DOI Heft:
Faras
DOI Artikel:Górecki, Tomasz: Z problematyki ikonografii świętych wojowników w malarstwie ściennym katedry w Faras
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19586#0261
PROBLEMES D’ICONOGRAPHIE DES SAINTS MILITAIRES DANS LES PEINTURES
MURALES DE LA CATHEDRALE DE FARAS
RESUME
Les travaux menes en 1960—1964 a Faras (Soudan septentrional) par une Mission Archeologiąue Polonaise
sous la direction du Professeur Kazimierz Michałowski degagerent les ruines d’une cathedrale avec un ensemble
de peintures murales (env. 120 compositions), qui furent deposees et transferees dans les musćes de Khartoum
et de Varsovie. Toutes les peintures sont executees en techniąue al secco et remontent aux VIIIe—XIVe siecles.
Parmi les personnages reprósentes sur les peintures (le plus souvent le Christ, Marie et des anges), se trouve
un groupe de saints definis comme militaires (soit des soldats martyrs). On a identifie sept representations de ce
type, dont trois (inv. de fouilles n0s45, 78 et 79) prćsentent une composition commune, inconnue auparavant dans
les regions de 1’orbite de Part byzantin. Ce trait commun les distinguant des autres est que le saint est represente
foulant et peręant de sa lance des etres symbolisant le Mai (serpent ou homme).
Ces peintures ne furent pas jusqu’ici etudiees en detail, aussi notre but est d’eclaircir les nombreux problemes
lies a ces images de saints militaires.
L’analyse iconographique permet de definir les divers elements du vetement et de 1’armement, en tenant compte
de leur genese historique et des analogies dans Part chretien oriental. Les conclusions tirees de Panalyse du vetement
et de Parmement permettent de suivre les sources d’inspiration et les prototypes iconographiques de ces peintures.
II semble que Pauteur de 1’image du Saint militaire 1 (inv. de fouilles n° 45) prit modele pour les details historiques
du type du saint guerrier tres courant a Constantinople et dans les provinces de PEmpire byzantin, connu encore
au XIVe siecle dans Part de la capitale. Un trait essentiel de ce type est la parente avec le vetement et Parmement
romain tardif, caracteristiques pour Piconographie des hauts personnages de PEtat et des hauts fonctionnaires
militaires: empereurs, consuls et genćraux. II s’agit en particulier de deux elements: la cuirasses anatomique et le
paludamentum pourpre, reserve au souverain et au chef. Les autres elements du costume — pteryges, cingulum
militiae, tunica militaris etcaligae — se relient egalement a Piconographie romaine tardive. Les deux autres peintu-
res, Saints militaires II et III (inv. de fouilles n0s 78 et 79), reprennent la composition du Saint militaire I, par
contrę les details different: autre type de cuirasse, de bouclier et de lance, ainsi que le vetement (ceinture,
chaussures tunique). Seule la coupe du paludamentum rappelle le modele romain ou byzantin, la couleur et la
decoration n’ont rien de commun avec la pourpre traditionnelle. Des elements nouveaux sont Pampie pantalon et
un bonnet avec bandelettes. La decoration du vetement et meme de Parmement (bouclier) se caracterise par de
riches ornements.
On peut se demander pourquoi les elements romains tardifs du vetements et de Parmement, qui sont restes
presque inchanges jusqu’a la fin du Moyen Age a Byzance, dans les Balkans et en Russie, furent a Faras fortement
transformes ou remplaces par de nouveaux? II faut chercher la reponse dans les conditions historiques de la Nubie
a partir du VIIe siecle. La prise de PEgypte chretienne par les Arabes au VIIe siecle limita les contacts entre la Nubie
et PEmpire Byzantin, tandis que le voisinage de PEgypte arabe, les echanges commerciaux constants et les confron-
tations militaires, firent apparaitre dans la culture materielle nubienne de nouveaux elćments, en particulier d’origine
orientale, rendus dans une tradition locale. L’isolation de la Nubie entraina une nouvelle situation politique et
economique, un changement graduel mais evident des details historiques rendus dur les peintures de la Cathedrale
de Faras. Ces transformations se refletent justement dans les images des Saints militaires II et III.
C’est encore un argument pour Pexistence a Faras d’une ecole picturale locale et temoigne de Pindependance
des artistes qui, sans changer la composition en vigueur, recoururent suivant les cas & des ćlćments et motifs decoratifs
17 Rocznik Muz. Nar. t. XXIV/80
257
MURALES DE LA CATHEDRALE DE FARAS
RESUME
Les travaux menes en 1960—1964 a Faras (Soudan septentrional) par une Mission Archeologiąue Polonaise
sous la direction du Professeur Kazimierz Michałowski degagerent les ruines d’une cathedrale avec un ensemble
de peintures murales (env. 120 compositions), qui furent deposees et transferees dans les musćes de Khartoum
et de Varsovie. Toutes les peintures sont executees en techniąue al secco et remontent aux VIIIe—XIVe siecles.
Parmi les personnages reprósentes sur les peintures (le plus souvent le Christ, Marie et des anges), se trouve
un groupe de saints definis comme militaires (soit des soldats martyrs). On a identifie sept representations de ce
type, dont trois (inv. de fouilles n0s45, 78 et 79) prćsentent une composition commune, inconnue auparavant dans
les regions de 1’orbite de Part byzantin. Ce trait commun les distinguant des autres est que le saint est represente
foulant et peręant de sa lance des etres symbolisant le Mai (serpent ou homme).
Ces peintures ne furent pas jusqu’ici etudiees en detail, aussi notre but est d’eclaircir les nombreux problemes
lies a ces images de saints militaires.
L’analyse iconographique permet de definir les divers elements du vetement et de 1’armement, en tenant compte
de leur genese historique et des analogies dans Part chretien oriental. Les conclusions tirees de Panalyse du vetement
et de Parmement permettent de suivre les sources d’inspiration et les prototypes iconographiques de ces peintures.
II semble que Pauteur de 1’image du Saint militaire 1 (inv. de fouilles n° 45) prit modele pour les details historiques
du type du saint guerrier tres courant a Constantinople et dans les provinces de PEmpire byzantin, connu encore
au XIVe siecle dans Part de la capitale. Un trait essentiel de ce type est la parente avec le vetement et Parmement
romain tardif, caracteristiques pour Piconographie des hauts personnages de PEtat et des hauts fonctionnaires
militaires: empereurs, consuls et genćraux. II s’agit en particulier de deux elements: la cuirasses anatomique et le
paludamentum pourpre, reserve au souverain et au chef. Les autres elements du costume — pteryges, cingulum
militiae, tunica militaris etcaligae — se relient egalement a Piconographie romaine tardive. Les deux autres peintu-
res, Saints militaires II et III (inv. de fouilles n0s 78 et 79), reprennent la composition du Saint militaire I, par
contrę les details different: autre type de cuirasse, de bouclier et de lance, ainsi que le vetement (ceinture,
chaussures tunique). Seule la coupe du paludamentum rappelle le modele romain ou byzantin, la couleur et la
decoration n’ont rien de commun avec la pourpre traditionnelle. Des elements nouveaux sont Pampie pantalon et
un bonnet avec bandelettes. La decoration du vetement et meme de Parmement (bouclier) se caracterise par de
riches ornements.
On peut se demander pourquoi les elements romains tardifs du vetements et de Parmement, qui sont restes
presque inchanges jusqu’a la fin du Moyen Age a Byzance, dans les Balkans et en Russie, furent a Faras fortement
transformes ou remplaces par de nouveaux? II faut chercher la reponse dans les conditions historiques de la Nubie
a partir du VIIe siecle. La prise de PEgypte chretienne par les Arabes au VIIe siecle limita les contacts entre la Nubie
et PEmpire Byzantin, tandis que le voisinage de PEgypte arabe, les echanges commerciaux constants et les confron-
tations militaires, firent apparaitre dans la culture materielle nubienne de nouveaux elćments, en particulier d’origine
orientale, rendus dans une tradition locale. L’isolation de la Nubie entraina une nouvelle situation politique et
economique, un changement graduel mais evident des details historiques rendus dur les peintures de la Cathedrale
de Faras. Ces transformations se refletent justement dans les images des Saints militaires II et III.
C’est encore un argument pour Pexistence a Faras d’une ecole picturale locale et temoigne de Pindependance
des artistes qui, sans changer la composition en vigueur, recoururent suivant les cas & des ćlćments et motifs decoratifs
17 Rocznik Muz. Nar. t. XXIV/80
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