par la mousse et semblent même avoir
été martelées; il est impossible de les lire.
En quittant cet édifice, qui aurait été plus beau si les anciens avaient disposé de meilleurs matériaux,
nous montons vers le village en passant près d'une église ruinée, de la forme des anciennes basiliques. Il
y a en face du chemin, sur une porte, une belle inscription qui relate les noms de Trajan et d'Adrien.
On continue à monter sur le bord de la berge gauche du ruisseau, qui coule au fond d'une vallée
étroite et profonde, nommée Ouadi-el-Morohel. On suit une voie antique bien conservée et disposée de
la même manière que celle de Choba. On y jouit d'une vue très-pittoresque. Nos yeux se portent en
face sur deux moulins, placés l'un au-dessus de l'autre, et dont l'eau, qui sert à les mouvoir, forme deux
cascades au milieu des rochers. De l'autre côté du ruisseau, presque à son niveau et au bas de la colline,
est assis un des plus petits théâtres que j'aie vus; il a douze gradins seulement.Une inscription s'y remar-
que; une source s'échappe du centre même du théâtre et va se jeter, à une cinquantaine de pas plus au
sud, dans un petit bâtiment carré, aujourd'hui ruiné et qui a dû servir à une piscine ou à des bains.
Ensuite elle s'écoule dans le fond du ravin. Au-dessus, sur la pente, s'élèvent les ruines d'un tombeau en
forme de pyramide. Je regrette de n'avoir pu dessiner ce monument, qui se rattache au genre de cons-
truction dont la disposition générale appartient à la tradition artiste du pays. Ce ruisseau, coulant avec
fracas sur les rochers et serpentant entre ces deux pentes resserrées et couvertes d'arbustes, ajoute un
grand charme à ce joli paysage.