LE RITUEL DU SACRIFICE FUNÉRAIRE
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au déchiffrement, et qui voudraient se servir de nos tra-
ductions pour connaître les idées des Égyptiens à l'égard de
l'autre monde,, peuvent les employer, sans courir le risque de
se tromper sur autre chose que sur des points de détail.
J'ai déjà rappelé à plusieurs reprises que les cérémonies
de l'enterrement avaient pour objet de préparer au mort une
maison, de la meubler, de l'approvisionner, et de le placer
lui-même dans des conditions telles qu'il ne mourût pas une
seconde fois à jamais, mais qu'il profitât de tout ce que la
piété de ses enfants ou sa propre prévoyance lui avaient
assuré pour l'entretenir en santé après sa disparition d'entre
les vivants. Bien des personnes ont été surprises de la minutie
avec laquelle j'ai suivi cette idée jusque dans ses dernières
conséquences, et se sont demandé si je ne m'étais pas avancé
trop loin. La minutie n'est point mon fait, elle est celui des
Égyptiens eux-mêmes. Cet étrange peuple, l'un des plus
subtils et des plus formalistes qui aient jamais existé, n'avait
voulu rien laisser au hasard en matière aussi importante. Il
ne se contentait pas de jeter une offrande au mort ; il
s'inquiétait aussi de savoir comment elle parviendrait à son
adresse. La momie n'était plus qu'un corps inerte, emprisonné
de bandelettes, incapable de marcher, de manger, de parler,
de voir, d'accomplir aucune des fonctions indispensables de la
vie en l'autre monde comme en celui-ci. On s'efforça de lui
rendre ce qui lui manquait, et on imagina pour cela un céré-
monial des plus compliqués, celui-là même qu'Horus avait
inventé au profit de son père Osiris. Tantôt c'était la momie
elle-même qui le subissait, tantôt c'était une des statues en
bois ou en pierre, qu'on enfermait dans le tombeau et qui
servaient de support au double. Le décrire en entier serait
fastidieux ; je me contenterai d'en exposer la partie la plus
importante, l'opération par laquelle on ouvrait la bouche et
les yeux -o>- du mort pour lui permettre de recevoir et
de manger le repas funéraire. Elle s'accomplissait dans une
des chambres de la chapelle extérieure et sur l'espace libre
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au déchiffrement, et qui voudraient se servir de nos tra-
ductions pour connaître les idées des Égyptiens à l'égard de
l'autre monde,, peuvent les employer, sans courir le risque de
se tromper sur autre chose que sur des points de détail.
J'ai déjà rappelé à plusieurs reprises que les cérémonies
de l'enterrement avaient pour objet de préparer au mort une
maison, de la meubler, de l'approvisionner, et de le placer
lui-même dans des conditions telles qu'il ne mourût pas une
seconde fois à jamais, mais qu'il profitât de tout ce que la
piété de ses enfants ou sa propre prévoyance lui avaient
assuré pour l'entretenir en santé après sa disparition d'entre
les vivants. Bien des personnes ont été surprises de la minutie
avec laquelle j'ai suivi cette idée jusque dans ses dernières
conséquences, et se sont demandé si je ne m'étais pas avancé
trop loin. La minutie n'est point mon fait, elle est celui des
Égyptiens eux-mêmes. Cet étrange peuple, l'un des plus
subtils et des plus formalistes qui aient jamais existé, n'avait
voulu rien laisser au hasard en matière aussi importante. Il
ne se contentait pas de jeter une offrande au mort ; il
s'inquiétait aussi de savoir comment elle parviendrait à son
adresse. La momie n'était plus qu'un corps inerte, emprisonné
de bandelettes, incapable de marcher, de manger, de parler,
de voir, d'accomplir aucune des fonctions indispensables de la
vie en l'autre monde comme en celui-ci. On s'efforça de lui
rendre ce qui lui manquait, et on imagina pour cela un céré-
monial des plus compliqués, celui-là même qu'Horus avait
inventé au profit de son père Osiris. Tantôt c'était la momie
elle-même qui le subissait, tantôt c'était une des statues en
bois ou en pierre, qu'on enfermait dans le tombeau et qui
servaient de support au double. Le décrire en entier serait
fastidieux ; je me contenterai d'en exposer la partie la plus
importante, l'opération par laquelle on ouvrait la bouche et
les yeux -o>- du mort pour lui permettre de recevoir et
de manger le repas funéraire. Elle s'accomplissait dans une
des chambres de la chapelle extérieure et sur l'espace libre
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