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VIII

INTRODUCTION

L'affirmation formelle d'Hérodote ne peut laisser aucun doute à l'égard de la croyance
générale des Égyptiens à la métempsycose. Cet historien est trop exact pour no pas rapporter
fidèlement ce que les prêtres lui ont enseigné à Memphis ou â Thèbes.

Le corps du riche, après avoir été momifié suivant les indications du chacal Anubis,
l'inventeur des pratiqués de l'embaumement, était placé très profondément sous terre, dans une
chambre funéraire admirablement cachée, à l'abri des atteintes de l'air et des tentatives sacri-
lèges des violateurs de sépultures. L'àme du mort n'était pas tourmentée par la crainte de voir
le corps tomber en poussière sous l'influence desvagents de destruction. Elle restait dans la
tombe, tout près de la momie, que ne pouvait plus faire disparaître la putréfaction. Gomme
le dit M. Maspero : « L'àme vivait à côté d'elle comme dans une maison éternelle qu'elle possé-
dait sur les confins du monde invisible et du monde réel. »

Mais, par contre, que devenaient les âmes des pauvres hères, dont les momies grossiè-
rement protégées par des enveloppes bitumineuses étaient entassées les unes sur les autres,
avec celles des crocodiles ou des bœufs, dans des grottes ou des galeries profondes? Il est bien
probable que ces âmes, ainsi que celles des noyés, par exemple, privées de sépulture, passaient,
comme le dit Hérodote, dans un animal quelconque, et successivement, pendant un cycle de
trois mille ans, habitaient les corps de certaines espèces vivant sur la terre, dans les eaux ou
dans les airs. Cette croyance explique aussi parfaitement l'embaumement des sphères creuses
remplies de jeunes alevins du poisson Lates. Hérodote, en effet, dit : « L'àme entre dans un
être naissant. » Ces petits poissons, dont beaucoup viennent à peine de sortir de l'œuf, devaient
donc être bantés par des âmes humaines. De là cette momification tout à fait extraordinaire de
ces êtres à peine nés. Les Égyptiens ne devaient doue pas laisser disparaître par la putréfaction
les corps de ces animaux habités par les âmes de leurs parents, de leurs amis, de leurs
concitoyens.

C'est la raison, croyons-nous, pour laquelle ils embaumaient, par différents procédés,
tous les animaux qui vivaient autour d'eux, excepté ceux destinés à l'alimentation, les oies,
les canards, la plupart des poissons du Nil, par exemple, ou ceux qui leur servaient de bêtes
de somme comme les ânes, les chevaux et les chameaux.

Les découvertes futures pourront peut-être mieux nous faire comprendre les idées qui
poussaient les Egyptiens à se livrer à cette singulière pratique de l'embaumement des animaux.
Le travail que nous venons de faire n'est en quelque sorte que le début de recherches de
longue haleine qui devront se poursuivre on Haute-Egypte, à Abydos, à Lehnesa, l'antique
Oxyrrhynchos, et à Thèbes surtout, où les catacombes doivent renfermer des richesses
absolument inconnues et parmi lesquelles se trouveront certainement plusieurs espèces animales
momifiées que nous n'avons pas rencontré dans les nécropoles de la Lasse-Egypte, de
Sakkara, d'Abousîr et d'Esné.

Nous espérons pouvoir entreprendre prochainement de nouvelles fouilles, grâce à l'amicale
bienveillance de M. Maspero qui a bien voulu depuis deux ans seconder nos efforts, nous aider
de sa grande expérience, et aplanir, pour nous, tous les obstacles qui pouvaient entraver nos
travaux.

LORTET.
 
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