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Linant de Bellefonds, Louis Maurice Adolphe
Mémoires sur les principaux travaux d'utilité publique, exécutés en Egypte depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos jours (Texte) — Paris, 1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.12009#0631
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— 615 —

calme ou bien lorsqu'il faisait un grand vent était abominable :
une poussière puante, sale, dégoûtante vous aveuglait et vous
asphyxiait ; non-seulement on courait le danger presque certain
de gagner une ophthalmie ou une insolation, mais il y en avait
d'autres encore.

Toute cette suite de collines de décombres empêchant la cir-
culation de l'air était habitée par des filles publiques qui éri-
geaient le temple de leurs plaisirs dans un trou creusé parmi ces
décombres et à demi-caché par quelques nattes, ce qui ressem-
blait plutôt au terrier ou au repaire de quelque bête sauvage
qu'à toute autre chose. Les hommes associés à ces sirènes vous
dépouillaient quelquefois sur la route, aux éclats de rire de ces
créatures. Elles étaient généralement sous la protection de quel-
ques soldats albanais ou autres habitués de l'endroit.

Plusieurs Sultans et Kalifes du Caire rendirent des édits inti-
mant aux habitants du Caire de jeter désormais les décombres
provenant des démolitions dans le fleuve; mais comme les villes
et villages qui se trouvaient en aval du Caire se plaignirent que
ces décombres gâtaient les eaux, il fut ordonné de les transporter
jusqu'à la mer sur des barques par la Branche de Damiette ou
par celle de Rosette.

Le Sultan Sélim, ayant fait la conquête de l'Égypte, renouvela
ces ordonnances de ses prédécesseurs, reconnaissant comme
eux combien ces immenses dépôts autour des villes étaient nui-
sibles à la salubrité; mais on sent bien qu'une mesure aussi
onéreuse pour les propriétaires qui désiraient ou qui étaient
dans la nécessité de reconstruire leurs maisons, ne put être mise
longtemps à exécution, et les monticules de décombres conti-
nuèrent à s'élever; ceux du Vieux-Caire, surtout, sont énormes.

Il y a environ quarante-cinq années, le prince Ibraïhim-Pacha,
père du Khédive actuel, qui voulait faire exécuter des travaux
utiles pour améliorer le Caire et l'assainir, fit faire, pendant que
Méhérnet-Ali était au pouvoir, le nivellement des monticules de
décombres depuis la route d'Abou-Leïlé jusqu'à Casr-el-Eïn. Les
bas-fonds furent remblayés par les déblais des hauteurs de
décombres, et toute cette partie fut transformée en jardins,
champs cultivés- avec de belles avenues bordées d'arbres, ce qui
 
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