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Perrot, Georges; Guillaume, Edmond; Delbet, Jules
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont (Band 1) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.4621#0013
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NICÉE.

De Nicomédie à Nicée il y a deux routes. — L'une est directe; elle marche au sud, presque
sans faire de détours, en franchissant une chaîne de montagnes hoisées qui forment, sur la rive
gauche du Sangarius, le prolongement de l'Olympe de Bithynie, et qui courent, presque sans rien
perdre de leur hauteur, jusqu'au cap Poseidion, où se termine l'Arganthonius. L'autre route,
plus longue de sept ou huit heures, contourne le golfe, en suit la rive méridionale jusqu'à
Karamoussal, et de là, faisant un coude très-marqué vers le sud-est, se dirige sur Nicée, en
passant par un large col, le point le moins élevé de toute cette chaîne. Elle est maintenant de
beaucoup la plus fréquentée des deux : c'est d'abord qu'elle passe moins haut, et qu'elle est
ainsi plus commode dans la mauvaise saison; mais c'est surtout qu'elle traverse un pays plus
découvert, et que par suite on s'y croit un peu moins exposé aux attaques des brigands, bien
plus nombreux dans cette province, toute couverte de vastes et épaisses forêts , que sur les
grands plateaux dénudés qui s'étendent dans tout le centre de l'Asie Mineure. Nous prîmes pour-
tant la première route; elle était plus courte, et, d'après quelques renseignements que nous
avions recueillis, c'était par là que devait passer, dans l'antiquité, l'importante voie qui de
Nicée conduisait à Nicomédie et à Gonstantinople. Notre attente ne fut pas trompée. Au mo-
ment où nous quittions le bord du golfe, que nous avions suivi quelque temps, pour nous
enfoncer dans une vallée qui remonte vers le cœur de la montagne, dans la direction de Nicée,
nous acquérons la preuve de l'importance qu'avait autrefois ce passage. Sur le bord du torrent
qui débouche de cette gorge, nous trouvons les débris d'une grande forteresse ruinée, qui forme
un rectangle de soixante-dix mètres de long sur seize de large. L'entrée principale, que défendait
une espèce de corps de garde, est tournée vers la montagne. Les assises inférieures du mur,
épais d'un mètre quatre - vingt centimètres, sont en grosses pierres, la partie supérieure en
blocage; il est tout percé de meurtrières, auxquelles permettait d'atteindre commodément une
banquette intérieure d'un mètre de haut sur deux de large. Cette forteresse paraît être un
ouvx'age byzantin ; elle dut être élevée à une époque où, les Musulmans étant maîtres de Nicée,
les Grecs possédaient encore Nicomédie, plus rapprochée de la capitale, défendue par sa puis-
sante citadelle, et facile à secourir par mer en quelques heures, et à ravitailler indéfiniment ; car
dans la longue lutte qu'ils soutinrent, pendant des siècles, d'abord contre les Califes, puis contre
les Turcs Seljoukides et Ottomans, les Grecs furent presque toujours maîtres de la mer, et ce
fut là, avec leur supériorité dans l'art de l'attaque et de la défense des places, ce qui sauva tant
de fois l'empire qui paraissait perdu, ce qui prolongea son existence jusqu'au seuil des temps
modernes. La chaîne de montagnes âpres et boisées, qui sépare le golfe de Nicomédie du golfe
et du lac de Nicée, dut servir plusieurs fois de frontière aux deux dominations ennemies; il en
était notamment ainsi au moment de la première croisade, avant le siège et la prise de Nicée
par les Latins. Après la mort de Malek-shah, un prince seljoukide, Soliman, avait établi à Nicée
le siège de la sultanie de Roum, et s'était même emparé de Nicomédie. Alexis Comnène reprit
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