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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0032
INSTRUMENTS EN PIERRE TAILLÉE OU POLIE 21
l'Egypte, et lorsque l'usage de la pierre taillée a été abandonné, il a été brusquement remplacé
par celui du fer, importé certainement des régions centrales de l'Afrique où les populations
nègres, toujours très habiles forgeronnes, ont dû trouver l'emploi du fer depuis la plus haute
antiquité. Les premiers instruments de fer travaillés par les Egyptiens n'ont malheureusement
point été conservés dans le sol qui, partout, est extrêmement salé et qui détruit ce métal par
une oxydation des plus rapides.
Les instruments fondus en bronze industriel ont toujours été coûteux et rares ; ceux forgés
en fer ont disparu. De là, résulte l'importance considérable des silex taillés dont l'usage s'est
continué probablement très longtemps, même à l'époque pharaonique.
Les anciens Egyptiens n'ont jamais poli leurs haches en silex, comme l'ont fait souvent, à
certaines époques, les habitants du nord de l'Europe. Les haches ou les polissoirs en pierre
polie que l'on rencontre cependant quelquefois, sont tous en granit, en porphyre, en diorite,
en roches serpentineuses ou en chloromélanite, provenant très probablement des montagnes du
côté de la mer Rouge, où la plupart de ces roches dures sont extrêmement abondantes.
Les instruments, taillés dans ces substances très résistantes, sont travaillés avec'un véritable
sens artistique et une habileté hors ligne. Cette technique est surtout surprenante lorsqu'on
voit avec quelle adresse ils ont su confectionner ces admirables vases en diorite ou en granit
qui font l'ornement de toutes les collections, vases que M. de Morgan regarde comme
préhistoriques, et dans le travail desquels il croit reconnaître un art assyrien. Les peuples de
la Mésopotamie, en effet, dès les époques les plus reculées, étaient passés maîtres dans la
taille des statues, des vases, ainsi que des innombrables cylindres gravés, en pierres dures,
qu'ils nous ont laissés. C'est donc peut-être une raison de croire que ces haches, ces martaux,
ces polissoirs, taillés dans les substances les plus résistantes, mais toujours assez rares, sont
contemporains des vases pansus, à rebords plats, sortes de mortiers, sur lesquels M. de Morgan
a attiré l'attention des archéologues, à propos des trouvailles archaïques faites à Abydos.
Pendant nos longs et nombreux séjours en Egypte, nous n'avons pu nous procurer
qu'un très petit nombre de ces haches en pierres dures et polies. Nous n'en avons trouvé
que quelques-unes dans nos excursions ou nos fouilles. Dernièrement, dans les collections
mises en vente chez les marchands de Luxor, nous avons rencontré plusieurs haches en
chloromélanite terminées par un bord très mousse, épais, et qui évidemment n'étaient point
faites pour couper (fig. 15). Nous pensons que ces instruments, emmanchés suivant leur grand
axe, étaient destinés à servir de polissoirs pour travailler le cuir ou d'autres substances
devant être assouplies. L'un de nous a pu acquérir, en 1906, dans un dépôt à Thèbes, une
très belle hache en roche serpentineuse, d'un beau vert clair (fig. 16), zébrée de taches et de
lignes ondulées, d'un noir foncé. Nous n'avons pu savoir de quelle région provient cette
roche intéressante ; il est probable cependant qu'elle est originaire des montagnes de la
chaîne arabique, si riche en pierres de différente nature.
Une chose nous a frappé, on comparant ces haches en chloromélanite, provenant d'Egypte,
avec la nombreuse série de haches similaires rapportées par nous du Péloponèse, en 1873 :
c'est leur identité presque complète, au point de vue de la forme, de leur taille et de la substance
dont elles sont formées. Cette ressemblance est si frappante que nous nous sommes demandé
souvent si ces haches que l'on rencontre rarement en Egypte, comme nous l'avons déjà dit
plus haut, n'auraient point été apportées dans ce pays par les Grecs qui, depuis les époques les
l'Egypte, et lorsque l'usage de la pierre taillée a été abandonné, il a été brusquement remplacé
par celui du fer, importé certainement des régions centrales de l'Afrique où les populations
nègres, toujours très habiles forgeronnes, ont dû trouver l'emploi du fer depuis la plus haute
antiquité. Les premiers instruments de fer travaillés par les Egyptiens n'ont malheureusement
point été conservés dans le sol qui, partout, est extrêmement salé et qui détruit ce métal par
une oxydation des plus rapides.
Les instruments fondus en bronze industriel ont toujours été coûteux et rares ; ceux forgés
en fer ont disparu. De là, résulte l'importance considérable des silex taillés dont l'usage s'est
continué probablement très longtemps, même à l'époque pharaonique.
Les anciens Egyptiens n'ont jamais poli leurs haches en silex, comme l'ont fait souvent, à
certaines époques, les habitants du nord de l'Europe. Les haches ou les polissoirs en pierre
polie que l'on rencontre cependant quelquefois, sont tous en granit, en porphyre, en diorite,
en roches serpentineuses ou en chloromélanite, provenant très probablement des montagnes du
côté de la mer Rouge, où la plupart de ces roches dures sont extrêmement abondantes.
Les instruments, taillés dans ces substances très résistantes, sont travaillés avec'un véritable
sens artistique et une habileté hors ligne. Cette technique est surtout surprenante lorsqu'on
voit avec quelle adresse ils ont su confectionner ces admirables vases en diorite ou en granit
qui font l'ornement de toutes les collections, vases que M. de Morgan regarde comme
préhistoriques, et dans le travail desquels il croit reconnaître un art assyrien. Les peuples de
la Mésopotamie, en effet, dès les époques les plus reculées, étaient passés maîtres dans la
taille des statues, des vases, ainsi que des innombrables cylindres gravés, en pierres dures,
qu'ils nous ont laissés. C'est donc peut-être une raison de croire que ces haches, ces martaux,
ces polissoirs, taillés dans les substances les plus résistantes, mais toujours assez rares, sont
contemporains des vases pansus, à rebords plats, sortes de mortiers, sur lesquels M. de Morgan
a attiré l'attention des archéologues, à propos des trouvailles archaïques faites à Abydos.
Pendant nos longs et nombreux séjours en Egypte, nous n'avons pu nous procurer
qu'un très petit nombre de ces haches en pierres dures et polies. Nous n'en avons trouvé
que quelques-unes dans nos excursions ou nos fouilles. Dernièrement, dans les collections
mises en vente chez les marchands de Luxor, nous avons rencontré plusieurs haches en
chloromélanite terminées par un bord très mousse, épais, et qui évidemment n'étaient point
faites pour couper (fig. 15). Nous pensons que ces instruments, emmanchés suivant leur grand
axe, étaient destinés à servir de polissoirs pour travailler le cuir ou d'autres substances
devant être assouplies. L'un de nous a pu acquérir, en 1906, dans un dépôt à Thèbes, une
très belle hache en roche serpentineuse, d'un beau vert clair (fig. 16), zébrée de taches et de
lignes ondulées, d'un noir foncé. Nous n'avons pu savoir de quelle région provient cette
roche intéressante ; il est probable cependant qu'elle est originaire des montagnes de la
chaîne arabique, si riche en pierres de différente nature.
Une chose nous a frappé, on comparant ces haches en chloromélanite, provenant d'Egypte,
avec la nombreuse série de haches similaires rapportées par nous du Péloponèse, en 1873 :
c'est leur identité presque complète, au point de vue de la forme, de leur taille et de la substance
dont elles sont formées. Cette ressemblance est si frappante que nous nous sommes demandé
souvent si ces haches que l'on rencontre rarement en Egypte, comme nous l'avons déjà dit
plus haut, n'auraient point été apportées dans ce pays par les Grecs qui, depuis les époques les