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Picart, Bernard [Editor]
Cérémonies Et Coutumes Religieuses De Tous Les Peuples Du Monde: Représentées par des Figures, dessinées & gravées par Bernard Picard, & autres habiles artistes. Ouvrage qui comprend l'histoire philosophique de la Religion des Nations des deux hémispheres ; telles que celle des Brames, des Peguans, des Chinois, des Japonois, des Thibetins, & celle des différens Peuples qui habitent l'Asie & les Isles de l'Archipélague Indien ; celle des Mexicains, des Péruviens des Brésiliens, des Groënlandois, des Lapons, des Caffres, de tous les peuples de la Nigritie, de l'Ethiopie & du Monomotapa ; celle des juifs, tant anciens que modernes, celle des musulmans & des différentes Sectes qui la composent ; enfin celle des Chrétiens & de cette multitude de branches dans lesquelles elle est subdivisée par une société de gens de lettres (Band 4): Superstitions De Tous Les Peuples Du Monde: Ou Tableau Philosophique Des erreurs & des foiblesses dans lesquelles les Superstitions, tant anciennes que modernes, ont précipité les hommes de la plupart des nations de la terre; Ouvrage suivi d'un Précis sur la Mere-Folle, sur les Bacchanales & les Orgies, sur le Spectacle satyrique des Grecs & des Romains, & sur l'Origine de l'Association des Francs-Maçons ... Suite Des Cérémonies Religieuses — Amsterdam, Paris, 1783

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https://doi.org/10.11588/diglit.9746#0169
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ET COUTUMES RELIGIEUSES. i63
Ce dut être cet usage où étoient toutes les nations de sacrifier un cer-
tain nombre de leurs prisonniers, qui fit naître & entretint dans l'esprit
de nos pères, ce généreux mépris qu'ils témoignoient pour ia vie. Comme
chacun étoit tous les jours exposé à tomber entre les mains de l'ennemi
& de voir couler son sang sur un autel, on se faisoit en quelque sorte
un métier de s'apprendre à mourir. Le duel, les petites guerres, 8c une
foule d'autres exercices violens & meurtriers, étoient, comme on sait,
fort communs chez les nations féroces du septentrion de notre hémis-
phere. Les festins , les speéiacles, les assembiées, les fêtes même de la
religion, fourniisoient fréquemment à des peuples indisciplinés & bar-
bares , les occasions de se mutiler ou de s'arracher mutuellement la vie.
Le suicide, ce monstre qui semble avoir fixé son trône dans le cœur
biilieux & mélancolique des gens du nord, y faisoit souvent les plus
affreux ravages ; les vieillards , les valétudinaires & les infirmes, qui
croyoient être à charge à l'état ou incommodes à eux-mêmesprenoient
souvent le parti de débarralser le monde de leurs personnes, 8l tran-
choient sans la moindre dissiculté, la trame de leurs jours. Mais ce qui
paroîtroit incroyable si les sauvages du nord ne retraçoient à nos yeux
l'image de ces atrocités , c'esl que la jeunesse même , quelqu'attachée
qu'elle soit à ses jours parmi nous , craignoit si peu la mort, qu'elle sè
livroit souvent avec joie à des jeux où les acteurs ne risquoient rien
moins qu'à perdre la vie. Seleucus avoit remarqué , dit Athénée, que
quelques-uns des thaces jouoient dans leurs festins à un certain jeu qu'ils
appelloient le jeu du pendu. On attachoit dans un lieu élevé une corde,
sous laquelle on mettoit perpendiculairement un caillou rond & uni.
Après avoir choisi par le sort celui qui devoir être le premier acteur ,
on le faisoit monter sur le cailloux armé d'une faux. Il étoit obligé de se
mettre lui-même la corde au cou, pendant qu'un autre ôtoit adroite-
ment la pierre. Si celui qui demeuroit suspendu n'avoit pas le bonheur
& TadreiTe de couper à l'instant la corde avec la faux qu'il tenoit des
deux mains , il étoit étranglé & périssoit au milieu des risées de tous
les spectateurs qui se moquoient de lui, comme d'un sot & d'un mal-
adroit. Si cette anecdote en: véritable , on doit avouer que des gens de
cette trempe ne dévoient pas regretter beaucoup la vie, quand leurs
ennemis, usant du pouvoir que donnoit alors le droit des gens mal
digéré, les faisoient expirer dans les temples de leurs Dieux. Ce qui
m'engage à croire que ce fait peut fort bien être tel qu'Athénée le rap-
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