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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0007
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traditions académiques, dos habitudes d'école, des routines d'atelier, dont on n'aurait pu se déta-
cher sans un certain effort, et comme on ne sentait pas vivement la nécessité de cet effort on ne
le faisait pas ; comme le public des amateurs et des savants ne réclamait pas contre cette espèce
de trahison, le graveur ne se contraignait pas, et se laissait aller à transformer encore des croquis
souvent eux-mêmes déjà faits sans grand souci de la véi'ité. Ajoutez, enfin, comme circonstance
atténuante au compte des voyageurs, que, jusqu'à ces dernières aimées, on n'était pas très à son
aise pour dessiner en Turquie. Il fallait souvent se cacher pour jeter en hâte quelques traits sur le
papier, de peur d'exciter des soupçons et d'éveiller des colères ; parfois même, on était obligé
pour garder quelque souvenir d'un monument, de le crayonner de mémoire, aussitôt rentré dans
sa chambre ou sous sa tente. Nous avions, certes, plus beau jeu, nous autres, qui interrompions
quelquefois, pendant une demi-heure ou trois quarts d'heure, la circulation dans la principale rue
d'une ville musulmane, pour que personne ne risquât de déranger nos opérations photographiques ;
passants, arabas, cavaliers et caravanes attendaient et s'entassaient derrière nous; quand nous
avions terminé et enlevé tous nos instruments, la foule s'écoulait, les chariots et les mulets se
dégageaient comme ils pouvaient ; on murmurait bien un peu, mais tout bas, contre ces ghiaours,
qui auraient mieux fait de rester chez eux que de venir ainsi déranger et tracasser tout le monde;
mais nous n'avons jamais entendu une parole malsonnante, ce qui nous est arrivé deux ou trois
fois à peine, sans ôter à celui qui l'avait prononcée l'envie de recommencer.

Sans être injuste pour ceux qui ont eu le mérite de nous faire connaître les premiers, souvent
au péril de leur vie, tant de curieux monuments, on aurait donc à reprendre à nouveau presque
tous leurs travaux, à tout revoir, à refaire bien des choses tout à loisir, avec cette attention
soutenue que rien n'interdit plus au voyageur et à l'artiste qui visitent l'Orient, avec ce subtil
sentiment des nuances et cette passion de fidélité que l'esprit critique du siècle apporte mainte-
nant en de pareilles recherches, et qu'il exige désormais de ceux qui s'y vouent. Limités par le
temps, pressés d'atteindre le but qui nous était marqué, la Galatie et le temple d'Ancyrc, nous
ne pouvions songer à recommencer, même pour deux ou trois provinces, tout le travail de nos
prédécesseurs ; tard venus, ouvriers de la dernière heure, nous devions nous borner à suivre les
autres à la trace, et à glaner derrière eux. Sans parler de ce beau temple de Rome et d'Auguste,
que nous avions mission de soumettre tout entier à un nouvel examen, nous espérions trouver
peut-être encore, dans le centre de l'Asie Mineure, de vastes lacunes à remplir, d'importants
monuments que nous serions les premiers à décrire ; mais dans les parties les mieux ou les moins
mal connues, en Bithynie, en Mysie, en Phrygie, il fallait nous contenter de réparer çà et là une
omission, de relever une erreur, tâche ingrate, rôle fâcheux, auquel on peut gagner de se voir
attribuer des sentiments que l'on est bien loin d'entretenir. Enfin, en plus d'un endroit, depuis
le passage des derniers voyageurs, l'état des lieux avait pu changer; des démolitions ou un hasard
quelconque, le soc de charrue ou la pioche du paysan se heurtant à quelque gros bloc enfoui dans
le sol, avaient pu mettre au jour quelque nouveau débris, ou bien encore l'adoucissement des
mœurs et les circonstances politiques sensiblement changées permettraient d'étudier de plus près
quelque monument qu'il avait fallu jusque-là se contenter d'entrevoir à distance. C'était là une
chance qui pouvait s'offrir à nous, dans les sites mêmes que l'on avait, quelques années aupara-
vant, le plus attentivement explorés. Des inscriptions surtout, il en sort à chaque instant de
nouvelles de dessous terre; le tout est d'être là pour les recueillir avant que le pied du passant les
ait effacées ou que le pic du tailleur de pierre les ait fait disparaître sans retour.

Ce furent des inscriptions qui nous occupèrent pendant la journée que nous passâmes à lsmidt;
les ruines de Nicomédie sont, à tout prendre, plus frappantes par leur masse et leur aspect pit-
toresque qu'intéressantes par leurs détails pour l'architecte et pour l'archéologue. Heureusement,
on remuait de la terre à Nicomédie; c'était, dans la ville même, un palais que se faisait construire
 
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