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https://doi.org/10.11588/diglit.4677#0029
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cherchaient ces situations pour donner un fond naturel aux représentations scéniques.
C'est une erreur qu'on ne saurait assez combattre; car je vois qu'elle existe encore chez
le plus grand nombre des hommes qui ont écrit sur ce sujet; il serait trop long et
peu utile de les citer ici. 11 faut qu'on soit bien persuadé que les salles des théâtres an-
ciens étaient aussi bien closes que les nôtres : je ne dis pas pour la circulation de l'air,
mais au moins pour la vue. Le proscenium s'élevait jusqu'à la hauteur du dernier
rang de gradins, et le tout était recouvert par le vélarium. Les spectateurs ne pouvaient
donc nullement être distraits par l'aspect des objets extérieurs. Pendant que je visitais
le théâtre de Tralles, des ouvriers qui étaient occupés à fouiller l'emplacement du pros-
cenium pour en extraire les derniers blocs de marbre, mirent à découvert une cariatide
qui, je pense, faisait partie de l'ordonnance supérieure. Ce morceau de sculpture me
parut inspiré des cariatides d'Athènes. Il était adossé à un pilastre dans le genre des
statues de Thessalonique. La tête portait un modius; les cheveux étaient ramenés en
grosses nattes de chaque côté du cou. La figure était vêtue de la chlamyde athénienne;
des tenons placés de chaque côté indiquaient que les bras avaient été rapportés. La
hauteur de la figure était environ de trois mètres. J'observai aussi quelques chapiteaux
d'ordre corinthien, mais qui portaient dans leur feuillage le cachet de l'architecture
grecque. A l'ouest du théâtre, on voit trois grandes arcades qui ont appartenu à un reste
d'édifice. Elles sont bâties en pierres de taille; mais dans les pièces qui étaient atte-
nantes, on voit encore les peintures qui décoraient les voûtes. Il reste encore, de tous
côtés, des débris de murailles, des colonnes de granit, et des chapiteaux de marbre
dont on aurait peine à retrouver la destination primitive. La plupart des mosquées d'Aï-
din ont été construites avec des matériaux antiques.
Les habitants de Tralles passaient pour être plus lettrés qu'aucuns des autres habi-
tants de l'Asie. La charge d'asiarque ou préfet de la province était généralement dé-
volue à un citoyen de Tralles. Strabon nomme Pithodorus, qui de son temps en était
revêtu. Il y avait dans la ville un temple de la Victoire, dans lequel on vit un palmier
pousser près de la statue élevée en l'honneur de César. Aussi Auguste traita-t-il cette
ville avec distinction, et y fit rétablir ceux de ses édifices qui avaient été renversés par
des tremblements de terre. On cite encore Monodore, prêtre du temple de Jupiter La-
rissœus, comme un des citoyens distingués qui vivaient du temps de Strabon (l). Il fut
mis à mort par ordre de Domitius yEnobarbus.
Le grand commerce de transit dont elle était le centre, fit fleurir cette ville, même
dans la période la plus désastreuse des guerres byzantines. L'empereur Andronic, fils
de Paléologue, qui avait repoussé les Turcs, déjà maîtres cependant d'Ephèse et de
Milet, voulut faire augmenter et rebâtir l'ancienne Tralles, qui fut ainsi reportée
un peu plus à l'est, et établie sur le torrent même qui s'appelait Thébaïs. La ville
moderne ne remonte pas en effet au delà des dernières années du xme siècle. Il pos-
sédait aussi la ville d'Antioche et la ville de Nymphaeum, qui étaient ses principales
forteresses. Mais Tralles, ayant été assiégée de nouveau par les Turcs, fut bientôt
obligée de se rendre; ils avaient rompu les aqueducs et établi un barrage en amont du
ruisseau. Aujourd'hui Guzel-Hissar a la physionomie de toutes les villes turques. Ex-
cepté quelques édifices publics qui sont en pierres, toute la ville est bâtie de bois; les
bazars, qui forment des dédales inextricables, sont composés de maisons en voliges,
dans lesquelles une seule étincelle développe de furieux incendies. Trois ou quatre
fois, pendant mon séjour en Asie, la ville d'Aïdin a été dévorée par les flammes,
(" Strabon, liv. XIV, p. 648.
cherchaient ces situations pour donner un fond naturel aux représentations scéniques.
C'est une erreur qu'on ne saurait assez combattre; car je vois qu'elle existe encore chez
le plus grand nombre des hommes qui ont écrit sur ce sujet; il serait trop long et
peu utile de les citer ici. 11 faut qu'on soit bien persuadé que les salles des théâtres an-
ciens étaient aussi bien closes que les nôtres : je ne dis pas pour la circulation de l'air,
mais au moins pour la vue. Le proscenium s'élevait jusqu'à la hauteur du dernier
rang de gradins, et le tout était recouvert par le vélarium. Les spectateurs ne pouvaient
donc nullement être distraits par l'aspect des objets extérieurs. Pendant que je visitais
le théâtre de Tralles, des ouvriers qui étaient occupés à fouiller l'emplacement du pros-
cenium pour en extraire les derniers blocs de marbre, mirent à découvert une cariatide
qui, je pense, faisait partie de l'ordonnance supérieure. Ce morceau de sculpture me
parut inspiré des cariatides d'Athènes. Il était adossé à un pilastre dans le genre des
statues de Thessalonique. La tête portait un modius; les cheveux étaient ramenés en
grosses nattes de chaque côté du cou. La figure était vêtue de la chlamyde athénienne;
des tenons placés de chaque côté indiquaient que les bras avaient été rapportés. La
hauteur de la figure était environ de trois mètres. J'observai aussi quelques chapiteaux
d'ordre corinthien, mais qui portaient dans leur feuillage le cachet de l'architecture
grecque. A l'ouest du théâtre, on voit trois grandes arcades qui ont appartenu à un reste
d'édifice. Elles sont bâties en pierres de taille; mais dans les pièces qui étaient atte-
nantes, on voit encore les peintures qui décoraient les voûtes. Il reste encore, de tous
côtés, des débris de murailles, des colonnes de granit, et des chapiteaux de marbre
dont on aurait peine à retrouver la destination primitive. La plupart des mosquées d'Aï-
din ont été construites avec des matériaux antiques.
Les habitants de Tralles passaient pour être plus lettrés qu'aucuns des autres habi-
tants de l'Asie. La charge d'asiarque ou préfet de la province était généralement dé-
volue à un citoyen de Tralles. Strabon nomme Pithodorus, qui de son temps en était
revêtu. Il y avait dans la ville un temple de la Victoire, dans lequel on vit un palmier
pousser près de la statue élevée en l'honneur de César. Aussi Auguste traita-t-il cette
ville avec distinction, et y fit rétablir ceux de ses édifices qui avaient été renversés par
des tremblements de terre. On cite encore Monodore, prêtre du temple de Jupiter La-
rissœus, comme un des citoyens distingués qui vivaient du temps de Strabon (l). Il fut
mis à mort par ordre de Domitius yEnobarbus.
Le grand commerce de transit dont elle était le centre, fit fleurir cette ville, même
dans la période la plus désastreuse des guerres byzantines. L'empereur Andronic, fils
de Paléologue, qui avait repoussé les Turcs, déjà maîtres cependant d'Ephèse et de
Milet, voulut faire augmenter et rebâtir l'ancienne Tralles, qui fut ainsi reportée
un peu plus à l'est, et établie sur le torrent même qui s'appelait Thébaïs. La ville
moderne ne remonte pas en effet au delà des dernières années du xme siècle. Il pos-
sédait aussi la ville d'Antioche et la ville de Nymphaeum, qui étaient ses principales
forteresses. Mais Tralles, ayant été assiégée de nouveau par les Turcs, fut bientôt
obligée de se rendre; ils avaient rompu les aqueducs et établi un barrage en amont du
ruisseau. Aujourd'hui Guzel-Hissar a la physionomie de toutes les villes turques. Ex-
cepté quelques édifices publics qui sont en pierres, toute la ville est bâtie de bois; les
bazars, qui forment des dédales inextricables, sont composés de maisons en voliges,
dans lesquelles une seule étincelle développe de furieux incendies. Trois ou quatre
fois, pendant mon séjour en Asie, la ville d'Aïdin a été dévorée par les flammes,
(" Strabon, liv. XIV, p. 648.