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et les habitants, avec une patience imperturbable, recommencent de nouveau leurs
constructions de bois, dont ils estiment la durée moyenne à trois années. Ces calculs
se font aussi dans quelques villes du littoral, et c'est sur cette base que sont établis les
prix des locations. La ville d'Aïdin est peuplée d'environ trente mille âmes, dont les
deux tiers sont Turcs, et l'autre tiers chrétiens ou juifs. On y fait des maroquins esti-
més, qui sont teints en jaune par le moyen de la graine de Perse. L'agriculture, le co-
ton et la soie donnent aussi des produits abondants; mais rincurie de l'administration,
qui laisse à chacun la libre disposition du cours d'eau, a laissé transformer en un
cloaque pestilentiel une petite rivière qui devait contribuer à la salubrité de la ville.
Les abattoirs, les écorcheries, les tanneries de tout genre, y portent leurs résidus, de
sorte que dans l'été tout le quartier du ruisseau est inhabitable.

J'ai dit, dans la description de Smyrne, que le mont Tmolus était habité par une
tribu musulmane qui ne paraît pas appartenir à la famille des Osmanlis; leur caractère
tranché, leur taille, et jusqu'à la forme de leurs jambes, indiquent que ces hommes ap-
partiennent à une race particulière ; ce sont peut-être les restes de ces Cariens qui ont
échappé dans leurs montagnes à la fusion que la domination romaine a opérée dans toute
l'étendue de l'empire. On appelle ces montagnards les Zeïbeks; le chef-lieu de leur
district est Aïdin; ils se livrent généralement à la profession des armes; quelques-uns
sont pasteurs; mais ils n'exercent aucune industrie. Ils se distinguaient surtout des Os-
manlis par la forme extraordinairement élevée de leurs turbans et par leurs culottes
courtes et serrées. Du temps de la domination des Deré-Bey, les Zeïbeks fournissaient un
contingent nombreux au Timar: c'étaient les contingents que les Beglyerbeys envoyaient
au Grand Seigneur. On les retrouve constamment engagés au service des pachas dans
leurs querelles particulières. Peu à peu la puissance de ces cohortes s'augmenta, et dans
ces derniers temps, lorsque le sultan Mahmoud eut proclamé la création du Nizam, les
Zeïbeks résolurent d'y résister, et se mirent en insurrection. Il est rare, dans ces sortes
d'événements, qu'une question religieuse ne se mêle pas à la question politique. Salig-
Bey, gouverneur d'Aïdin, avait à son service un chef Zeïbek nommé Kel-Mehemet. Ce
fut lui qui fut élu pour organiser l'insurrection. Il était agha du village de Actché près
de Kouiou-Djak ; à peine fut-il choisi par ses compatriotes, qu'il eut une vision; et cha-
que nuit, disait-il, un ange, portant deux flambeaux , descendait dans sa demeure pour
lui donner des avis. Personne ne doutait de la présence d'un envoyé mystérieux, car
toutes les nuits sa maison était splendidement éclairée; mais aussi nul ne se serait avisé
de regarder ce qui s'y passait, ni de surprendre un entretien nocturne.

Un autre ahga. son voisin, nommé Karasali, ne doutant pas de la puissante intervention
qui se manifestait, donna sa fille en mariage à Kel-Mehemet, et bientôt tous les petits
aghas du montTaurus, Katib-Oglou, Durusli-Oglou, Osman Agha, Keur-lbrahim, vinrent
augmenter avec leur monde le noyau de l'insurrection. C'est alors seulement que Salig-
Bey commença à s'émouvoir; les rebelles avaient fermé tous les passages de la montagne,
de sorte qu'il ne pouvait plus communiquer avec Smyrne. Cet état de choses dura plus
de six mois, soit parce que le pacha craignait d'avertir la Porte de cette insurrection,
soit à cause de la lenteur que les Turcs mettent dans toutes ces sortes d'affaires. Pendant
ce temps-là, les rebelles avaient pris Baindir, ils avaient levé des contributions et s'é-
taient mis sérieusement en état défaire la guerre. Ils marchèrent contre Aïdin, qui tomba
en leur pouvoir; mais Salig-Bey s'était retiré, et avait été demander du secours aux au-
tres gouverneurs. Lorsque les Nizams arrivèrent, les habitants d'Aïdin, qui avaient été
mis à contribution par les Zeïbeks, se mirent de leur parti, et la ville fut reprise. Mais

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