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DE QUELQUES CULTES
montre que le renom de la déesse était bien établi, et quel-
ques faits que j'ai recueillis moi-même sur les lieux me por-
tent à croire qu'elle continue son œuvre bienfaisante sous
un déguisement moderne. Au mois de février 1884, l'un des
employés du musée de Boulaq, Mohammed Effendi Khour-
shîd, qui m'accompagnait d'ordinaire dans mes voyages, fut
pris à Louxor d'un lumbago violent. Les remèdes que j'avais
à ma disposition et le traitement que j'essayai de lui faire
suivre n'ayant apporté aucun soulagement à ses souffrances,
un de mes soldats nommé Hamclàn, lui apprit que le sheikh
Abd-el-Gournah était un grand saintet guérissait beaucoup de
maladies, entre autres la goutte et les diverses sortes de
rhumatismes. Khourshid Effendi se fit conduire à l'endroit
qu'on lui indiqua, accomplit les cérémonies voulues, et
revint fort allégé de son pèlerinage. Quelques jours plus
tard, il éprouva une rechute tandis que nous étions mouillés
dans le port d'Assouân ; il découvrit aux environs de la ville
un nouveau saint, doué des mêmes vertus que le premier, et
reçut un nouveau soulagement à ses peines. Je n'ai jamais pu
obtenir de lui qu'il m'apprît l'endroit précis où le saint
d'Assouân reposait, ni le nom sous lequel on l'invoquait : il
avait promis de ne point le révéler aux infidèles. Il n'observa
point la même discrétion pour le saint de Thèbes, qui rési-
dait sur des terrains dépendants du service des fouilles et
qui lui paraissait sans doute relever de ma juridiction. II
m'indiqua le lieu consacré aux cures, me priant seulement de
m'en approcher comme par hasard, et, quand j'y pénétrerai,
de ne rien dire ou faire qui pût laisser supposer que j'en
connusse les vertus : les habitants de Gournah ne lui auraient
point pardonné ce petit sacrilège. C'est une grotte assez
vaste, creusée tout au haut cle la colline, près le tombeau
moderne du sheikh Abd-el-Gournah. Elle me paraît être
à côté du tombeau n° 19 du plan de Wilkinson, mais je n'y
suis entré qu'une fois/et les personnes qui ont visité ce coin
de la nécropole thébaine savent combien il est difficile de s'y
DE QUELQUES CULTES
montre que le renom de la déesse était bien établi, et quel-
ques faits que j'ai recueillis moi-même sur les lieux me por-
tent à croire qu'elle continue son œuvre bienfaisante sous
un déguisement moderne. Au mois de février 1884, l'un des
employés du musée de Boulaq, Mohammed Effendi Khour-
shîd, qui m'accompagnait d'ordinaire dans mes voyages, fut
pris à Louxor d'un lumbago violent. Les remèdes que j'avais
à ma disposition et le traitement que j'essayai de lui faire
suivre n'ayant apporté aucun soulagement à ses souffrances,
un de mes soldats nommé Hamclàn, lui apprit que le sheikh
Abd-el-Gournah était un grand saintet guérissait beaucoup de
maladies, entre autres la goutte et les diverses sortes de
rhumatismes. Khourshid Effendi se fit conduire à l'endroit
qu'on lui indiqua, accomplit les cérémonies voulues, et
revint fort allégé de son pèlerinage. Quelques jours plus
tard, il éprouva une rechute tandis que nous étions mouillés
dans le port d'Assouân ; il découvrit aux environs de la ville
un nouveau saint, doué des mêmes vertus que le premier, et
reçut un nouveau soulagement à ses peines. Je n'ai jamais pu
obtenir de lui qu'il m'apprît l'endroit précis où le saint
d'Assouân reposait, ni le nom sous lequel on l'invoquait : il
avait promis de ne point le révéler aux infidèles. Il n'observa
point la même discrétion pour le saint de Thèbes, qui rési-
dait sur des terrains dépendants du service des fouilles et
qui lui paraissait sans doute relever de ma juridiction. II
m'indiqua le lieu consacré aux cures, me priant seulement de
m'en approcher comme par hasard, et, quand j'y pénétrerai,
de ne rien dire ou faire qui pût laisser supposer que j'en
connusse les vertus : les habitants de Gournah ne lui auraient
point pardonné ce petit sacrilège. C'est une grotte assez
vaste, creusée tout au haut cle la colline, près le tombeau
moderne du sheikh Abd-el-Gournah. Elle me paraît être
à côté du tombeau n° 19 du plan de Wilkinson, mais je n'y
suis entré qu'une fois/et les personnes qui ont visité ce coin
de la nécropole thébaine savent combien il est difficile de s'y