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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 1): Texte. Tableau historique. Architecture — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1302#0227
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SYSTÈME GOTHIQUE. 9.1

sans mérite; mais ou y voit une sorte d'indécision, qui annonce que, dans la carrière nouvelle que Pi.xux.

l'artiste s'est ouverte, ses pas sont encore timides. Ce caractère est plus sensible peut-être dans les !'ln"> '"'t" > «im-
parties de décoration que nous offrent les planches XLIX et L. Plusieurs tic ces parties, et no ta m- glto du s Esprit, h
ment la forme des chapiteaux et des bases, sont d'un assez, bon style; mais les entrecolonnemcns J^*™"*0'l'ar i)l'u,,cl"
trop écartés, la petitesse des corniches, la hauteur des pilastres du centre de l'église, les ouvertures
étroites des fenêtres, les moulures du pourtour des chapelles qui viennent se profiler jusque sur le
pavé, font encore sentir l'influence du système gothique dont Brunelleschi cherchait à délivrer l'Ar- P] ,

chitecturc, et décèlent les entraves dans lesquelles se débattait son génie restaurateur. On les retrouve Minion <Ioj prind-
égalcmont dans quelques uns des détails de l'église du S' Esprit, construction postérieure à celle de clmwwro dé Brunol-
S' Laurent, planche L, fig. 9,11, 12, i3 et 14: mais la planche XLIX nous montre en même tems
tout ce que-l'artiste avait acquis quand il traça cette composition. Un plan d'une proportion plus
heureuse, l'espacement des colonnes mieux entendu, l'emploi de demi-colonnes substitue à des
pilastres secs et mesquins, des orncmcnsplus sobrement distribués et moins pesans, enfin de l'unité
et de l'élégance avec un caractère simple et mâle ; voilà ce qui frappe en entrant dans l'église du
S' Esprit.

Brunelleschi nous a douué la preuve de son esprit d'invention et du sentiment qu'il avait du style
antique, dans l'église des Anges, qui, commencée à Florence sur ses dessins, n'est pas achevée
même aujourd'hui. Ou y remarque, planche L, fig. 16 et 17, la conception ingénieuse du plan,
octogone dans l'intérieur et à seize pans au-dehors, afin de diminuer la trop grande épaisseur des
murs. Si on est tenté de reprocher quelque pesanteur à l'ensemble de l'édifice, on s'apperçoït avec
plaisir que l'artiste a su distraire l'œil de cette impression, par la légèreté de la corniche et de l'at-
lique qui soutiennent fa coupole dans l'intérieur, et par le nu du profil extérieur.

Après avoir, dans ces monumens, tenté de rappeler l'Architecture aux règles des proportions et de
la convenance, dans fa partie de la décoration, Brunelleschi prouva, parla construction des bàti-
mens d'une abbaye à Fiesolc, qu'il connaissait également bien l'art d'allier, dans la distribution d'un
plan, la commodité à la magnificence. Vasari le loue particulièrement de l'intelligence avec laquelle
il sut, dans cette occasion, tirer parti d'un emplacement peu favorable.

Le même écrivain nous apprend aussi que Brunelleschi fut charge de la construction de plusieurs
forteresses, et qu'il y montra que la partie vraiment essentielle de l'Architecture, la solidité, ne lui
était point étrangère. Nous pouvons prendre une idée de ses principes, à cet égard, dans le palais Pâti,
dont la façade, planche L, fig. i5, est élevée sur ses dessins jusqu'à l'entablement du premier étage.
Obsei'vons, en passant, que les factions et les guerres civiles qui déchiraient alors la plupart des
villes d'Italie, exigeant que les palais du gouveruemsnt et même ceux des familles les plus consi-
dérables fussent construits de manière à pouvoir servir de lieux de sûreté, la magnificence de
l'architecture civile consistait principalement dans la force. C'est le caractère de l'édifice que nous
avons sous les yeux; ce fut celui qu'adopta, à la même époque, l'ai'chitecturc florentine, et que les
artistes de cette école portèrent ensuite dans les divers pays où ils furent appelés.

Mais le plus important des travaux de Brunelleschi, celui qui atteste le mieux la supériorité de
son génie, c'est sans contredit la coupole de la cathédrale de Florence. Ce monument se trouvant
placé à son rang chronologique dans le tableau des coupoles, nous n'en présentons ici qu'une vue
extérieure, pi. L, fig. 18, afin de rappeler qu'exécuté en arc ogive ou de tiers-point, il est le dernier
exemple de ce genre. Quoique l'un des premiers auteurs de l'abandon de cet arc, qui caractérisé en
quelque sorte l'architecture dite gothique, Brunelleschi l'employa dans celte occasion, probable-
ment pour se conformer au style d'une église commencée plus d'un siècle avant lui; mais l'emploi
judicieux qu'il sut en faire prouve à la fois sa science et sou génie. J'ai présenté, sous la figure 19,
une vue de l'échafaud qu'il inventa pour faciliter la construction de cette coupole : Vasari le vante
avec raison pour sa solidité et sa simplicité.

Tandis que Brunelleschi marchait, dans l'enseignement, de la pratique à la théorie, route qui
semble plus conforme au vœu de la nature dans les arts qui n'ont d'existence qu'à l'aide d'objets
 
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