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CANOUAT (Planche LV, m 6).
Vue prise au milieu des ruines.
En s'élevant sur le plateau qui domine le village, on arrive, à travers un fourré de buissons arrosé de
petits filets d'eau, à une masse considérable de ruines. C'est d'abord un portique de six colonnes corin-
thiennes, dont quatre sont restées debout, et dont les deux autres n'ont conservé que leurs bases. On
entre, par une grande porte encombrée de pierres, dans une cour carrée de 64 pieds, dans laquelle
règne une colonnade formée de sept colonnes de chaque côté. Toutes celles de droite sont encore en
place, mais il ne s'en est conservé que deux à gauche; elles sont surmontées de chapiteaux doriques
sans moulures, d'un assez pauvre style.
A droite de cette cour se trouve un édifice de 58 pieds de long, dont la disposition répond au plan de
la primitive église. S'il n'a pas été construit pour servir au culte chrétien, il a reçu cette destination à
l'origine du christianisme. Le rond-point était contre le mur de séparation avec la cour, et, dans la même
direction que le premier portique, mais un peu en saillie, une rangée de sept colonnes corinthiennes
suivait parallèlement au mur de l'église. Entre cette colonnade et le portique, il y a une grande arcade,
de manière que ces deux colonnades se correspondaient. On a ajouté, à coté du bâtiment principal, deux
petites salles carrées et une ronde, avec deux autres petites rotondes des deux cotés du rond-point.
Au fond de la cour carrée, une belle porte très-ornée donne entrée dans un autre édifice plus
grand que celui-ci, mais tout à fait ruiné. Il avait trois nefs formées par deux rangées de colonnes. Les
voûtes s'appuyaient sur ces colonnes et sur six pilastres flanqués de colonnes engagées. Les nefs cor-
respondaient au fond à trois salles. Pour la seconde fois, nous pourrions nous croire dans une église.
CANOUAT (Planche LV, 117).
Kue du grand temple.
En passant à travers les ruines de cet édifice dans la direction du sud-ouest, on entre, derrière et
un peu à droite, dans une vaste cour, longue et étroite, dont on retrouve le pavage antique assis sui-
des salles voûtées qui montrent encore leurs arcades. Cette cour précède un bâtiment dont la largeur
est de 34 pieds. C'est le grand temple et le principal édifice de l'antique Canatha. Son portique était
formé de quatre colonnes corinthiennes du diamètre de 3 pieds 10 pouces. Leurs bases, comme celles
des colonnes du premier temple de Canouat que j'ai décrit, sont chargées d'ornemenls. Les deux colonnes
du milieu étaient à 12 pieds 8 pouces l'une de l'autre, et l'entre-colonnement des autres de 7 pieds
10 pouces. Derrière ces premières colonnes, il y en a encore deux autres de chaque côté de la porte,
qui tient toute la hauteur du temple, et, pour correspondre aux deux colonnes extrêmes du portique,
ce sont deux petits pavillons carrés qui avancent et laissent l'entrée du temple en arrière de plusieurs
pas. Un grand parvis, dont l'ancien pavage est bien conservé, entoure ce monument.
CANOUAT (Planche LIV, 118).
Détails du grand temple.
Tout cet édifice est très-simple, et d'un assez bon goût d'architecture. L'intérieur est encombré de
débris. Il est probable que, dans des temps postérieurs à sa construction, il a servi de forteresse; car,
dans les pavillons dont j'ai parlé, on voit encore des meurtrières percées dans toutes les directions.
Le reste du plateau, sur lequel sont répandues ces belles ruines, est couvert d'une foule d'édifices
immenses, mais tellement dégradés qu'on n'en peut reconnaître la forme primitive. D'ailleurs le peu de
temps qui m'a été donné pour dessiner et mesurer ces ruines eût été insuffisant pour les inspecter
seulement et chercher, sans même y parvenir, à s'en rendre compte. Je n'ai jamais vu des constructions
aussi dispersées, aussi compliquées et enchevêtrées dans leur immense étendue. Les chênes verts et les
broussailles, de complicité avec le temps, ont pris à tâche de rendre incompréhensibles les dispositions
primitives. On sort de là étourdi, impatienté, découragé. Il faudrait s'établir six mois à Canouat, avec
31
C
CANOUAT (Planche LV, m 6).
Vue prise au milieu des ruines.
En s'élevant sur le plateau qui domine le village, on arrive, à travers un fourré de buissons arrosé de
petits filets d'eau, à une masse considérable de ruines. C'est d'abord un portique de six colonnes corin-
thiennes, dont quatre sont restées debout, et dont les deux autres n'ont conservé que leurs bases. On
entre, par une grande porte encombrée de pierres, dans une cour carrée de 64 pieds, dans laquelle
règne une colonnade formée de sept colonnes de chaque côté. Toutes celles de droite sont encore en
place, mais il ne s'en est conservé que deux à gauche; elles sont surmontées de chapiteaux doriques
sans moulures, d'un assez pauvre style.
A droite de cette cour se trouve un édifice de 58 pieds de long, dont la disposition répond au plan de
la primitive église. S'il n'a pas été construit pour servir au culte chrétien, il a reçu cette destination à
l'origine du christianisme. Le rond-point était contre le mur de séparation avec la cour, et, dans la même
direction que le premier portique, mais un peu en saillie, une rangée de sept colonnes corinthiennes
suivait parallèlement au mur de l'église. Entre cette colonnade et le portique, il y a une grande arcade,
de manière que ces deux colonnades se correspondaient. On a ajouté, à coté du bâtiment principal, deux
petites salles carrées et une ronde, avec deux autres petites rotondes des deux cotés du rond-point.
Au fond de la cour carrée, une belle porte très-ornée donne entrée dans un autre édifice plus
grand que celui-ci, mais tout à fait ruiné. Il avait trois nefs formées par deux rangées de colonnes. Les
voûtes s'appuyaient sur ces colonnes et sur six pilastres flanqués de colonnes engagées. Les nefs cor-
respondaient au fond à trois salles. Pour la seconde fois, nous pourrions nous croire dans une église.
CANOUAT (Planche LV, 117).
Kue du grand temple.
En passant à travers les ruines de cet édifice dans la direction du sud-ouest, on entre, derrière et
un peu à droite, dans une vaste cour, longue et étroite, dont on retrouve le pavage antique assis sui-
des salles voûtées qui montrent encore leurs arcades. Cette cour précède un bâtiment dont la largeur
est de 34 pieds. C'est le grand temple et le principal édifice de l'antique Canatha. Son portique était
formé de quatre colonnes corinthiennes du diamètre de 3 pieds 10 pouces. Leurs bases, comme celles
des colonnes du premier temple de Canouat que j'ai décrit, sont chargées d'ornemenls. Les deux colonnes
du milieu étaient à 12 pieds 8 pouces l'une de l'autre, et l'entre-colonnement des autres de 7 pieds
10 pouces. Derrière ces premières colonnes, il y en a encore deux autres de chaque côté de la porte,
qui tient toute la hauteur du temple, et, pour correspondre aux deux colonnes extrêmes du portique,
ce sont deux petits pavillons carrés qui avancent et laissent l'entrée du temple en arrière de plusieurs
pas. Un grand parvis, dont l'ancien pavage est bien conservé, entoure ce monument.
CANOUAT (Planche LIV, 118).
Détails du grand temple.
Tout cet édifice est très-simple, et d'un assez bon goût d'architecture. L'intérieur est encombré de
débris. Il est probable que, dans des temps postérieurs à sa construction, il a servi de forteresse; car,
dans les pavillons dont j'ai parlé, on voit encore des meurtrières percées dans toutes les directions.
Le reste du plateau, sur lequel sont répandues ces belles ruines, est couvert d'une foule d'édifices
immenses, mais tellement dégradés qu'on n'en peut reconnaître la forme primitive. D'ailleurs le peu de
temps qui m'a été donné pour dessiner et mesurer ces ruines eût été insuffisant pour les inspecter
seulement et chercher, sans même y parvenir, à s'en rendre compte. Je n'ai jamais vu des constructions
aussi dispersées, aussi compliquées et enchevêtrées dans leur immense étendue. Les chênes verts et les
broussailles, de complicité avec le temps, ont pris à tâche de rendre incompréhensibles les dispositions
primitives. On sort de là étourdi, impatienté, découragé. Il faudrait s'établir six mois à Canouat, avec
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