Picart, Bernard [Hrsg.]: Cérémonies Et Coutumes Religieuses De Tous Les Peuples Du Monde: Représentées par des Figures, dessinées & gravées par Bernard Picard, & autres habiles artistes. Ouvrage qui comprend l'histoire philosophique de la Religion des Nations des deux hémispheres ; telles que celle des Brames, des Peguans, des Chinois, des Japonois, des Thibetins, & celle des différens Peuples qui habitent l'Asie & les Isles de l'Archipélague Indien ; celle des Mexicains, des Péruviens des Brésiliens, des Groënlandois, des Lapons, des Caffres, de tous les peuples de la Nigritie, de l'Ethiopie & du Monomotapa ; celle des juifs, tant anciens que modernes, celle des musulmans & des différentes Sectes qui la composent ; enfin celle des Chrétiens & de cette multitude de branches dans lesquelles elle est subdivisée par une société de gens de lettres (Band 4): Superstitions De Tous Les Peuples Du Monde: Ou Tableau Philosophique Des erreurs & des foiblesses dans lesquelles les Superstitions, tant anciennes que modernes, ont précipité les hommes de la plupart des nations de la terre; Ouvrage suivi d'un Précis sur la Mere-Folle, sur les Bacchanales & les Orgies, sur le Spectacle satyrique des Grecs & des Romains, & sur l'Origine de l'Association des Francs-Maçons ... Suite Des Cérémonies Religieuses (Amsterdam , Paris, 1783)

202 CEREMONIES
~ Un quatrième.....Mais c'est assèz rapporter des exemples ; qu'il suf-
fise au lecteur de savoir que ia source où je puise est une source inta-
risfable : qu'on y remonte , on verra.
Que conclure de ces faits, ou si l'on veut de ces contes ? Bien des
choses. D'abord , qu'en Espagne on pensoit autrefois à cet égard ,
comme on pense en Turquie, quoiqu'il y ait en Espagne beaucoup
plus de docteurs, qu'il n'y a de derviches Se de kalenders chez les
turcs : ensuite , qu'en Perse, chez les grecs , en Arabie , en Afrique ,
dans la presqu'îlede l'Inde, &c. on a, des enchanteurs, exactement ia
même idée qu'on en avoit en France , il y a deux siecles, & que
même actuellement on en a dans bien des villages où les charmes ne
cessent d'opérer sur les troupeaux, les pâturages , les mcisïbns & sou-
vent sur les laboureurs. Enfin , je conclurai que peut-être il y a quel-
que chose d'utile dans cette superslition, puisqu'elle est si ancienne ,
puisqu'elle est si fortement accréditée chez tous les peuples policés ou
sauvages , slupides ou instruits.
Nous terminerons cet article par deux prophéties, fameuses dans les
'derniers siecles, Se qui ont assez de rapport à la matière qui nous
occupe. La puissance étonnante que les Pies avoient acquise en Europe,
Se la réputation que les turcs s'étoient faite par leurs armes, avoient
donné naissance à deux oracles prononcés par les devins de chacun
des deux partis , Se qui leur promettoient l'empire du monde. La
première étoit figurée par une roue, appellée roue de PieIV (fig. 20);
là étoient les attributs du pouvoir papal , le fouet , le calice Se le
glaive. Divers pontifes, tels que Pie IV , Pie V, Grégoire XIII Se Sixte
V, étoient désignés par les emblèmes qui convenoienc à la manière dont
ils avoient exercé leur autorité. La réunion du soleil Se de la lune
signifioit la soumisîion prochaine de toutes les nations à la thiare de
l'évêque de Rome.
L'oracle des turcs avoit pour base une prophétie qui s'exprimoit
ainsi : « Notre empereur s'emparera du royaume du prince idolâtre Se
» de la pomme rouge enflammée, qu'il' tiendra dans sa puisTance. Si
» la septieme année de son règne, le glaive des chrétiens ne se tire
» pas, il régnera douze ans sur eux. Il bâtira des maisons, plantera des
» vignes , murera ses jardins, mettra des enfans au monde. Mais,
» douze ans après qu'il se sera rendu maître de la pomme, le glaive
v du chrétien partant de la rue , chasfera le turc , Se le réduira à
3} l'extrémité dans toutes les parties du monde »,