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Revue archéologique — 5.1862

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Thurot, Charles: De la symétrie du récitatif dans les tragédies d'Eschyle: Ch. Thurot
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https://doi.org/10.11588/diglit.22429#0243

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DE LA SYMÉTRIE DU RÉCITATIF, ETC. 233

thèse de M. Weil;et cette probabilité se changera en certitude quand
M. Weil aura achevé son travail sur Eschyle et montré que sa loi
s’applique dans les mômes conditions aux autres tragédies, particuliè-
rement au Prométhée et aux Perses, dont le texte nous a été conservé
dans un état d’intégrité plus satisfaisant que les autres.

Il y aurait cependant une rigueur excessive, injuste, à ne tenir
compte que des passages où la loi de symétrie s’applique sans qu’on
soit obligé d’admettre des lacunes, des interpolations, des transpo-
sitions. Il suffit que ces changements soient justifiés par d’autres
raisons que par les exigences de la symétrie. En France nous tenons
en général pour suspecte la critique conjecturale; nous lui repro-
chons d’inventer les textes qu’il faudrait plutôt expliquer. Mais ces
reproches n’atteignent que les abus de la critique : ils ne valent pas
contre la critique elle-même. Il faut songer que beaucoup d’auteurs
anciens ne nous sont parvenus que par un seul manuscrit dont les
autres sont dérivés. Les variantes plausibles qu’offrent les manuscrits
dérivés, comparés au manuscrit primitif, n’ont pas plus d’autorité
que les conjectures des érudits, elles en ont même souvent moins ;
car les moines n’étaient ni de grands érudits ni de profonds gram-
mairiens. Leurs remarques ou scolies sont en général au niveau,
même au-dessous des notes de nos plus pitoyables éditions classiques.
C’est une de leurs conjectures qu’on adopte, quand on emprunte
une leçon à l’un de ces manuscrits dérivés. Cette conjecture peut être
bonne; mais c’est par elle-même qu’elle se recommande, et non parce
qu’elle se lit dans un manuscrit. Au reste, ces manuscrits dérivés
augmentent d’ordinaire le nombre des fautes, qui est en général fort
grand dans le manuscrit primitif. Quiconque édite un texte est donc
obligé de le corriger, autrement il faudrait ajouter des barbar-
rismes aux dictionnaires, des solécismes aux grammaires, ou inter-
préter exactement des non-sens. Nous ne lisons pas dans un seul
manuscrit un seul auteur ancien dont le texte ne soit plus ou moins
gravement altéré, et nous ne lisons pas dans une seule édition un
seul auteur ancien dont le texte ne soit plus ou moins heureusement
corrigé. Seulement, par habitude, on est porté à considérer connue
authentiques les textes qui ressemblent le plus à ceux où on a lu
depuis son enfance les auteurs classiques, c’est-à-dire aux textes qui
sont sans contredit les plus fautifs etlesplus arbitrairement constitués
que l’on possède aujourd’hui. C’est ainsi que les textes delà collection
Lemaire servent encore de base à la plupart de nos éditions classiques
et de ces traductions dont la spéculation nous inonde, et qu'ils
jouissent parmi nous d’une autorité qu’ils ne méritent plus de con-
 
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