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DANUTA NATALIA ZASLAWSKA

LES CHINOISERIES DANS LA COLLECTION
DE STANISLAS KOSTKA POTOCKI A WILANÓW

Parmi les riches collections d'oeuvres d'art - peintures, sculptures, gravures et dessins, vases et marbres antiques, réunies à
l'ancienne demeure de Jean III Sobieski, à partir de 1800, par le comte Stanislas Kostka Potocki et sa femme, Alexandra, l'ensemble
dit "collection de curiosités orientales" fut certainement un de plus remarquables. Le penchant pour le goût oriental, devenant une
véritable passion de cet amateur avisé, grand connaisseur d'art et mécène du siècle des Lumières, l'auteur de la première histoire
de l'art écrite en Pologne (1815), n'était pas simplement une exigence de la mode, mais l'expression d'un sentiment plus profond,
dérivant directement de la personnalité de Potocki.

Son esprit vif, toujours à la recherche d'horizons nouveaux, redevant à la lecture des encyclopédistes et renouant avec une
abilité marquée de systématiser le savoir, alié à la tradition maçonnique, dont Potocki fut un illustre représentant, en tant que Grand
Maître du Grand Orient National au Duché de Varsovie, permit la création du premier musée ouvert au public en Pologne (1805)
dans la demeure des Potocki à Wilanów. La connaissance appliquée en matière de l'art et de la culture extrême-orientale, dont
Potocki fit preuve non seulement dans ses écrits, mais surtout dans son idée d'exposition du vaste ensemble de "curiosités orientales"
dans un cadre conçu de manière pédagogique, selon les sujets, matériaux ou fonction des objets, reste un témoignage d'une nouvelle
idée de collectionnisme, où chaque ensemble servait de modèle didactique, présenté dans un intérieur approprié. Il est vrai, que dans
son musée des oeuvres de grande valeur voisinaient à bon gré avec les objets, dont l'expression curieux s'applique le mieux. Ce
qui en résulta fut un "Appartement Chinois" très particulier, échappant à toute comparaison par son exotisme ostentatoire et différence
totale des expositions de musée habituelles.

Jusqu' à nous très peu d'exemples de chinoiseries se sont conservés en Pologne, la plupart dérivant de modèsles étrangers,
plutôt calqués, que suivis d'une recherche propre, ou d'un dessein particulier. Les réalisations de Wilanów restent de première
importance, vu leur complexité et originalité d'invention, tout à fait exceptionnelles. Le monde enchanté d'un conte exotique fut
attrayant pour chaque génération de propriétaires du palais de Wilanów, à la manière que chacune apposait son propre goût pour
la mode chinoise, en créant des décors plus ou moins fantaisistes pour abriter leurs rêves de paradis lointain.

Le tout premier exemple mentionné, fut l'inexistant "Cabinet Chinois" du roi Jean III Sobieski. Aujourd'hui il y reste un
superbe "Cabinet Chinois" datant des années 1730-1733. aménagé par Auguste le Fort dans le goût saxon, et les "nouvelles
Chambres Chinoises" datant des années 80 du XIXe siècle, exécutées à l'ordre de la dernière propriétaire du palais de la famille
Potocki - Alexandra, veuve d'Auguste, le petit-fils de Stanislas Kostka. "L'Appartement Chinois" de ce dernier n'existe plus, les
décors d'intérieurs enlevés pour faire voir les fresques baroques de l'époque précédente. Une étude approfondie de cet ensemble
décoratif de chinoiseries néoclassicisantes disparu, dont reste une collection considérable d' oeuvres d'art d'Extrême-Orient, ainsi
que des chinoiseries européennes, vu à travers la personnalité exceptionnelle de son créateur, fait l'objet de cet article.

Pour abriter sa collection grandissante d'oeuvres d'art de provenance orientale, Potocki décida à faire des remaniements
considérables dans les appartements du premier étage du palais, inaugurant déjà en 1813 la première "Chambre chinoise". Il en a
suivi tout un "Appartement Chinois", aménagé dans les années 1818-1833 (comme témoignent les sources écrites - contrats avec
peintres et architectes), selon les projets de Potocki lui-même. Sa mort, en septembre 1821, n'interromput pas les travaux, continués
par sa veuve et son fils Alexandre.

Lors de son voyage en Angleterre (1787) en compagnie de sa belle-mère, la princesse maréchale Isabelle Lubomirska,
Stanislas Kostka vu certainement les chinoiseries géorgiennes. En effet, c'est elle qui fit construire, vers 1800, un Appartement
Chinois à décor néoclassicisant dans son château de Lancut, étant fort impressionée par les solutions anglaises. Potocki s'inspira
de celui-ci, d'autant plus que des modèles anglais contemporains. Vu la chronologie de son appartement vilanovien (environ 1820-
1830), on peut chercher des affinités avec certains intérieurs tardifs du Brighton Royal Pavilion, des années 20 du XIXe siècle.
D'autre part, la décoration peinte de la "Première Chambre chinoise", la plus cohérente et une des plus intéressantes, trouve son
origine dans les intérieurs classicisants sous l'empreinte d'exotisme, s'inscrivant dans la lignée de chinoiseries dites romantiques
(p. ex. les représentations de végétation tropicale exubérante dans les fresques de Johann Bergl a Schônnbrunn (Vienne), ou bien
le motif de la tige du bambou élancée, vue déjà dans la "chambre de Goethe", a Tiefurt (la résidence de la princesse régente Anne
Amélie de Weimar). Malgré qu'au point de vue artistique le niveau d'exécution des chinoiseries de Potocki n'a point suivit l'originalité
des modèles européens, restant considérablement inférieur à des réalisations en question, la totalité d'ensemble avait fut certes fort
impressionnante. Tout d'abord cette audacieuse game de couleurs pures: rouge laque, jaune impérial, vert jade, ainsi que les
dorures, grands motifs ornamentaux, véritables papiers peints chinois décorant les murs, et ensuite, dans toutes les chambres des
centaines de pièces de porcelaine, laques, boîtes cloisonnées, terres cuites, ivoires, soieries, tout entassé judicieusement sur les
meubles spécialement conçus, parfois dessinés par Potocki lui-même, dans le souci d'authentisme poussé (un grand nombre de ce
mobilier fut exécuté par les artisans locaux). Les intérieurs inventés par Stanislas Kostka, au contraire des boudoirs ou "salons
chinois" de l'époque précédante, servant essentiellement à l'habitation et au divertissment, furent déjà au niveau de leur projet
promis à la fonction d'exposition, comme témoignent les divisions du décor mural, laissant des espaces vides pour les meubles
prévus dans chaque chambre (étagères, armoires, vitrines).

C'est à ces éléments justes, qu'on peut attribuer la nouveauté de cette composition, ainsi que sa forme unique, qui se découpent
sur le paysage de la chinoiserie européenne.

La passion pour la Chine présente chez les successeurs de Stanislas Kostka, a fait aggrandir d'une façon importante la
collection d'art d'Extrême-Orient, tout au long du XIXe siècle, aboutissant à l'aménagement de nouvelles "Chambres Chinoises"
à l'étage de l'aile droite du palais, celles qu'on peut voir aujourd'hui. Une certaine partie de la grande collection orientale y est
exposée.

Traduit par D. N. Zasławska
 
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