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LA MYTHOLOGIE ÉGYPTIENNE
et postérieures à elle, qu'elles ne sont pas une création de la
foi populaire, mais une invention, la plupart du temps mala-
droite, des collèges sacerdotaux. Je n'entends point affir.mer
par là qu'il n'y eût pas de triades très anciennes et même
antérieures à l'ennéade. Il était assez naturel qu'avant de
concevoir le monde comme un ensemble de neuf dieux pro-
cédant les uns des autres et agissant de concert l'un avec
l'autre, on l'imaginât comme l'œuvre d'une famille de dieux
constituée sur le modèle de la famille humaine. Mais ces
familles divines n'étaient pas nécessairement bornées à trois
dieux ou ne comportaient pas que les relations de mari à
femme et de parents à enfants. La famille divine d'où pro-
cède Osiris se composait du père Sibou, de la mère Nouit et
d'au moins quatre enfants. La triade d'Éléphantine, dont
l'existence authentique remonte très haut dans le passé, con-
sistait en un dieu Khnoumou, et en deux déesses sœurs,
Anouqit et Satit. Ce que je considère comme artificiel et
postérieur à l'ennéade, ce n'est pas le principe même de la
triade, c'est l'application systématique de ce principe à tous
les dieux provinciaux et à tous les dieux cosmiques. Je serais
assez porté à considérer l'élaboration de ces triades artifi-
cielles comme l'œuvre d'une génération relativement mo-
derne, pour qui la mise en train de neuf dieux paraissait
lourde et inutile, et qui trouvait plus commode de la rem-
placer par l'action de trois divinités s'unissant et se créant
réciproquement afin de créer le monde. La réduction en
triades serait une simplification analogue â celle que j'ai
indiquée plus haut, lorsque j'ai expliqué le mécanisme de la
huitaine. L'école hermopolitaine aboutissait à une véritable
dyade, consistant du dieu principal et du dieu huit; l'école
inconnue à qui nous devons la mise en triades admettait,
somme toute, un personnage de plus que ne faisait l'école
hermopolitaine.
En groupant autour d'un système unique, et dont les
parties sont savamment déduites l'une de l'autre, tous les
LA MYTHOLOGIE ÉGYPTIENNE
et postérieures à elle, qu'elles ne sont pas une création de la
foi populaire, mais une invention, la plupart du temps mala-
droite, des collèges sacerdotaux. Je n'entends point affir.mer
par là qu'il n'y eût pas de triades très anciennes et même
antérieures à l'ennéade. Il était assez naturel qu'avant de
concevoir le monde comme un ensemble de neuf dieux pro-
cédant les uns des autres et agissant de concert l'un avec
l'autre, on l'imaginât comme l'œuvre d'une famille de dieux
constituée sur le modèle de la famille humaine. Mais ces
familles divines n'étaient pas nécessairement bornées à trois
dieux ou ne comportaient pas que les relations de mari à
femme et de parents à enfants. La famille divine d'où pro-
cède Osiris se composait du père Sibou, de la mère Nouit et
d'au moins quatre enfants. La triade d'Éléphantine, dont
l'existence authentique remonte très haut dans le passé, con-
sistait en un dieu Khnoumou, et en deux déesses sœurs,
Anouqit et Satit. Ce que je considère comme artificiel et
postérieur à l'ennéade, ce n'est pas le principe même de la
triade, c'est l'application systématique de ce principe à tous
les dieux provinciaux et à tous les dieux cosmiques. Je serais
assez porté à considérer l'élaboration de ces triades artifi-
cielles comme l'œuvre d'une génération relativement mo-
derne, pour qui la mise en train de neuf dieux paraissait
lourde et inutile, et qui trouvait plus commode de la rem-
placer par l'action de trois divinités s'unissant et se créant
réciproquement afin de créer le monde. La réduction en
triades serait une simplification analogue â celle que j'ai
indiquée plus haut, lorsque j'ai expliqué le mécanisme de la
huitaine. L'école hermopolitaine aboutissait à une véritable
dyade, consistant du dieu principal et du dieu huit; l'école
inconnue à qui nous devons la mise en triades admettait,
somme toute, un personnage de plus que ne faisait l'école
hermopolitaine.
En groupant autour d'un système unique, et dont les
parties sont savamment déduites l'une de l'autre, tous les