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INTRODUCTION. 7

Les Romains, sous les premiers empereurs, rassasiés de richesses et de gloire, éprouvèrent le
besoin des jouissances de l'imagination, et plusieurs d'entre eux, parmi les personnages les plus
distingués, ne dédaignèrent pas de cultiver les beaux-arts. Or, il doit être reconnu que de l'étude
la plus superficielle des arts à la persuasion qu'ils en ont acquis une connaissance approfondie, et
au désir de leur dicter des lois, le passage est facile et prompt pour les hommes riches. L'empereur
que je viens de citer en ofl'rc un exemple frappant. Ce sentiment s'étant répandu parmi les Romains,
ils éprouvèrent bientôt l'ambition de se montrer les émules des Etrusques et des Grecs qui avaient
successivement été leurs maîtres dans l'Architecture, et ils créèrent un nouvel ordre, dont les for-
mes ne lurent qu'un emprunt fait à l'ionique et au corinthien, et qu'on appelle par cette raison
Composite. Ou ne peut nier que cet ordre n'ait une magnificence propre à flatter agréablement la
vue; mais au fond il ne renferme rien qui surpasse ni la beauté noble de l'ordre corinthien, ni l'élé-
gance de l'ionique.

Si cette remarque parait sévère, du moins convîcndra-t-on qu'après les conquêtes d'Aurélien et
de Dioclétien, l'exemple de l'Orient ayant accru la ]>assion des Romains pour la magnificence des
édifices, ils tombèrent sur ec point dans un excès véritablement condamnable. Les thermes que
Dioclétien construisit à Rome, ainsi que sou palais de Salonc, allérèi-cnt, par un effet de ce goût
désordonné, la véritable idée de la grandeur. Cette corruption attesta que lorsqu'un art est parvenu
à sa perfection, et que des esprits ambitieux, négligeant ses vrais principes, se laissent séduire par
le vain désir d'aller au-delà, la décadence est un effet inévitable et prompt de celte erreur. L'in-
fluence des égaremens de Dioclétien se fit manifestement sentir sous le règne de Constantin. L'Ar-
chitecture passa presque subitement de la surabondance d'ornemens que le premier de ces princes
avait paru goûter, à une pesanteur excessive dans les membres principaux des ordres, ;i une fati-
gante multiplication de moulures sans motifs et sans harmonie, et enfin à un oubli absolu de toute
convenance et de tout principe.

Ce rapide exposé de l'état où se trouva successivement l'Architecture chez les quatre peuples qui
ont été l'objet de notre attention, prouvera suffisamment la justesse de l'observation par laquelle
nous l'avons commencé. On y voit l'influence des causes qui agissent le plus puissamment sur le
génie des arts après le climat, celle des mœurs, de la relîgiou, et des ebangemens qu'une nation
peut éprouver dans son étal pobtique durant le cours de plusieurs siècles.

Le caractère de l'Architecture est solide et sévère, ainsi que celui des Romains eux-mêmes, lors-
que ce peuple fonde la république; magnifique dans les premiers tems de l'empire; surchargé de
fastueux ornemens par uu effet du luxe des grands et des princes dans les siècles suivans, et dégradé
enfin, appauvri, bizarre, nul, pendant dix siècles, au milieu de la ruine de l'empire, L'Art ne
recouvre son lustre qu'aux XV1 et XVIe siècles.
 
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