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LA MYTHOLOGIE ÉGYPTIENNE
M. Brugsch a adoptées. Et d'abord, la triade présente dans
la plupart des cas un aspect artificiel, qui prête fort à penser.
Prenons la triade de Thèbes, ou plutôt les triades que Ton
rencontre à Thèbes aux différentes époques. Le dieu Amon
est le seul dont la personnalité soit nettement marquée et ne
s'obscurcisse jamais. La déesse a un caractère impersonnel des
plus remarquables. A dire vrai, elle ne possède pas de nom: on
l'appelle la mère, 2\\ Maout, Mout, d'une façon générale,
ou, ce qui est plus curieux, Amonit, (I l\ par féminisa-
tion grammaticale du nom d'Amon. Les déesses d'origine
vraiment antique ont des noms plus individuels que ceux-
là. Si nous passons au fils, c'est pis encore. Il semble que le
plus ancien fils qu'on ait prêté à Amon soit Montou. Mais
Montou était le dieu principal de la plaine thébaine à
l'époque où Thèbes n'avait pas encore d'importance politique ;
il dominait à Taoud, à Medamout, à Hermonthis, et comp-
tait au début plus d'adorateurs qu'Amon. C'est la grandeur
de Thèbes et l'amoindrissement des villes voisines qui l'a fait
passer à ce rôle secondaire de fils d'Amon, ou plutôt de troi-
sième personnage de la triade d'Amon dans lequel il ne s'est
jamais confiné. Il fut remplacé définitivement, sous le second
Empire thébain, par Khonsou, un dieu lunaire dont le culte
se développa parallèlement à celui d'Imhotpou à Memphis,
et finit presque par supplanter le culte d'Amon.
Il semble donc bien évident qu'à Thèbes la triade n'a rien
de primitif, et n'est qu'un thème théologique assez mal
développé. A Memphis, on remarque le même phénomène.
Le culte principal du pays sur lequel la ville s'élevait paraît
avoir été, à l'époque antéhistorique, celui de la grande cité
voisine de Latopolis, soit Soldait ; Phtah n'était probable-
ment, comme Amon, que le dieu d'une bourgade sans impor-
tance. Sokhit était une déesse ciel, une parente de Nouit,
peut-être une simple forme d'Hâthor dont le culte était si
répandu dans ces cantons de l'Egypte. Phtah, au contraire,
paraît n'avoir pas eu de femme associée à lui dès l'origine,
LA MYTHOLOGIE ÉGYPTIENNE
M. Brugsch a adoptées. Et d'abord, la triade présente dans
la plupart des cas un aspect artificiel, qui prête fort à penser.
Prenons la triade de Thèbes, ou plutôt les triades que Ton
rencontre à Thèbes aux différentes époques. Le dieu Amon
est le seul dont la personnalité soit nettement marquée et ne
s'obscurcisse jamais. La déesse a un caractère impersonnel des
plus remarquables. A dire vrai, elle ne possède pas de nom: on
l'appelle la mère, 2\\ Maout, Mout, d'une façon générale,
ou, ce qui est plus curieux, Amonit, (I l\ par féminisa-
tion grammaticale du nom d'Amon. Les déesses d'origine
vraiment antique ont des noms plus individuels que ceux-
là. Si nous passons au fils, c'est pis encore. Il semble que le
plus ancien fils qu'on ait prêté à Amon soit Montou. Mais
Montou était le dieu principal de la plaine thébaine à
l'époque où Thèbes n'avait pas encore d'importance politique ;
il dominait à Taoud, à Medamout, à Hermonthis, et comp-
tait au début plus d'adorateurs qu'Amon. C'est la grandeur
de Thèbes et l'amoindrissement des villes voisines qui l'a fait
passer à ce rôle secondaire de fils d'Amon, ou plutôt de troi-
sième personnage de la triade d'Amon dans lequel il ne s'est
jamais confiné. Il fut remplacé définitivement, sous le second
Empire thébain, par Khonsou, un dieu lunaire dont le culte
se développa parallèlement à celui d'Imhotpou à Memphis,
et finit presque par supplanter le culte d'Amon.
Il semble donc bien évident qu'à Thèbes la triade n'a rien
de primitif, et n'est qu'un thème théologique assez mal
développé. A Memphis, on remarque le même phénomène.
Le culte principal du pays sur lequel la ville s'élevait paraît
avoir été, à l'époque antéhistorique, celui de la grande cité
voisine de Latopolis, soit Soldait ; Phtah n'était probable-
ment, comme Amon, que le dieu d'une bourgade sans impor-
tance. Sokhit était une déesse ciel, une parente de Nouit,
peut-être une simple forme d'Hâthor dont le culte était si
répandu dans ces cantons de l'Egypte. Phtah, au contraire,
paraît n'avoir pas eu de femme associée à lui dès l'origine,