INSCRIPTIONS DU PREMIER TEMPLE
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La publication, sans photo, donne qnm au lieu de qdm attendu ; est-ce une erreur de
typographie ? Le nom dywn est marqué de doute par l’éditeur, mais ce nom est connu,
en particulier par l’inscription grecque ci-dessus, n° 1.
Parmi les inscriptions de cette série dont le degré d’utilité est fort variable, quatre
textes se dégagent parce qu’ils sont datés. Le n° 18 de 44 a. C. témoigne directement de
l’existence des prêtres de Bel et donc du temple de ce dieu avant l’entrée de Palmyre dans
l’orbite de Rome. Le n° 22 donnait le nom d’une déesse 19 (la date est discutable ; 22
a. C. semble le plus probable d’après J. Teixidor, mais même 82 a. C. reste possible) ;
tandis que le n° 29 parle en 24 a. C. de la « Fille de Bel ». Enfin, le n° 24 est daté de 6
a. C. C’est ce dernier qui mérite une discussion plus détaillée (fig. 10). J’introduis deux
restitutions différentes de celles de Cantineau. Je les retrouve chez Milik, p. 220.
byrh knwn śnt 307 ’qymw
kmry’ dy hrt’ sim’ dnh
l'gylw br ’yd’n dy mn bny kmr’
dy 'bd wqrb hw wbnwhy plgwt
[mtjlt’ dh wmśl’ wbt nhry’ w
[’djrn’ lhrt’ winny wlrśp ’lhy’
« Au mois de Kanûn de l’an 307 ( = novembre 6 a. C.) les prêtres de Hertâ ont élevé cette
statue à 'Ogeilû, fils de Aid'an qui est des benê Komarê, qui a fait et offert, lui et ses fils,
la moitié de ce [porjtique et le msV et la maison des nhry* et Yadrônâ à Hertâ et à Nanai
et à Reśef, les dieux ».
Cantineau restituait le début de deux dernières lignes et [’ ?]'/«’ et traduisait :
« ... la moitié de cet autel, la fourche (pour prendre les viandes), le lieu d’égorgement
et la cassette (? sacrée ?) ... ».
On voit ce que toute cette panoplie a de bizarre. Cantineau lui-même s’étonnait du
démonstratif proche employé pour « la statue » et pour « l’autel » et se demandait si la
statue n’était pas adossée à l’autel 20. La restitution [mtjlf est toutefois certaine : il manque
deux lettres et non une seule.
Il n’y a plus de doute que l’umbraculum, terme introduit par Cantineau pour rendre
l’étymologie transparente de mtlf dans d’autres textes 21, désigne le « portique ». Cette
solution a d’ailleurs été avancée par Rosenthal, avec l’arabe mizallah — στοά à l’appui.
Cantineau, non convaincu, se prononça pour « un édifice de médiocres dimensions, de
caractère religieux, destiné à abriter un simulacre divin ou un objet sacré », comparable
aux tabernacles des Juifs 22. Le sens à donner à ce mot est maintenant assuré par de
nombreuses inscriptions du sanctuaire de Ba'alsamên ; il désigne une rangée de colonnes
avec « leur entablement, couverture et ornementation » 23, mais pas nécessairement un
édifice délimité : deux colonnes sont déjà considéré comme un portique. Du coup, la
19 Le mot ’str est rendu par J. Cantineau parfois « Iśtar » (Syria 12, 1931, p. 134, où il s’agit en réalité
de Ba'altak), parfois « déesse » (ibidem, p. 132, qualificatif de 'Aśtart); cf. J. Teixidor, Inv. XI, sub. 87,
qui choisit « déesse ». Même traduction s’impose dans AAS, 15, 1965, p. 87 suiv.
20 Syria 17, 1936, p. 269.
21 Syria 12, 1931, pp. 130-132, n” 11, Syria 17, 1936, p. 274 suiv.
22 Syria 17, 1936, pp. 275-276, cf. Th. Gaster, Palmyrene mflt’, Syria 18, 1937, pp. 230-232. L’inter-
prétation correcte est déjà présenté par Rosenthal, Sprache, p. 73 n. 5 et 111-112. La transcription du
grec stoa est peut-être d’usage plus récent.
23 Dunant, Baalshamin, n° 1-9, 40, 43.
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La publication, sans photo, donne qnm au lieu de qdm attendu ; est-ce une erreur de
typographie ? Le nom dywn est marqué de doute par l’éditeur, mais ce nom est connu,
en particulier par l’inscription grecque ci-dessus, n° 1.
Parmi les inscriptions de cette série dont le degré d’utilité est fort variable, quatre
textes se dégagent parce qu’ils sont datés. Le n° 18 de 44 a. C. témoigne directement de
l’existence des prêtres de Bel et donc du temple de ce dieu avant l’entrée de Palmyre dans
l’orbite de Rome. Le n° 22 donnait le nom d’une déesse 19 (la date est discutable ; 22
a. C. semble le plus probable d’après J. Teixidor, mais même 82 a. C. reste possible) ;
tandis que le n° 29 parle en 24 a. C. de la « Fille de Bel ». Enfin, le n° 24 est daté de 6
a. C. C’est ce dernier qui mérite une discussion plus détaillée (fig. 10). J’introduis deux
restitutions différentes de celles de Cantineau. Je les retrouve chez Milik, p. 220.
byrh knwn śnt 307 ’qymw
kmry’ dy hrt’ sim’ dnh
l'gylw br ’yd’n dy mn bny kmr’
dy 'bd wqrb hw wbnwhy plgwt
[mtjlt’ dh wmśl’ wbt nhry’ w
[’djrn’ lhrt’ winny wlrśp ’lhy’
« Au mois de Kanûn de l’an 307 ( = novembre 6 a. C.) les prêtres de Hertâ ont élevé cette
statue à 'Ogeilû, fils de Aid'an qui est des benê Komarê, qui a fait et offert, lui et ses fils,
la moitié de ce [porjtique et le msV et la maison des nhry* et Yadrônâ à Hertâ et à Nanai
et à Reśef, les dieux ».
Cantineau restituait le début de deux dernières lignes et [’ ?]'/«’ et traduisait :
« ... la moitié de cet autel, la fourche (pour prendre les viandes), le lieu d’égorgement
et la cassette (? sacrée ?) ... ».
On voit ce que toute cette panoplie a de bizarre. Cantineau lui-même s’étonnait du
démonstratif proche employé pour « la statue » et pour « l’autel » et se demandait si la
statue n’était pas adossée à l’autel 20. La restitution [mtjlf est toutefois certaine : il manque
deux lettres et non une seule.
Il n’y a plus de doute que l’umbraculum, terme introduit par Cantineau pour rendre
l’étymologie transparente de mtlf dans d’autres textes 21, désigne le « portique ». Cette
solution a d’ailleurs été avancée par Rosenthal, avec l’arabe mizallah — στοά à l’appui.
Cantineau, non convaincu, se prononça pour « un édifice de médiocres dimensions, de
caractère religieux, destiné à abriter un simulacre divin ou un objet sacré », comparable
aux tabernacles des Juifs 22. Le sens à donner à ce mot est maintenant assuré par de
nombreuses inscriptions du sanctuaire de Ba'alsamên ; il désigne une rangée de colonnes
avec « leur entablement, couverture et ornementation » 23, mais pas nécessairement un
édifice délimité : deux colonnes sont déjà considéré comme un portique. Du coup, la
19 Le mot ’str est rendu par J. Cantineau parfois « Iśtar » (Syria 12, 1931, p. 134, où il s’agit en réalité
de Ba'altak), parfois « déesse » (ibidem, p. 132, qualificatif de 'Aśtart); cf. J. Teixidor, Inv. XI, sub. 87,
qui choisit « déesse ». Même traduction s’impose dans AAS, 15, 1965, p. 87 suiv.
20 Syria 17, 1936, p. 269.
21 Syria 12, 1931, pp. 130-132, n” 11, Syria 17, 1936, p. 274 suiv.
22 Syria 17, 1936, pp. 275-276, cf. Th. Gaster, Palmyrene mflt’, Syria 18, 1937, pp. 230-232. L’inter-
prétation correcte est déjà présenté par Rosenthal, Sprache, p. 73 n. 5 et 111-112. La transcription du
grec stoa est peut-être d’usage plus récent.
23 Dunant, Baalshamin, n° 1-9, 40, 43.