ï$6 CEREMONIES
anciennes divinités. C'elt une circonstance donc l'histoire ne parle pas.
Mais ce qui paroît évident, c'est que cette conduite n'offrit rien de bien
étrange aux moines de ce tems-là, instruits sans doute de quelle manière
l'habitude sait tyranniser les hommes, puisque dans leurs annales & leur
chroniques, ils ne lui en ont pas moins donné le titre de prince très-
pieux & très-dévot.
Quant à l'époque où l'on commença dans le monde d'enterrer des
richelses avec les morts, ou d'égorger des victimes en leur honneur, je
ne crois pas que l'on puilse llatuer sur cet article. A considérer les mo-
numens qui nous relient de l'histoire du genre humain , il semble que
cette pratique remonte presque jusqu'à la nailsance des siecles ; car il est
peu d'auteurs anciens , qui, en parlant des cérémonies funèbres des peu-
ples y ne fasse mention de quelque folie de cette espece. Les uns ense-
velilsoient les armes du défunt dans le tombeau , d'autres y ajoutoient de
l'or, des pierreries & d'autres précieux joyaux. Ceux-ci vouloient être
sui vis d'esclaves & de femmes , pour être honorablement servis dans
l'autre monde ; &>ceux-là se contentoient d'un cheval ou d'un chameau,
pour éviter la peine d'aller à pied dans les enfers. Lorsqu'en 1^3 , on
découvrit dans la ville de Tournay, le tombeau de Chilperic I, prince
chrétien, on trouva qu'il renfermok beaucoup de choses à son usage ,
telles que son coutelas, sa hache d'armes, ion baudrier, avec une mul-
titude d'ornemens d'or & de rubis enchaisés , le squelette même de son
cheval de bataille. Tel a été constamment l'usage des rois françois, à
l'imitation des princes gaulois, leurs prédéceiTeurs ; & l'on sait que c'en;
à cette manie que l'on est redevable de quelques monumens antiques
que l'on voit au tréfor de S. Denis , le chef lieu de leur sépulture (1).
Les anciens égyptiens , qui n'avoient peut-être pas le privilège comme
leurs Pharaons de se faire suivre par leurs esclaves, emportoient ordinai-
rement , en allant dans le séjour des morts, une plaque d'or sur la langue,
dont le poids & la valeur répondoient aux facultés du mort & au rang
qu'il avoit tenu dans la nation ; ce qui prive aujourd'hui, pour le dire
en parlant, nos curieux d'antiquailles des plus belles momies, que les
arabes vont déterrer dans la plaine de Manof, pour profiter de ce qui se
(1) Cet usage étoit encore général dans rout l'empire romain au milieu du cinquième siecle de
notre ère ; c'est ce qui résulte de la loi de Valentinien III, pour renouveller les anciennes peines
contre ceux qui fouilloient clans les tombeaux, pour en tirer les effets précieux qu'on y renfermoit
avec les morts. Nov. valent, th. â.
trouve
anciennes divinités. C'elt une circonstance donc l'histoire ne parle pas.
Mais ce qui paroît évident, c'est que cette conduite n'offrit rien de bien
étrange aux moines de ce tems-là, instruits sans doute de quelle manière
l'habitude sait tyranniser les hommes, puisque dans leurs annales & leur
chroniques, ils ne lui en ont pas moins donné le titre de prince très-
pieux & très-dévot.
Quant à l'époque où l'on commença dans le monde d'enterrer des
richelses avec les morts, ou d'égorger des victimes en leur honneur, je
ne crois pas que l'on puilse llatuer sur cet article. A considérer les mo-
numens qui nous relient de l'histoire du genre humain , il semble que
cette pratique remonte presque jusqu'à la nailsance des siecles ; car il est
peu d'auteurs anciens , qui, en parlant des cérémonies funèbres des peu-
ples y ne fasse mention de quelque folie de cette espece. Les uns ense-
velilsoient les armes du défunt dans le tombeau , d'autres y ajoutoient de
l'or, des pierreries & d'autres précieux joyaux. Ceux-ci vouloient être
sui vis d'esclaves & de femmes , pour être honorablement servis dans
l'autre monde ; &>ceux-là se contentoient d'un cheval ou d'un chameau,
pour éviter la peine d'aller à pied dans les enfers. Lorsqu'en 1^3 , on
découvrit dans la ville de Tournay, le tombeau de Chilperic I, prince
chrétien, on trouva qu'il renfermok beaucoup de choses à son usage ,
telles que son coutelas, sa hache d'armes, ion baudrier, avec une mul-
titude d'ornemens d'or & de rubis enchaisés , le squelette même de son
cheval de bataille. Tel a été constamment l'usage des rois françois, à
l'imitation des princes gaulois, leurs prédéceiTeurs ; & l'on sait que c'en;
à cette manie que l'on est redevable de quelques monumens antiques
que l'on voit au tréfor de S. Denis , le chef lieu de leur sépulture (1).
Les anciens égyptiens , qui n'avoient peut-être pas le privilège comme
leurs Pharaons de se faire suivre par leurs esclaves, emportoient ordinai-
rement , en allant dans le séjour des morts, une plaque d'or sur la langue,
dont le poids & la valeur répondoient aux facultés du mort & au rang
qu'il avoit tenu dans la nation ; ce qui prive aujourd'hui, pour le dire
en parlant, nos curieux d'antiquailles des plus belles momies, que les
arabes vont déterrer dans la plaine de Manof, pour profiter de ce qui se
(1) Cet usage étoit encore général dans rout l'empire romain au milieu du cinquième siecle de
notre ère ; c'est ce qui résulte de la loi de Valentinien III, pour renouveller les anciennes peines
contre ceux qui fouilloient clans les tombeaux, pour en tirer les effets précieux qu'on y renfermoit
avec les morts. Nov. valent, th. â.
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