Rocznik Muzeum Narodowego w Warszawie (25.1981)

Grâce aux documents conservés aux Archives Historiques Nationales de Leningrad, nous savons qu'en 1843
Aleksander Stankiewicz quitta Varsovie pour étudier à l'Académie des Beaux-Arts de St Pétersbourg en 1844—
1846, entre autres chez Andrieï Markov. Ses études à l'Académie et ensuite son voyage en Italie lui furent facilités
par la protection du Ministre Secrétaire d'Etat Ignacy Turkułł. Grâce à lui, pendant toutes ces études, il obtint
400 roubles par an du budget du Royaume du Congrès. En juin 1846, Stankiewicz obtin le titre d'artiste et partit
continuer ses études en Italie.

Nous ne connaissons pas d'ouvrages de Stankiewicz de la période de son séjour à St Pétersbourg. Les créations
suivantes de l'artiste prouvent que ses études à l'Académie des Beaux-Arts lui assurèrent une haute habileté pro-
fessionnelle. On le voit entre autres par la composition, exécutée en Italie, du Couronnement de la Vierge (il. 9),
copie du tableau de la Pinacothèque Vaticane. Par contre, le changement radical de style de Stankiewicz est
illustré par un Portrait de jeune homme (il. 10), au dessin précis et fin, trahissant une parfaite maitrise techni-
que et un éloignement du style ,,naïf" des premiers portraits de Varsovie.

L'artiste resta à Rome jusqu'environ 1851. En 1852 il se trouvait à Varsovie, où visiblement la situation ne
fut pas favorable pour son développement artistique, car l'année suivante il repartit pour Rome, parmi la nom-
breuse colonie d'artistes polonais qui y résidaient. Certainement Stankiewicz ne considérait pas son départ de
Pologne comme définitif. Il est difficile de dire pourquoi il resta en Italie pour toujours. Peut-être entrèrent en
ligne de compte des questions matérielles, le relâchement des liens avec Varsovie ou le renforcement des liens
avec les artistes polonais établis à Rome.

Cette période de l'activité de Stankiewicz, de près de quatre décennies, est la plus difficile à caractériser. Peu
de ses ouvrages se trouvent dans les musées et les informations sur son activité créatrice sont rares. On sait que
dans les années 50 il réalisa un cycle de portraits de la famille Mycielski, qu'il copia des chefs-d'oeuvres du passé
et s'intéressa aux thèmes religieux. Il semble que ses sujets préférés en ce temps était italiens, présentés en Pologne
régulièrement d'abord, puis de plus en plus rarement. Il est resté quelques exemples de cette période d'activité
de Stankiewicz dans des collections polonaises et soviétiques (ils 13,14,15,16). Dans ce groupe se range un tableau
dans la Galerie Tretiakov, Italienne avec enfant (il. 17), considéré auparavant comme l'oeuvre d'un peintre russe
inconnu, du nom de Stankiewicz.

Ce matériel réduit ne permet pas de caractériser quarante ans du chapitre italien de l'oeuvre de Stankiewicz.
Par ailleurs on connaît bien mieux Stankiewicz du point de vue humain.Nestor de la Polonia artistique de Rome",
il était très aimé et populaire dans cette colonie artistique bigarrée. Il était estimé pour son intelligence, sa bonté,
sa bienveillance pour chacun dans le besoin.

Dans ses dernières années, Stankiewicz tomba dans une grave crise. C'était un lent déclin de l'homme et de
l'artiste torturé par l'impuissance créatrice, le regret de sa patrie et peut-être la conscience qu'il ne tira pas profit
de son talent prometteur. En ces derniers moments, entre autres Henryk Siemiradzki prit soin de l'artiste. Il a peint
un portrait de Stankiewicz, probablement peu avant la mort de l'artiste (il. 18).

Aleksander Stankiewicz mourut à l'automne 1892 à Rome. Quelques brèves notices parurent dans la presse
varsovienne, informant du décès de cet artiste déjà presque totalement oublié dans sa patrie.