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Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0351
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322 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE

et les anciens Egyptiens. Ainsi l'étude des Mollusques apporte un argument nouveau et un
peu inattendu en faveur de l'origine africaine de la civilisation et de la religion égyptiennes,
argument qui vient s'ajouter à ceux développés par les égyptologues et, notamment, par
E. Amelineau1.

L'examen des Mollusques terrestres et fluviatiles conduit également à d'intéressantes
conclusions. J'ai montré que la faune fluviatile égyptienne n'était pas autochtone, mais
originaire du centre africain-. Les types équatoriaux, se propageant de bassin à bassin, grâce
aux multiples connexions fluviales qui existaient aux temps quaternaires, ont ainsi gagné le
Haut-Nil d'où ils ont essaimé jusqu'au delta. La présence de ces espèces dans la faune momifiée
prouve que ces migrations étaient accomplies à l'époque pharaonique et même à l'âge de la
pierre.

Nous saisissons ainsi une sorte de parallélisme entre les migrations humaines et les
migrations animales ou végétales : tandis que se dessinait un courant humain entre les côtes
orientales d'Afrique et l'Egypte, une migration synchrone peuplait la Basse-Egypte de
Mollusques fluviatiles équatoriaux. Je me permets d'insister sur ce fait qui montre combien les
études fauniques, aiguillées dans cette direction, pourraient éclairer, d'un jour tout nouveau,
les travaux des archéologues. Déjà, en traitant de la faune française, j'avais eu l'occasion
d'appeler l'attention sur l'identité des résultats auxquels conduisaient d'une part, l'étude des
grandes migrations humaines primitives, d'autre part, la recherche de l'origine des faunes
malacologiques européennes 3.

La présence, dans les tombeaux égyptiens, de VHélix melanostoma Draparnaud, est
également très curieuse, car elle précise la date des migrations dirigées des régions méditer-
ranéennes occidentales vers l'Egypte, migrations d'ailleurs peu importantes et qui n'ont
introduit, dans la vallée du Nil, qu'un bien petit nombre d'espèces.

Plus intéressante encore est l'existence d'une variété du Limnsea stagnai/s Linné,
signalée par J. de Morgan et Flinders Pétrie 4. Cette coquille est totalement étrangère à la
l'aune égyptienne. Par contre, on la retrouve, sous des formes un peu différentes il est vrai, mais
se rattachant bien au môme type ancestral (Limnsea lagodeschina Bourguignat, Limnsea
Chantrei Locard, Limnœa homsiana Locard etc.)5, dans les lacs de la Syrie (Lacs d'Oms, de
Tibériade, etc.). Sa présence en Egypte peut être interprétée de deux manières : on peut y

1 Amelineau (E.), Du rôle des serpents dans les croyances religieuses de l'Egypte (Revue de l'Histoire des
religions, 1905 ; tir. à part, p. 1,5, 7).

2 Germain (Louis), Recherches sur la faune malacologique de l'Afrique équatoriale (Archives de Zoologie
expèr. et générale, 5e série, I, 1909, chap. VI, p. 149 et suiv.). Je rappelle que la faune terrestre égyptienne est,
au contraire, entièrement d'origine paléarctique.

3 Germain (Louis), Considérations générales sur la faune malacologique vivante du département de Maine-
et Loire (Association française avancement Sciences, 32K session, Congrès d'Angers, 1903, II, p. 773; p. 10
du tirage à part).

1 Morgan (J. dé), Recherches sur les origines de l'Egypte, I, Paris 1897, p. 145. — Pétrie ("VY.-M.
Flinders), Six Temples at Thebes, 1896; Londres, 1897, p. 31. Il est regrettable que l'auteur n'ait donné aucun
détail sur les caractères de cette variété.

"' Ces diverses formes, qui appartiennent évidemment à un même type spécifique, constituent, dans les régions
syriennes, l'espèce représentative du Limnssa stagnalis Linné, si répandu dans presque tous les cours d'eau
d'Europe. Les formes de Syrie ont été décrites et figurées par A. Locard : Malacologie des lacs de Tibériade,
d'Antioche et d'Homs (Archives du Muséum d'histoire naturelle de Lyon, III, 1883, p. 69 et suivantes,
pi. XXIII).
 
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