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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 1): Texte. Tableau historique. Architecture — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1302#0191
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SECONDE PARTIE.

RÉGNE DU SYSTÈME D'ARCHITECTURE DIT GOTHIQUE, DEPUIS LES IXe, Xe, ET XIe SIECLES,
JUSQU'AU MILIEU DU XV1:.

Du sein de l'ignorance, et du mélange mal assorti de formes et d'ornemens de tout genre que P1.XXSV.

nous venons d'observer dans dilïérens degrés, naquit enfin une manière de construire nouvelle et Premiers indice* de

° X rarehiteciuioditoGo-

extraordinairc. thiqw> on Italie, &

La fermentation qui, dès le XIe siècle, et plus particulièrement au XIP et au XIIP, agita vive- .."^acRoiuc" DC°'
ment les peuples de l'Europe pour le recouvrement de leur liberté, ou les porta dans les régions 1X*,X*, xpotXU*
orientales, soit pour la véritable gloire de la religion, soit sous le prétexte d'honorer le tombeau
du Messie, cette fermentation se fit pareillement ressentir dans l'esprit des hommes livrés à la cul-
ture des lettres, ou occupes de l'exercice des beaux-arts.

Fatigués de l'obscurité où nous venons de les voir enveloppés, honteux peut-être du désordre où
était tombé l'art de bâtir, les architectes embrassèrent avidement, en ce qui concerne les parties
principales des édifices, une invention qui charma leur imagination, ou qui d'abord captiva agréa-
blement leurs regards, si toutefois on peut croire que c'est dans les croisades qu'ils en virent pour
la première fois les produits.

L'établissement de ce genre d'Architecture, à une époque où les vrais principes étaient totale-
ment oublies, en empêcha le retour pendant près de quatre siècles.

Pour parler de celte manière de bâtir avec l'ordre et la clarté qu'exige l'histoire de l'Art, nous
devons distinguer trois choses, ses caractères, son origine, sa dénomination.

Une des singularités qui accompagnent l'invention de cette architecture, c'est qu'avant d'eu déter-
miner les caractères, il faille s'occuper de la dénomination par laquelle on est en coutume de la
désigner, prouver que cette dénomination n'est fondée sur rien de réel, et néanmoins s'en servir
pour être entendu. Ou l'appelle architecture gothique.

Ce mot a été employé pendant long-tems pour qualifier tout genre de construction qui s'éloignait
des bons principes de l'architecture grecque ou romaine, comme si les Goths qui s'emparèrent de
l'Italie au Ve siècle, étaient les auteurs de cette corruption du goût. C'était errer sur les causes; cette
opinion est détruite, quant au fond; mais la dénomination a survécu à l'opinion qui l'avait fait
adopter.

Maffei disait, en 1732: Nacque tal opinione dalla superbia nostra. Vcrona illustrais; tom. fil,
cap. 4.

Muratori disait pareillement : Donner le nom de gothique à l'architecture qui manque de beauté
dans les proportions, c'est un usage qui n'est fondé sur rien de solide: Sono lutte tmaginazioni
vane. Dissert. XXIII.

Toutefois la décadence des lettres et des arts coïncidant avec celle de l'établissement des Goths
en Italie, et par conséquent avec la conquête qu'ils firent de ce pays, on peut pardonner aux habi-
tans d'avoir, par une sorte de vengeance, donné le nom d'une nation ennemie qui les avait accablés
de maux de toute espèce, à une manière de bâtir contraire aux règles, plutôt que de l'avoir nom-
mée anti-grecque ou anti-romaine.

On a fait la même observation sur l'usage aussi peu fondé, de nommer gothiques les caractères
d'écriture qui ayant dégénéré dans différens teins, se sont éloignés de la belle écriture romaine.
Maffei, deW htoria di f^erona, lib. si.
 
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