trave
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trouvent des excavations qui ont été pratiquées dans le roc à une époque qu'il est difficile de
déterminer.
Ce qui prouve que ces excavations remontent assez loin, c'est qu'il n'en reste qu'un petit
nombre d'intactes; il se produit souvent des éboulements dans ce tuf friable, et, dans les
énormes quartiers qui ont roulé au fond de la vallée, ou distingue des fragments de beau-
coup de ces chambres arrachées de la colline avec le roc où elles étaient creusées. D'autres,
que l'on voit encore se dessiner sur l'escarpement de la falaise, ont perdu leur paroi anté-
rieure, et n'ont laissé que de légères traces. Quelques-unes seulement sont bien conservées; ce
n'est pas sans peine qu'on les atteint en s'aidant des pieds et des mains. Dans aucune nous
n'avons rien trouvé qui indique une destination funéraire; ce sont évidemment d'anciennes ha-
bitations. Une de ces chambres a 3 mètres de profondeur sur 2 mètres 90 de largeur. La
hauteur est de 2 mètres. Cette pièce communique par une porte avec une chambre voisine
un peu plus petite. Dans la pièce principale, entre la porte de communication et celle qui donne
sur le dehors, se remarque une ouverture qui a dû servir de cheminée; on distingue encore
les traces du feu. A côté est percée une fenêtre. Près de l'entrée, taillé dans le tuf, est un banc
où pouvaient s'asseoir deux ou trois personnes. Tout au fond, à lm,20 au-dessus du sol, se creuse
dans la paroi une espèce de niche ou de tiroir assez long pour avoir servi de lit. Dans d'autres
habitations, dont aucune n'est d'ailleurs aussi bien conservée que celle que nous venons
de décrire , on remarque , dans le sol, des ouvertures en forme de puits qui établissaient
une communication intérieure entre différents étages de chambres , superposées les unes atix
autres (1). L'ensemble de ces habitations souterraines forme ce qu'on appelle à Beïbazar le
Hissar ou « le château. »
L'impression que l'on emporte de l'examen de ces lieux, c'est que nous avons là des traces
d'un de ces villages de Troglodytes dont les types les plus curieux nous sont offerts par les
habitations, souvent décrites, que renferment les rochers voisins (ïUrgub, en Cappacloce, où ces
chambres souterraines se comptent par milliers. A quelle époque, en Asie Mineure, l'homme
a-t-il eu l'idée de mettre à profit, pour s'y pratiquer un abri, les roches tendres qui se trouvent en
grand nombre dans l'intérieur de la péninsule? C'est ce que nous ne saurions dire ; mais ce qui est
certain^ on l'a reconnu en Cappacloce, c'est que ces excavations ont parfois servi de demeures jus-
que dans des temps très-voisins de nous, jusqu'au moyen âge (2). On peut croire que les po-
pulations ont, suivant les époques, renoncé, puis recouru de nouveau à ces asiles, qu'elles y
sont retournées après de longs siècles pendant lesquels elles semblaient en avoir oublié le
chemin; elles ont dû s'y réfugier toutes les fois que la sécurité disparaissait, et qu'elles se
sentaient menacées par ces invasions de barbares qui ont si souvent passé, comme des averses
de grêle, sur ces malheureuses contrées. C'était, par exemple, une sûre retraite pour les Phry-
giens d'abord, puis, plus tard, pour les Gallo-Grecs, que les chambres pratiquées dans ces
hautes falaises; on ne pouvait y arriver que par d'étroites corniches faisant une légère saillie
sur la face verticale du rocher. Il suffisait, pour fermer tout accès, de quelques hommes ré-
solus , et d'un coup de pioche qui abattit le sentier. L'ennemi parti, on pouvait toujours des-
cendre avec des cordes. Le seul moyen qu'aurait eu l'agresseur de venir à bout de cette ré-
sistance, c'était de faire le blocus de ces cavernes, et d'en prendre les habitants par la faim
et la soif; mais ceux-ci avaient dû y emporter des provisions, et y avaient peut-être creusé
des citernes où se rassemblait l'eau de pluie qui coulait sur la paroi ou qui filtrait, du plateau
(1) Nous avons déjà signalé ces communications intérieures dans les vastes excavations dont sont percés en tout sens
des rochers voisins du tombeau de Midas, dans la vallée de Doghanlou (p. 107 et 147).
(2) M. Texier a remarqué, en Cappadoce, dans un certain nombre de chambres, des emblèmes chrétiens. Asie Mi-
neure (Univers pittoresque), p. 54g.
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trouvent des excavations qui ont été pratiquées dans le roc à une époque qu'il est difficile de
déterminer.
Ce qui prouve que ces excavations remontent assez loin, c'est qu'il n'en reste qu'un petit
nombre d'intactes; il se produit souvent des éboulements dans ce tuf friable, et, dans les
énormes quartiers qui ont roulé au fond de la vallée, ou distingue des fragments de beau-
coup de ces chambres arrachées de la colline avec le roc où elles étaient creusées. D'autres,
que l'on voit encore se dessiner sur l'escarpement de la falaise, ont perdu leur paroi anté-
rieure, et n'ont laissé que de légères traces. Quelques-unes seulement sont bien conservées; ce
n'est pas sans peine qu'on les atteint en s'aidant des pieds et des mains. Dans aucune nous
n'avons rien trouvé qui indique une destination funéraire; ce sont évidemment d'anciennes ha-
bitations. Une de ces chambres a 3 mètres de profondeur sur 2 mètres 90 de largeur. La
hauteur est de 2 mètres. Cette pièce communique par une porte avec une chambre voisine
un peu plus petite. Dans la pièce principale, entre la porte de communication et celle qui donne
sur le dehors, se remarque une ouverture qui a dû servir de cheminée; on distingue encore
les traces du feu. A côté est percée une fenêtre. Près de l'entrée, taillé dans le tuf, est un banc
où pouvaient s'asseoir deux ou trois personnes. Tout au fond, à lm,20 au-dessus du sol, se creuse
dans la paroi une espèce de niche ou de tiroir assez long pour avoir servi de lit. Dans d'autres
habitations, dont aucune n'est d'ailleurs aussi bien conservée que celle que nous venons
de décrire , on remarque , dans le sol, des ouvertures en forme de puits qui établissaient
une communication intérieure entre différents étages de chambres , superposées les unes atix
autres (1). L'ensemble de ces habitations souterraines forme ce qu'on appelle à Beïbazar le
Hissar ou « le château. »
L'impression que l'on emporte de l'examen de ces lieux, c'est que nous avons là des traces
d'un de ces villages de Troglodytes dont les types les plus curieux nous sont offerts par les
habitations, souvent décrites, que renferment les rochers voisins (ïUrgub, en Cappacloce, où ces
chambres souterraines se comptent par milliers. A quelle époque, en Asie Mineure, l'homme
a-t-il eu l'idée de mettre à profit, pour s'y pratiquer un abri, les roches tendres qui se trouvent en
grand nombre dans l'intérieur de la péninsule? C'est ce que nous ne saurions dire ; mais ce qui est
certain^ on l'a reconnu en Cappacloce, c'est que ces excavations ont parfois servi de demeures jus-
que dans des temps très-voisins de nous, jusqu'au moyen âge (2). On peut croire que les po-
pulations ont, suivant les époques, renoncé, puis recouru de nouveau à ces asiles, qu'elles y
sont retournées après de longs siècles pendant lesquels elles semblaient en avoir oublié le
chemin; elles ont dû s'y réfugier toutes les fois que la sécurité disparaissait, et qu'elles se
sentaient menacées par ces invasions de barbares qui ont si souvent passé, comme des averses
de grêle, sur ces malheureuses contrées. C'était, par exemple, une sûre retraite pour les Phry-
giens d'abord, puis, plus tard, pour les Gallo-Grecs, que les chambres pratiquées dans ces
hautes falaises; on ne pouvait y arriver que par d'étroites corniches faisant une légère saillie
sur la face verticale du rocher. Il suffisait, pour fermer tout accès, de quelques hommes ré-
solus , et d'un coup de pioche qui abattit le sentier. L'ennemi parti, on pouvait toujours des-
cendre avec des cordes. Le seul moyen qu'aurait eu l'agresseur de venir à bout de cette ré-
sistance, c'était de faire le blocus de ces cavernes, et d'en prendre les habitants par la faim
et la soif; mais ceux-ci avaient dû y emporter des provisions, et y avaient peut-être creusé
des citernes où se rassemblait l'eau de pluie qui coulait sur la paroi ou qui filtrait, du plateau
(1) Nous avons déjà signalé ces communications intérieures dans les vastes excavations dont sont percés en tout sens
des rochers voisins du tombeau de Midas, dans la vallée de Doghanlou (p. 107 et 147).
(2) M. Texier a remarqué, en Cappadoce, dans un certain nombre de chambres, des emblèmes chrétiens. Asie Mi-
neure (Univers pittoresque), p. 54g.
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