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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 1): Texte. Tableau historique. Architecture — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1302#0030
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2 TABLEAU HISTORIQUE.

long-tems adoptées. Les statues de bronze et de marbre, enlevées à L'Etolie, à l'Epire, età l'Asie mi-
neure, et les artistes qui les avaient suivies à Rome, leur avaient aussi donné quelque idée des pro-
ductions de l'Art: mais ils n'avaient pas encore été à portée de contempler, au sein même de ces
contrées, au milieu de leurs villes florissantes, tout ce que le génie, le goût, la sensibilité inexpri-
mable des Grecs, avaient produit et rassemblé de chefs-d'œuvre.

Quelle dut être donc la surprise des Romains entrant dans Corintbc, dansThèbcs, dans Athènes,
à l'aspect de ces édifices somptueux, de ces portiques soutenus par d'innombrables colonnes, aussi
précieuses par la forme que par la matière; à la vue de ces statues admirables qui remplissaient les
temples et les places publiques, de ces peintures dont les illusions et les effets présentaient une
perfection si supérieure à leurs idées! Mais quels durent être en même tems le trouble et la terreur
répandus dans les ateliers'de ces écoles, à l'arrivée des soldats romains brisant les images des Epa-
minondas, des Findare, des Périclès; foulant aux pieds les tableaux qui retraçaient à leurs yeux
des évènemens qu'ils connaissaient peu, et des grâces qui leur étaient étrangères! Le ciseau, le pin-
ceau, tombent des mains des artistes effrayés; tout fuit à l'aspect de l'ignorance, plus avide de la
matière que de l'art. La désolation est dans le sanctuaire des muscs; la lyre d'Apollon ne les rap-
pelle plus; les chefs-d'eeuvre, mutilés, dispersés, n'offrent plus de modèles aux écoles (i).

Tel est le fatal échec que reçut l'Art dans ses foyers, au sac de Corinlhe: celui qu'il éprouva lors
de la prise d'Athènes fut plus funeste encore. Frappé d'une plaie profonde dans son pays natal, daus
ces heureuses contrées où sa perfection, fruit des recherches et des travaux de tant de génies, s'était
soutenue pendant plusieurs siècles, jamais il ne s'est entièrement relevé de ces premières atteintes.

Cependant, assis sur les débris des monumens dont ils ordonnaient la destruction, les chefs des
soldats romains y fixent leurs regards. Ces hommes, nés avec l'amour effréné de la gloire, et avec
une force d'amc qui rend capable de tout ce qui peut satisfaire cette passion, devaient avoir au
moins le germe du sentiment du beau. Soudain il se développe en eux : Métellus, Mummius (2), gui-
dés par l'instinct plus que parle goût, arrêtent le pillage, épargnent les objets les plus précieux en
tout genre, pour les envoyer à Rome (3) ; et, après en avoir fait l'ornement de leurs triomphes, ils
en décorent les temples, les basiliques, les places où s'assemblait ce peuple déjà maître de tant
d'autres (4). C'est ainsi que Rome se trouva enrichie, et la Grèce dépouillée.

CHAPITRE II

ITALIE.

De l'Empire Romain, et de l'état de l'Art Jusqu'à sa décadence
au ivc siècle.

Les Romains victorieux ne connaissant pas encore la pratique de l'Art, et les Grecs abaissés étant
contraints de le négliger, il se trouva presque réduit à la stérilité, durant une jjarlie du dernier

M Tune radis et gratin mîrarî ncsciits artes, tificiim perfectas manibiis tabulas ac statuas in haliam portandas

Urbibus eversù, pnvdarum in parte rrperta loearet, jnberet prtrdici canducentilnts : si cas perdidissent , no-

Magnonini artificûmfrangebatpocuia mites. vas eos reddituros. Vell. Paterc, lib. i, cap. i3.

Juuur.,5atir. XI, wn 100. Ce fut sans doute pour se faire pardonner sou ineptie et ses saeri-

Polybc, cité par Strabon, rapporte <jue, pendant te sac de Co- légcs que Mummius, après la conquête de i'Achaîe. consacra, dans

rintho, des soldais romains jouaient aux dès sur lo fameux tableau do l'Altis d'Oljmpîe, une statue de Jupiter en bronze. Pausau., Eliac. I,

Baccbus peint par Aristide. Strabon, lib. vm, édit. d'Oxford, t. I, seu lib. v, cap. a^.
pag. G5a. {3} Captivum portatur cbur, captiva Cort'utfius.

(a) Mummius, s'il en faut croire Velleïus Paierculus, était, lors de Boa»*., SpUt, lib. ii.tplit I, y. 19S.

la prise de Corinlho, si étranger aux Beaux-arts, qu'il menaça ceux (4) Mummius, devictd AchaUl, rrplcvic urbem (statutsscilicet).

qu'il avait chargés de transporter en Italie les anciens mon umens do Plin., lib. xxxiv, cap. 17. — Tabnlis autem exlernis auctoritatem

l'Art grec, de les forcer à en fournir .le neufs, s'ils les perdaient; Jiom.r publier fecit priants omnium L. Mummius. Ibid., lib. xxxv,
Mummius iàm rudisfaitut, captd Corintho, ciim 1
 
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