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XII PRÉFACE

postérité. C'est ainsi que, entre; autres, une stèle du Musée du Caire est la stèle du chien Nil),
~jf ' ^ a^)oya sous ^a dynastie, il y a plus de six mille ans.

On embaumait encore les animaux afin d'emporter avec soi de la nourriture dans l'autre
monde. Nous avons étudié spécialement cette question en passant en revue les noms des viandes
et des volailles portés sur la liste d'aliments à l'usage des défunts. Mais si, en compagnie de
momies d'oiseaux sacrés, comme le faucon et le vautour, MM. Lortet et Gaillard ont reconnu
des petits oiseaux, — hirondelles, coucous, rolliers, — des insectivores et des rongeurs, c'est que
ces petits animaux devaient, au pays des morts, servir de nourriture aux grandes espèces. De
même, dans une tombe de rapaces sacrés, Passalacqua a trouvé des hirondelles1, des musa-
raignes, des grenouilles, de petits reptiles, des insectes, qui n'avaient là d'autre rôle à jouer que
d'être des aliments.

Une fois écartés les animaux familiers et les animaux nutritifs, il n'en reste pas moins un
certain nombre d'espèces pour lesquelles on ne trouve de raison d'être momifiées que dans ce
fait qu'elles étaient considérées comme sacrées. Pourquoi les Égyptiens les considéraient-ils
comme sacrées ?

La métempsycose, il faut l'avouer sans détour, doit être résolument mise en dehors de la
question. Jamais les Egyptiens n'ont cru à la métempsycose, au sens où nous l'entendons, et
jamais on n'a trouvé trace de ce dogme dans les textes ni dans les représentations. La métempsy-
cose égyptienne est une invention des Grecs, qui ont mal compris ce qu'on leur disait ou ce
qu'on leur montrait, ou qui ont enregistré avec trop de confiance des récits fantaisistes que,
pour les étonner, leur débitaient des guides ignorants. Il y a longtemps que les égyptologucs
ont rayé la métempsycose du nombre des doctrines religieuses égyptiennes et qu'ils n'en font
mention que1 pour se demander comment on a pu attribuer une telle croyance aux Égyptiens,
et pour rechercher les causes d'une si étrange méprise.

En fait, si les Égyptiens de l'époque classique ont adoré certaines espèces animales, c'est
qu'ils considéraient ces espèces comme étant l'incarnation de certains dieux. C'était la divi-
nité qu'ils adoraient dans la bête, c'était le contenu et non le contenant, — Horus dans le fau-
con, Anubis dans le chien, Thot dans l'ibis, — et c'est parce qu'elles avaient incarné des dieux
durant leur vie qu'on momifiait ces bêtes après leur mort. Mais il n'y avait pas là plus de
manifestation réelle de zoolàtrie qu'il n'y en avait dans les sentiments que témoignaient les
premiers chrétiens à l'égard du poisson ou les chrétiens plus récents vis-à-vis de la colombe.

Mais, demandera-t-on enfin, pourquoi les Egyptiens incarnaient-ils certains de leurs dieux
dans des animaux? — C'est, on doit le reconnaître franchement, parce que, dans les temps les
plus lointains de l'histoire égyptienne, ces animaux étaient, sinon des dieux, du moins quel-
que chose d'approchant.

1 On a, plus récemment, dans une série analogue, retrouvé le Cotyle obsoleta (Trans. soc. bibl. archxol.,
t. IX, p. 352).
 
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