INSCRIPTIONS DU PREMIER TEMPLE
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il n’est pas impossible que le portique de Hertâ, Nanai et Resef ait fait partie de l’ancien
téménos de Bel. La première déesse était-elle identique à la « Fille de Bel » ?
On a beaucoup écrit sur le culte du dieu Bôl à Palmyre, attesté jusqu’ici de façon
indirecte par les noms propres 34. Récemment, R. du Mesnil du Buisson a retrouvé la
première mention de ce dieu dans une inscription grecque de 149 p.C. ; il a voulu définir
du même coup l’emplacement de son temple entre l’Agora, le tétrapyle et le théâtre.
D’après J. Teixidor, il s’agit d’une divinité nouvelle Samabôl (°Astart ?) mais J. T. Milik
accepte la lecture Bôl, ce qui semble en effet plus probable 35. De toute façon, c’est une
résurgence tardive et isolée. Il faut certainement admettre avec H. Seyrig que l’antique
Bôl ait été rebaptisé d’après le grand dieu de Babylone 36 ; le nom nouveau aurait été
adopté au IIIe siècle a. C. avec l’apparition de Palmyre sur les chemins du commerce
international. L’origine du nom de Bôl n’est pas encore élucidée : on a pensé au substrat
présémitique ou à l’influence phénicienne 37. Pour ma part, je verrais volontiers dans ce
vocable un exemple du passage de â en o, propre à la langue (amorite ?) parlée ancienne-
ment à Palmyre 38, après élimination de la gutturale médiane, phénomène qui ne s’ex-
plique qu’en milieu mésopotamien. Bôl et Bel ne sont qu’un dieu et il est inutile de dis-
tinguer les deux cultes. Une telle distinction ne s’accorderait d’ailleurs pas avec le maintien
de l’élément -bôl dans les noms des divinités associées : Yarhibôl, 'Aglibôl, BôFastar.
Les deux acolytes de Bel, Yarhibôl-Soleil et °Aglibôl-Lune, caractérisent le culte du
nouveau temple consacré en 32 p.C. D’après H. Seyrig, la formation de la triade serait
liée à cette construction 39. BôFastar-BeFastar demeure assez mystérieux : il était peut-
être Bôl-Bel en tant qu’époux de la déesse 'Astar-'Astôr 40. Deux inscriptions trouvées
dans le téménos le mentionnent.
Un fragment archaïque, sorti des fondations du grand autel de la cour construit au
IIe siècle 41, appartenait à un autel dédié à « BôFastar le dieu ». Une plaque datée de 48/9
p.C.42 donne des renseignements plus circonstanciés :
« [— -■] l’an 360, [ce] portique [et] ses colonnes et son entablement et sa toiture ont
été faits par Awsai, fils de Kohailû et Awsai [—-] (petits) fils de Hairan, fils de Awsai,
[des] benê Mîtâ, à Bô[l]°astar [et aux démons], les dieux bons, pour leur vie ».
Cette traduction reproduit celle de Cantineau, sauf pour le sens de mtlf, « portique »,
et pour ce qu’il y avait plutôt deux que trois dédicants. Les deux Awsai étaient des cousins
germains, petits-fils de Hairan.
Ce texte, postérieur à l’érection de la cella de Bel, atteste l’existence d’un portique
à BôFastar et aux divinités dont le nom est restitué d’après le second texte inscrit au-
dessous sur la même plaque, sans doute postérieur :
34 Cf. Milik, p. 50 suiv.
35 Texte publié par Milik, p. 54, cf. R. du Mesnil du Buisson, CRAI 1966, pp. 177-179,
cf. J. Teixidor, Syria 45, 1968, p. 360. n° 26.
36 Cf. H. Seyrig, Syria 48, 1971, pp. 85-87.
37 Cf. J. S t a r c k y, Palmyre, p. 87; SDB VI c. 1093; TMP, p. 176 suiv.; H. Seyrig, Syria 37,
1960, pp. 73-74.
38 Cf. le dieu Nergôl à Hatra, J. Teixidor, Syria 41, 1964, p. 273.
39 Bel de Palmyre, Syria 48, 1971, pp. 85-114.
40 Cf. Mili k, p. 46.
41 Supra, p. 60
42 J. Cantineau, Syria 12, 1931, pp. 130-132.
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il n’est pas impossible que le portique de Hertâ, Nanai et Resef ait fait partie de l’ancien
téménos de Bel. La première déesse était-elle identique à la « Fille de Bel » ?
On a beaucoup écrit sur le culte du dieu Bôl à Palmyre, attesté jusqu’ici de façon
indirecte par les noms propres 34. Récemment, R. du Mesnil du Buisson a retrouvé la
première mention de ce dieu dans une inscription grecque de 149 p.C. ; il a voulu définir
du même coup l’emplacement de son temple entre l’Agora, le tétrapyle et le théâtre.
D’après J. Teixidor, il s’agit d’une divinité nouvelle Samabôl (°Astart ?) mais J. T. Milik
accepte la lecture Bôl, ce qui semble en effet plus probable 35. De toute façon, c’est une
résurgence tardive et isolée. Il faut certainement admettre avec H. Seyrig que l’antique
Bôl ait été rebaptisé d’après le grand dieu de Babylone 36 ; le nom nouveau aurait été
adopté au IIIe siècle a. C. avec l’apparition de Palmyre sur les chemins du commerce
international. L’origine du nom de Bôl n’est pas encore élucidée : on a pensé au substrat
présémitique ou à l’influence phénicienne 37. Pour ma part, je verrais volontiers dans ce
vocable un exemple du passage de â en o, propre à la langue (amorite ?) parlée ancienne-
ment à Palmyre 38, après élimination de la gutturale médiane, phénomène qui ne s’ex-
plique qu’en milieu mésopotamien. Bôl et Bel ne sont qu’un dieu et il est inutile de dis-
tinguer les deux cultes. Une telle distinction ne s’accorderait d’ailleurs pas avec le maintien
de l’élément -bôl dans les noms des divinités associées : Yarhibôl, 'Aglibôl, BôFastar.
Les deux acolytes de Bel, Yarhibôl-Soleil et °Aglibôl-Lune, caractérisent le culte du
nouveau temple consacré en 32 p.C. D’après H. Seyrig, la formation de la triade serait
liée à cette construction 39. BôFastar-BeFastar demeure assez mystérieux : il était peut-
être Bôl-Bel en tant qu’époux de la déesse 'Astar-'Astôr 40. Deux inscriptions trouvées
dans le téménos le mentionnent.
Un fragment archaïque, sorti des fondations du grand autel de la cour construit au
IIe siècle 41, appartenait à un autel dédié à « BôFastar le dieu ». Une plaque datée de 48/9
p.C.42 donne des renseignements plus circonstanciés :
« [— -■] l’an 360, [ce] portique [et] ses colonnes et son entablement et sa toiture ont
été faits par Awsai, fils de Kohailû et Awsai [—-] (petits) fils de Hairan, fils de Awsai,
[des] benê Mîtâ, à Bô[l]°astar [et aux démons], les dieux bons, pour leur vie ».
Cette traduction reproduit celle de Cantineau, sauf pour le sens de mtlf, « portique »,
et pour ce qu’il y avait plutôt deux que trois dédicants. Les deux Awsai étaient des cousins
germains, petits-fils de Hairan.
Ce texte, postérieur à l’érection de la cella de Bel, atteste l’existence d’un portique
à BôFastar et aux divinités dont le nom est restitué d’après le second texte inscrit au-
dessous sur la même plaque, sans doute postérieur :
34 Cf. Milik, p. 50 suiv.
35 Texte publié par Milik, p. 54, cf. R. du Mesnil du Buisson, CRAI 1966, pp. 177-179,
cf. J. Teixidor, Syria 45, 1968, p. 360. n° 26.
36 Cf. H. Seyrig, Syria 48, 1971, pp. 85-87.
37 Cf. J. S t a r c k y, Palmyre, p. 87; SDB VI c. 1093; TMP, p. 176 suiv.; H. Seyrig, Syria 37,
1960, pp. 73-74.
38 Cf. le dieu Nergôl à Hatra, J. Teixidor, Syria 41, 1964, p. 273.
39 Bel de Palmyre, Syria 48, 1971, pp. 85-114.
40 Cf. Mili k, p. 46.
41 Supra, p. 60
42 J. Cantineau, Syria 12, 1931, pp. 130-132.