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Wiatrzyk, Agnieszka: Les strates d'un palimpseste - entre Leon Battista Alberti et l'architecture venitienne de la première renaissance
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LES STRATES D'UN PALIMPSESTE - ENTRE LEON BATTISTA ALBERT! ET L'ARCHITECTURE VENITIENNE.
49
leur relation, les œuvres et les traductions de Cyriaque ont joué un rôle considérable pour la conception du
traité44. Enfin, le problème d'ekphrasis pourrait être le dernier aspect important de l'influence du « premier
archéologue de l'antiquité grecque » sur les humanistes de l'époque45.
Pouvons-nous en conclure, qu'Alberti, après les études chez Barzizza, put approfondir sa culture esthé-
tique grâce à Cyriaque d'Ancone - avant de se consacrer à la problématique de l'espace architectural ? Que
ses textes en témoignent.
La Descriptio urbis Romae permet de voir l'importance du rôle qu'exerce la réflexion urbanistique dans
la pensée de Leon Battista Alberti46. Sans entrer dans des détails techniques, retenons l'analogie frappante
entre le vœu de précision mathématique de la mimésis aussi bien dans les travaux cartographiques que dans
les propositions concernant l'architecture ou les autres arts, que ce soit dans De Pictura I Dellapittura [De
la Peinture], dans De Sculptura [De la sculpture], ou enfin dans L'art d'édifier. Orienter les monuments
dans l'espace de la ville et créer une représentation proportionnelle sous la forme d'un des-
sin de Rome - ce premier essai élaboré de rendre la tridimensionnalité de l'architecture dans l'espace est
doté d'une importance cruciale. Étant donné que les principaux points de repères du plan étaient indubita-
blement les monuments antiques, la (ré)découverte de l'espace est devenue une reconstruction du présent et
du passé sous-jacent dans le tissu urbain. Le traité renferme dans ce sens le noyau de considérations théo-
riques et esthétiques que développe L'art d'édifier.
Quant à cet ouvrage47, sa terminologie technique reste soumise au cadre philosophique de l'hylé-
morphisme aristotélicien48. Fusion de Yhyle (dans la terminologie albertienne : materia) et de morphe
{line ament a), chaque édifice nait de la tridimensionnalité de la nature transformée par la création
artistique. En effet, la beauté possède un caractère objectif que les qualités de l'observateur ne peuvent
pas influencer. La pensée albertienne se développe ici en cercles concentriques : depuis la position de la
ville, ses conditions climatiques et géographiques, à travers la mise en rapport avec les aspects défen-
sifs, se définit l'ensemble des structures urbaines, influençant même les formes de gouvernement. Ainsi,
le domaine de l'édification embrasse tous les modes d'investissement tridimensionnel de l'espace,
quelqu'en soit l'échelle49 :
44 Bulgarelli, op. cit., p. 148-149. Dans cet ouvrage l'auteur se pencha aussi sur la question de remarques albertiennes
sur les analogies du plan entre San Marco et l'Apostoleion à Constantinople.
45 M. В a x a n d a 11, Guarino, Pisanello and Manuel Chysoloras, „Journal of the Warburg and Courtauld Institutes", 28,
1965, p. 183- 204.
46 Nous nous référons à l'édition critique publiée par J.-Y. Boriaud et F. Furlan, Leonis Baptistae Alberti : Descriptio
Urbis Romae, Olschki, Rome 2005. Cf. O. Lehmann-Brockhau s, Albertis « Descriptio Urbis Romae », „Kunstchronik",
1960, p. 345-348 ; R. Weiss, The Renaissance Discovery of Classical Antiquitv, Blackwell, Oxford 1969, p. 59 116 ;
J. Gadol, Leon Battista Alberti: Homme Universel des débuts de la Renaissance, tr. par J.-P. Ricard, Édition de la Passion,
Paris 1995, p. 159 (éd. originale: Leon Battista Alberti. Universal Man of the Early Renaissance, Chicago, Chicago University
Press, 1969).
47 Voir surtout : E. Panofsky, Dos Perspektiv. Verfahren Leon Battista Alberti, „Kunstchronik", 26, 1914/15, p. 505-516 ;
P.-H. Michel, Un idéal humain au XVeme siècle. La pensée de Leon Battista Alberti, 1930 ; G. Wolff, Leon Battista Alberti als
Mathematiker, „Scientia. Bulletin Of the Metropolitan Mueum of Art", 36, 1936, p. 278-280 ; C. Gr a y s o n, Notes on the text of
some vernacular works of Leon Battista Alberti, „Rinascimento", 3, 1952, p. 211 244 ; G. S ant i n e 11 o, Leon Battista Alberti
Una visione estetica del mondo e délia vita, Florence 1962 ; R. К r a u t h e i m e r, Alberti and Vitruvius. [in :] The Renaisance and
Manerism Studies in Western Art, Princeton University Press, Princeton 1963, p. 42-52 ;J. Białostocki, The power of beauty.
An utopian idea of Leon Battista Alberti. [in :] Studien zur toskanischer Kunst (L.H. Heydenreich-Festschrift), Miinchen 1964,
p. 13-19 ; H. Klotz, Leon Battista Alberti in Théorie und Praxis, „Zeitschrift fur Kunstgeschichte", 32, 1969, p. 93-103 ;
C.W. Westfall. Society, Beauty and the Humanist Architect in Albertis De re aedificatoria, „Studies in the Renaissance", 16,
1969, p. 61—79 ; J. Oni an s, Bearers of Meaning. The Classical Orders in Antiquity, the Middle Ages, and the Renaissance,
Princeton University Press, Princeton 1988 ; V. В i e r m a n n, « Ornamentum ». Studien zum Traktat « De re aedificatoria », Georg
Olms, Hildesheim - Zurich - New York 1997 ; C. S y n d i к u s, Leon Battista Alberti. Das Bauornament, Rhema, Munster 1996 ;
В. V i с к e r s, Humanismus und Kunsttheorie in der Renaissance, [in :] Théorie der Praxis: Leon Battista Alberti als Humanist und
Theoretiker der bildenen Kunste, Akademie, Berlin 1999, p. 9-75.
48 C. Grayson, The Composition of L. B. Albertis Decem Libri de re aedificatoria, „Munchener Jahrbuch der bildenden
Kunst", 11, 1960, p. 152-161, (réimpr. [in :] Studi su Leon Battista Alberti..., p. 173-192) ; G. D o n a t i, Leon Battista Alberti. Vie
et théorie, Pierre Madraga, Bruxelles 1989, p. 19.
49 F. С h о a y, Le „De re aedificatoria " et l'institutionnalisation de la société [Texte imprimé] : conférence donnée le 29 mars
2005 à l'Ecole d'architecture de Saint-Etienne ; suivi de Patrimoine, quel enjeu de société ? : l'évolution du concept de patrimoine,
Publications de l'Université de Saint-Etienne, Saint-Etienne 2006, p. 18.
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leur relation, les œuvres et les traductions de Cyriaque ont joué un rôle considérable pour la conception du
traité44. Enfin, le problème d'ekphrasis pourrait être le dernier aspect important de l'influence du « premier
archéologue de l'antiquité grecque » sur les humanistes de l'époque45.
Pouvons-nous en conclure, qu'Alberti, après les études chez Barzizza, put approfondir sa culture esthé-
tique grâce à Cyriaque d'Ancone - avant de se consacrer à la problématique de l'espace architectural ? Que
ses textes en témoignent.
La Descriptio urbis Romae permet de voir l'importance du rôle qu'exerce la réflexion urbanistique dans
la pensée de Leon Battista Alberti46. Sans entrer dans des détails techniques, retenons l'analogie frappante
entre le vœu de précision mathématique de la mimésis aussi bien dans les travaux cartographiques que dans
les propositions concernant l'architecture ou les autres arts, que ce soit dans De Pictura I Dellapittura [De
la Peinture], dans De Sculptura [De la sculpture], ou enfin dans L'art d'édifier. Orienter les monuments
dans l'espace de la ville et créer une représentation proportionnelle sous la forme d'un des-
sin de Rome - ce premier essai élaboré de rendre la tridimensionnalité de l'architecture dans l'espace est
doté d'une importance cruciale. Étant donné que les principaux points de repères du plan étaient indubita-
blement les monuments antiques, la (ré)découverte de l'espace est devenue une reconstruction du présent et
du passé sous-jacent dans le tissu urbain. Le traité renferme dans ce sens le noyau de considérations théo-
riques et esthétiques que développe L'art d'édifier.
Quant à cet ouvrage47, sa terminologie technique reste soumise au cadre philosophique de l'hylé-
morphisme aristotélicien48. Fusion de Yhyle (dans la terminologie albertienne : materia) et de morphe
{line ament a), chaque édifice nait de la tridimensionnalité de la nature transformée par la création
artistique. En effet, la beauté possède un caractère objectif que les qualités de l'observateur ne peuvent
pas influencer. La pensée albertienne se développe ici en cercles concentriques : depuis la position de la
ville, ses conditions climatiques et géographiques, à travers la mise en rapport avec les aspects défen-
sifs, se définit l'ensemble des structures urbaines, influençant même les formes de gouvernement. Ainsi,
le domaine de l'édification embrasse tous les modes d'investissement tridimensionnel de l'espace,
quelqu'en soit l'échelle49 :
44 Bulgarelli, op. cit., p. 148-149. Dans cet ouvrage l'auteur se pencha aussi sur la question de remarques albertiennes
sur les analogies du plan entre San Marco et l'Apostoleion à Constantinople.
45 M. В a x a n d a 11, Guarino, Pisanello and Manuel Chysoloras, „Journal of the Warburg and Courtauld Institutes", 28,
1965, p. 183- 204.
46 Nous nous référons à l'édition critique publiée par J.-Y. Boriaud et F. Furlan, Leonis Baptistae Alberti : Descriptio
Urbis Romae, Olschki, Rome 2005. Cf. O. Lehmann-Brockhau s, Albertis « Descriptio Urbis Romae », „Kunstchronik",
1960, p. 345-348 ; R. Weiss, The Renaissance Discovery of Classical Antiquitv, Blackwell, Oxford 1969, p. 59 116 ;
J. Gadol, Leon Battista Alberti: Homme Universel des débuts de la Renaissance, tr. par J.-P. Ricard, Édition de la Passion,
Paris 1995, p. 159 (éd. originale: Leon Battista Alberti. Universal Man of the Early Renaissance, Chicago, Chicago University
Press, 1969).
47 Voir surtout : E. Panofsky, Dos Perspektiv. Verfahren Leon Battista Alberti, „Kunstchronik", 26, 1914/15, p. 505-516 ;
P.-H. Michel, Un idéal humain au XVeme siècle. La pensée de Leon Battista Alberti, 1930 ; G. Wolff, Leon Battista Alberti als
Mathematiker, „Scientia. Bulletin Of the Metropolitan Mueum of Art", 36, 1936, p. 278-280 ; C. Gr a y s o n, Notes on the text of
some vernacular works of Leon Battista Alberti, „Rinascimento", 3, 1952, p. 211 244 ; G. S ant i n e 11 o, Leon Battista Alberti
Una visione estetica del mondo e délia vita, Florence 1962 ; R. К r a u t h e i m e r, Alberti and Vitruvius. [in :] The Renaisance and
Manerism Studies in Western Art, Princeton University Press, Princeton 1963, p. 42-52 ;J. Białostocki, The power of beauty.
An utopian idea of Leon Battista Alberti. [in :] Studien zur toskanischer Kunst (L.H. Heydenreich-Festschrift), Miinchen 1964,
p. 13-19 ; H. Klotz, Leon Battista Alberti in Théorie und Praxis, „Zeitschrift fur Kunstgeschichte", 32, 1969, p. 93-103 ;
C.W. Westfall. Society, Beauty and the Humanist Architect in Albertis De re aedificatoria, „Studies in the Renaissance", 16,
1969, p. 61—79 ; J. Oni an s, Bearers of Meaning. The Classical Orders in Antiquity, the Middle Ages, and the Renaissance,
Princeton University Press, Princeton 1988 ; V. В i e r m a n n, « Ornamentum ». Studien zum Traktat « De re aedificatoria », Georg
Olms, Hildesheim - Zurich - New York 1997 ; C. S y n d i к u s, Leon Battista Alberti. Das Bauornament, Rhema, Munster 1996 ;
В. V i с к e r s, Humanismus und Kunsttheorie in der Renaissance, [in :] Théorie der Praxis: Leon Battista Alberti als Humanist und
Theoretiker der bildenen Kunste, Akademie, Berlin 1999, p. 9-75.
48 C. Grayson, The Composition of L. B. Albertis Decem Libri de re aedificatoria, „Munchener Jahrbuch der bildenden
Kunst", 11, 1960, p. 152-161, (réimpr. [in :] Studi su Leon Battista Alberti..., p. 173-192) ; G. D o n a t i, Leon Battista Alberti. Vie
et théorie, Pierre Madraga, Bruxelles 1989, p. 19.
49 F. С h о a y, Le „De re aedificatoria " et l'institutionnalisation de la société [Texte imprimé] : conférence donnée le 29 mars
2005 à l'Ecole d'architecture de Saint-Etienne ; suivi de Patrimoine, quel enjeu de société ? : l'évolution du concept de patrimoine,
Publications de l'Université de Saint-Etienne, Saint-Etienne 2006, p. 18.