2o4 CÉRÉMONIES
droient jamais plus gras : c'est la remarque qu'a fait Sprengcr, domi-
nicain, qui fut l'un des inquislteurs qu'envoya le pape Innocent VIII
en Allemagne pour faire le procès aux sorciers. Si le corps de ces
enfans est donc disférent du corps des autres enfans , leur ame aura
sans doute des qualités qui ne seront pas communes aux autres ; c'est
pourquoi le cardinal Bellarmin pense que l'Antéchrist naîtra d'une
semme qui aura eu commerce avec un incube , & que sa malice sera
une marque de son extraction.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on a douté de l'accouplement des
démons avec les femmes ou les hommes, Se que l'on a douté encore
s'ils pouvoient engendrer. Ces questions furent autrefois agitées devant
l'empereur Sigifmond : on y allégua tout ce qu'on put de part Se
d'autre ; enfin on se rendit aux raisons Se aux expériences qui parurent
les plus convainquantes & les plus certaines. Il fut donc décidé que
ces accouplemens extraordinaires étoient posfibles.
On peut encore ajouter à cela la çonfeshon que font une insinité
de sorcieres, qui disent avoir été caressees du démon Se en être deve-
nues gresses, Les livres de Delrio, de Sprenger, de Délancre Se Bodin ,
sont pleins de semblabies histoires ; si bien qu'après tant de preuves
authentiques, Se tant de confessions de sorciers Se de sorcieres qui
l'avouent de bonne foi Se presque de la même sorte , il y auroit de
l'opiniâtreté à tenir un sentiment opposé : car les histoires que l'on
nous fait paroissent si asfurées, qu'il semble que l'on ne doive pas
douter de la vérité de ces conjonctions diaboliques ; témoin Benoît
de Berne, âgé de 75 ans , qui sut brûlé tout vif après avoir avoué
que depuis quarante ans il avoit commerce avec une succube qu'il ap-
pelloit Hermel'me. François Pic, prince de la Mirandole, nous est garant
de la vérité de cette histoire.
Toutes ces preuves paroîtroient fortes, f] nous n'avions la raison Se
l'expérience qui nous font connoître le contraire ; Se pour m'expli-
quer plus clairement sur cette matière, on me permettra de raisonner
de la sorte :
La curiosité est naturelle à tous les hommes. Celle qui est blâmable
est une maladie de l'ame , qui s'empare principalement des esprits
foibles. Le monde est plein de gens qui veulent pénétrer dans les
mysteres les plus cachés, Se jusques dans les secrets de l'autre monde.
Si on leur parle de quelque chose d'extraordinaire , incontinent la
droient jamais plus gras : c'est la remarque qu'a fait Sprengcr, domi-
nicain, qui fut l'un des inquislteurs qu'envoya le pape Innocent VIII
en Allemagne pour faire le procès aux sorciers. Si le corps de ces
enfans est donc disférent du corps des autres enfans , leur ame aura
sans doute des qualités qui ne seront pas communes aux autres ; c'est
pourquoi le cardinal Bellarmin pense que l'Antéchrist naîtra d'une
semme qui aura eu commerce avec un incube , & que sa malice sera
une marque de son extraction.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on a douté de l'accouplement des
démons avec les femmes ou les hommes, Se que l'on a douté encore
s'ils pouvoient engendrer. Ces questions furent autrefois agitées devant
l'empereur Sigifmond : on y allégua tout ce qu'on put de part Se
d'autre ; enfin on se rendit aux raisons Se aux expériences qui parurent
les plus convainquantes & les plus certaines. Il fut donc décidé que
ces accouplemens extraordinaires étoient posfibles.
On peut encore ajouter à cela la çonfeshon que font une insinité
de sorcieres, qui disent avoir été caressees du démon Se en être deve-
nues gresses, Les livres de Delrio, de Sprenger, de Délancre Se Bodin ,
sont pleins de semblabies histoires ; si bien qu'après tant de preuves
authentiques, Se tant de confessions de sorciers Se de sorcieres qui
l'avouent de bonne foi Se presque de la même sorte , il y auroit de
l'opiniâtreté à tenir un sentiment opposé : car les histoires que l'on
nous fait paroissent si asfurées, qu'il semble que l'on ne doive pas
douter de la vérité de ces conjonctions diaboliques ; témoin Benoît
de Berne, âgé de 75 ans , qui sut brûlé tout vif après avoir avoué
que depuis quarante ans il avoit commerce avec une succube qu'il ap-
pelloit Hermel'me. François Pic, prince de la Mirandole, nous est garant
de la vérité de cette histoire.
Toutes ces preuves paroîtroient fortes, f] nous n'avions la raison Se
l'expérience qui nous font connoître le contraire ; Se pour m'expli-
quer plus clairement sur cette matière, on me permettra de raisonner
de la sorte :
La curiosité est naturelle à tous les hommes. Celle qui est blâmable
est une maladie de l'ame , qui s'empare principalement des esprits
foibles. Le monde est plein de gens qui veulent pénétrer dans les
mysteres les plus cachés, Se jusques dans les secrets de l'autre monde.
Si on leur parle de quelque chose d'extraordinaire , incontinent la