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Rocznik Historii Sztuki — 35.2010

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Wiatrzyk, Agnieszka: Les strates d'un palimpseste - entre Leon Battista Alberti et l'architecture venitienne de la première renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.14577#0050
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AGNIESZKA W1ATRZYK

Apparue notamment dans le cadre de la « géographie de l'art » , elle permet de capter la bipolarité, ou
même la « pluri-polarité » selon laquelle s'est développé l'art vénitien, à savoir cette dialectique constante
entre centre et périphérie. Étant donné le caractère transitoire de l'art dans une ville réunissant l'Est et l'Ouest,
le Nord et le Sud, le choix de cette notion s'explique aussi par la possibilité de présenter les nombreuses
sources sans en privilégier une de façon hâtive. Nous avons tenté d'élucider les migrations des formes qui
accompagnent toujours les changements d'un style, mais sans une valorisation prématurée. Car si l'art de la
première Renaissance vénitienne peut être catégorisé en tant qu'art de la périphérie, il ne l'est pas par rap-
port au « centre » toscan, mais plusieurs centres « auxiliaires », qui continuent à influencer l'art de la ville.
De même, l'art vénitien devient, à son tour, le « centre » pour l'architecture du Veneto, l'art croate etc. Enfin,
il convient de souligner que le centre florentin inspirait les Vénitiens non seulement par les réussites des
artistes toscans, mais aussi par les débats des humanistes et les projets des grands mécènes.

En fin de compte, les axes de recherche ne construisent-ils pas une forme de palimpseste de lectures
successives, opérées sous différents angles ?

STRATES D'UN PALIMPSESTE : SOURCES D'INFLUENCES DANS L'ARCHITECTURE VENITIENNE

DE LA PREMIERE RENAISSANCE

Afin de ne pas tomber dans la banalité d'un plaidoyer pour le « génie du lieu », une analyse préalable du
corpus critique consacrée à la première Renaissance à Venise semble nécessaire. Il est possible de l'esquis-
ser dans l'optique d'une «création du passé» analysée sous différents angles. C'est dans le travail
de Ruskin qu'apparaît pour la première fois la notion de première Renaissance vénitienne
(remplaçant la période de transition de Paoletti)4, marquée par les mouvements de transformation des formes
gothiques en celles de la Renaissance, ainsi que la disparition des traces des traditions orientales. Dans les
Pierres de Venise5 [The Stones of Venice] (1851-1853)6, il cite pratiquement toutes les sources d'ins-
piration de cet art, que l'histoire de l'art découvrira ensuite (classicisme, gothique, Byzance, Orient)7.

L'historiographie de l'architecture de la première Renaissance vénitienne se développe ensuite d'une
façon complexe8. Ses trois trames principales pourraient se résumer en les aspects de la spécificité du
1 i e u, la diversité de motivations politiques, économiques, et sociales de la communauté vénitienne et,
finalement, dans les m i g r a t i o n s des formes artistiques proprement dites. La question « rus-
kinienne » de sources résulta d'abord dans l'analyse bipolaire de l'importance des influences byzan-

3 Th. DaCostaKaufmann, Toward a Geography о Art, University of Chicago Press, Chicago 2004.

4 P. Paoletti, Z 'Architecture et la sculpture de la Renaissance à Venise. Recherches historico-artistiques du professeur...,
Ire partie : Période de transition, 2e partie : La Renaissance, tr. par M. Mio Le Monnier, Ongania, Venise 1897-1898. Dans
son interprétation de la première Renaissance vénitienne en tant que période de transition entre le gothique et la Renaissance, Paoletti
décrit d'abord les deux sources de l'art vénitien de l'époque, Byzance et les pays arabes, ce qui l'amène à partager la période en
deux styles : « veneto-byzantin » et « ogival ». Cf. H. Diruf, Paldste Venedigs vor 1500, Berlin 1990, p. 3.

5 J. Ruskin, The Stones of Venice, éd. par J. Morris, Bellew publishing, Londres 1981 (1853) ; première traduction
française : Les Pierres de Venise : Études locales pouvant servir de direction aux voyageurs séjournant a Venise et a Vérone, tr. par
M.P. С r é m i e u x, préf. deR. deSizeranne, Paris 1921.

6 Le livre fut le résultat de six voyages à Venise : 1835, 1841 1845, 1846, 1849-1850, 1851-1852. Cf. Ruskin s Venice : the
stones revisited, red. A. W i n d s о r et S. Q u i 11, Aldershot, Ashgate 2000.

7 De plus, les fragments consacrés à la première Renaissance semblent être parmi les plus intéressants, vu qu'il y essaye de
décrire en détail la rupture entre deux réalités esthétiques, Ruskin, Les Pierres..., p. 164.

8 Parmi les ouvrages précédents les plus importants il faut signaler :L. Planiści g, Venezianischer Bildhauer der Renaissance,
Vienne 1921 ; E.R. Trincanato, Venezia minore, Edizione del Milione, Milan 1948 ; S. Murator i, Studi per una opérante
storia urbana di Venezia, Istituto Poligrafico dello Stato, Rome 1960 ; V. В r a n с a, Rinascimento europeo e Rinascimento veneziano,
Sansoni, Florence 1967 ; M. Tafuri, J. Sansovino e l'architettura del '500 a Venezia, Padouc 1969 ; G. Mariacher, Arte
a Venezia. Medioevo al Settecento, Venise 1971 ; A. Z o r z i, Venezia scomparsa, 2 vol., Electa, Milan 1972 ; G. P e r о с с о, Civilta
di Venezia, 3 vol., La stamperia di Venezia, Venise 1973-1977 ; Venezia e Bisanzio. Catalogue de l'exposition, Palazzo Ducale,
Venise 1974 ; W. W о 11 e r s, La scidtura veneziana 1300—1460, 2 vol., Venise 1976 ; L. P u p p i, Architettura e utopia nella Venezia
del Cinquecento. Catalogue de l'exposition, Milan 1982 ; W. Wolt ers, Der Bilderschmuck des Dogenpalastes, Wiirzburg 1982 ;
A. Z o r z i, Les palais vénitiens, Mangés, Paris 1989 ; R. G о y, The House ofGold. Building a Palace in médiéval Venice, Cambridge
1992 ; N. H u se et W. W o lter s, The Renaissance Art of Venice : Architecture, Sculpture and Painting 1460-1590, Chicago
University Press, Chicago 1993.
 
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