142 A PROPOS DE DEUX OUVRAGES DE M. PIERRET
science, ne renferment que des prières en l'honneur des
morts, où le dogme n'intervient que par fragments, à l'état
de sous-entendu perpétuel. Les allusions sont pourtant assez
claires dans bien des cas pour nous permettre d'affirmer que,
non seulement le dogme égyptien, mais la mythologie
égyptienne, étaient déjà formés complètement à cette épo-
que qui nous paraît si reculée. L'histoire d'Osiris et d'Isis,
la lutte d'Horus et de Sit, l'identification de la vie humaine
avec la course du soleil, existent au temps des rois mem-
phites, sous une forme très voisine de celle que nous font
connaître les monuments d'époque grecque. Il y a mieux.Un
tiers au moins des textes que renferme la pyramide du roi
Ounas se retrouve sur des monuments des temps postérieurs
à la XIIe, à la XVIIIe, à la XXVIe dynastie, même clans des
papyrus écrits vers'le second siècle de notre ère. Et je n'en-
tends pas seulement dire que le sens des textes est conservé
dans tous ces documents d'époques diverses : c'est la lettre
qui est identique ou peu s'en faut. Près de quatre mille
ans d'histoire n'ont pas changé une phrase à quelques-unes
des formules.
Faut-il y voir une preuve que la religion égyptienne a été
immuable depuis la Ve dynastie jusqu'à l'avènement du
christianisme? M. Pierret le croirait volontiers, lui qui
pense que « les différences d'époques et cle cultes locaux,
» dont on fait une objection contre tout essai de vue d'en-
» semble de la mythologie, n'ont pas l'importance qu'on leur
» attribue. Elles portent sur la forme et non sur le fond, et
» n'ont amené que des variantes d'expression'. » La presque
identité des textes aux diverses époques me paraît prouver
une chose seulement : c'est que le canon des écritures égyp-
tiennes était déjà pris et figé dans son moule à la fin. cle
l'Ancien Empire. Les formules de la prière et de la croyance
égyptienne étaient déjà rédigées d'une manière si nette pour
l'esprit égyptien qu'on ne songea plus à les altérer sensible-
1. Pierret, Le Panthéon Égyptien, p. 15-16.
science, ne renferment que des prières en l'honneur des
morts, où le dogme n'intervient que par fragments, à l'état
de sous-entendu perpétuel. Les allusions sont pourtant assez
claires dans bien des cas pour nous permettre d'affirmer que,
non seulement le dogme égyptien, mais la mythologie
égyptienne, étaient déjà formés complètement à cette épo-
que qui nous paraît si reculée. L'histoire d'Osiris et d'Isis,
la lutte d'Horus et de Sit, l'identification de la vie humaine
avec la course du soleil, existent au temps des rois mem-
phites, sous une forme très voisine de celle que nous font
connaître les monuments d'époque grecque. Il y a mieux.Un
tiers au moins des textes que renferme la pyramide du roi
Ounas se retrouve sur des monuments des temps postérieurs
à la XIIe, à la XVIIIe, à la XXVIe dynastie, même clans des
papyrus écrits vers'le second siècle de notre ère. Et je n'en-
tends pas seulement dire que le sens des textes est conservé
dans tous ces documents d'époques diverses : c'est la lettre
qui est identique ou peu s'en faut. Près de quatre mille
ans d'histoire n'ont pas changé une phrase à quelques-unes
des formules.
Faut-il y voir une preuve que la religion égyptienne a été
immuable depuis la Ve dynastie jusqu'à l'avènement du
christianisme? M. Pierret le croirait volontiers, lui qui
pense que « les différences d'époques et cle cultes locaux,
» dont on fait une objection contre tout essai de vue d'en-
» semble de la mythologie, n'ont pas l'importance qu'on leur
» attribue. Elles portent sur la forme et non sur le fond, et
» n'ont amené que des variantes d'expression'. » La presque
identité des textes aux diverses époques me paraît prouver
une chose seulement : c'est que le canon des écritures égyp-
tiennes était déjà pris et figé dans son moule à la fin. cle
l'Ancien Empire. Les formules de la prière et de la croyance
égyptienne étaient déjà rédigées d'une manière si nette pour
l'esprit égyptien qu'on ne songea plus à les altérer sensible-
1. Pierret, Le Panthéon Égyptien, p. 15-16.