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que c'est là que les erreurs sont plus faciles à commettre. Examinons d'abord les diffi-
cultés mathématiques que présente le texte de Pline, en conservant le sens qui a été
adopté jusqu'à ce jour.
«Patet abaustro et septemtrione sexagenos ternos pedes, brevius a frontibus, toto cir-
cuitu pedes quadringentos undecim. »
L'édifice présenterait donc un plan rectangulaire dont deux cotés auraient soixante-
trois pieds, deux autres un peu moins, c'est-à-dire, en prenant le maximum, soixante
pieds, et dont tout le pourtour serait de quatre cent onze pieds.
Le résultat d'un tel calcul est donc une erreur de deux cent quatre-vingt-cinq
pieds.
Tous ceux, sans exception, qui ont commenté ce passage ont tranché la difficulté en
imaginant que cette longueur de quatre cent onze pieds devait s'appliquer à uu soubas-
sement ou à une area imaginaire dont il n'est nullement question dans le texte (,). Peut-
on supposer que l'auteur aurait donné les deux dimensions du corps de l'édifice , pour
sauter ensuite à la mesure d'une enceinte, sans le mentionner dans son texte? Ainsi,
quoique les commentateurs, en reconstruisant l'édifice, n'aient pas touché au texte la-
tin, ils n'\ ont pas moins introduit par le fait un mot nouveau, et ont dit, toto circuitu
areœ, ou toto circuitu. crepidinis, etc.
Gaylus, le premier qui ail imaginé d'appliquer à une enceinte la mesure de quatre
cent onze pieds traduit : « Dans les faces tournées au midi et au septentrion il a
soixante-trois pieds; il en a moins des deux autres cotés qui lui servent de faces ou d'en-
trées. Le pourtour entier est de quatre cent onze pieds. » C'est-à-dire que, tout en tradui-
sant, il répond à sa pensée, sans s'attacher au texte; car on ne saurait trouver une telle
phrase dans les mots, brevius a frontibus.
Une restitution proposée par M. Gockerell, architecte anglais, admet également l'exis-
tence d'une area ou enceinte. M. de Ghoiseul et M. Quatremère de Quincy supposent
que ces /\\\ pieds sont le pourtour d'un soubassement; mais, en somme, tous ont in-
troduit dans l'ordonnance de l'édifice une disposition qui n'est pas mentionnée dans le
texte, et par conséquent l'ont implicitement modifié. Si nous examinons les mesures
données pour les hauteurs, en nous en référant toujours aux traductions acceptées jus-
qu'ici, les difficultés ne sont pas moindres : Attollitur in altitudinem viginti quinque cu~
bitis. Il s'élève à une hauteur de vingt-cinq coudées. Ces vingt-cinq coudées valent tren-
te-sept pieds et demi. Sur cette partie de l'édifice s'élevait une pyramide égale à la
hauteur inférieure, par conséquent, de trente-sept pieds et demi, et en ajoutant le
quadrige, dont la hauteur ne peut dépasser douze pieds, nous avons une mesure de
quatre-vingt-sept pieds. Cependant, Pline donne cent quarante pieds de hauteur à tout
(l) Les auteurs qui ont publié des essais de restitution Quatremère de Quincy, 1834, Essai de dissertations
du tombeau de Mausole sont au nombre de neuf: archéologiques. In-4°;
Caylus, i 753, Mémoire de littérature de l'Académie Hirt, Geschichte der Baukunst ; Atlas, pi. X, i/\,, et
des inscriptions et belles-lettres, tome XXVi, p. 33i ; pi. XXX, i4;
Auguste Rode, 1800, frontispice de l'édition de Vi- Canina , i84o, Àrchitectura antica, tome II, tav.
truve. Berlin, in-4°; 155, d'après une médaille [apocryphe) de la reine Arté-
Choiseul Gouffier, 1814, Voyage pittoresque de la mise;
Grèce. Tome I, in-fol. ; Cockerell , 1846, dans la dissertation sur ce maii-
Weinbrenner, i8a5, dans Kàercher, handzeschnun- solée par Charles Newton. Extrait du Classicat Mu-
gen zur Mythologie und Archâologie, Garlsruhe, sec- seum, part. XVI, p. 25;
tion IV, planche VIII; Dal Marquez, cité par Can
ma.
que c'est là que les erreurs sont plus faciles à commettre. Examinons d'abord les diffi-
cultés mathématiques que présente le texte de Pline, en conservant le sens qui a été
adopté jusqu'à ce jour.
«Patet abaustro et septemtrione sexagenos ternos pedes, brevius a frontibus, toto cir-
cuitu pedes quadringentos undecim. »
L'édifice présenterait donc un plan rectangulaire dont deux cotés auraient soixante-
trois pieds, deux autres un peu moins, c'est-à-dire, en prenant le maximum, soixante
pieds, et dont tout le pourtour serait de quatre cent onze pieds.
Le résultat d'un tel calcul est donc une erreur de deux cent quatre-vingt-cinq
pieds.
Tous ceux, sans exception, qui ont commenté ce passage ont tranché la difficulté en
imaginant que cette longueur de quatre cent onze pieds devait s'appliquer à uu soubas-
sement ou à une area imaginaire dont il n'est nullement question dans le texte (,). Peut-
on supposer que l'auteur aurait donné les deux dimensions du corps de l'édifice , pour
sauter ensuite à la mesure d'une enceinte, sans le mentionner dans son texte? Ainsi,
quoique les commentateurs, en reconstruisant l'édifice, n'aient pas touché au texte la-
tin, ils n'\ ont pas moins introduit par le fait un mot nouveau, et ont dit, toto circuitu
areœ, ou toto circuitu. crepidinis, etc.
Gaylus, le premier qui ail imaginé d'appliquer à une enceinte la mesure de quatre
cent onze pieds traduit : « Dans les faces tournées au midi et au septentrion il a
soixante-trois pieds; il en a moins des deux autres cotés qui lui servent de faces ou d'en-
trées. Le pourtour entier est de quatre cent onze pieds. » C'est-à-dire que, tout en tradui-
sant, il répond à sa pensée, sans s'attacher au texte; car on ne saurait trouver une telle
phrase dans les mots, brevius a frontibus.
Une restitution proposée par M. Gockerell, architecte anglais, admet également l'exis-
tence d'une area ou enceinte. M. de Ghoiseul et M. Quatremère de Quincy supposent
que ces /\\\ pieds sont le pourtour d'un soubassement; mais, en somme, tous ont in-
troduit dans l'ordonnance de l'édifice une disposition qui n'est pas mentionnée dans le
texte, et par conséquent l'ont implicitement modifié. Si nous examinons les mesures
données pour les hauteurs, en nous en référant toujours aux traductions acceptées jus-
qu'ici, les difficultés ne sont pas moindres : Attollitur in altitudinem viginti quinque cu~
bitis. Il s'élève à une hauteur de vingt-cinq coudées. Ces vingt-cinq coudées valent tren-
te-sept pieds et demi. Sur cette partie de l'édifice s'élevait une pyramide égale à la
hauteur inférieure, par conséquent, de trente-sept pieds et demi, et en ajoutant le
quadrige, dont la hauteur ne peut dépasser douze pieds, nous avons une mesure de
quatre-vingt-sept pieds. Cependant, Pline donne cent quarante pieds de hauteur à tout
(l) Les auteurs qui ont publié des essais de restitution Quatremère de Quincy, 1834, Essai de dissertations
du tombeau de Mausole sont au nombre de neuf: archéologiques. In-4°;
Caylus, i 753, Mémoire de littérature de l'Académie Hirt, Geschichte der Baukunst ; Atlas, pi. X, i/\,, et
des inscriptions et belles-lettres, tome XXVi, p. 33i ; pi. XXX, i4;
Auguste Rode, 1800, frontispice de l'édition de Vi- Canina , i84o, Àrchitectura antica, tome II, tav.
truve. Berlin, in-4°; 155, d'après une médaille [apocryphe) de la reine Arté-
Choiseul Gouffier, 1814, Voyage pittoresque de la mise;
Grèce. Tome I, in-fol. ; Cockerell , 1846, dans la dissertation sur ce maii-
Weinbrenner, i8a5, dans Kàercher, handzeschnun- solée par Charles Newton. Extrait du Classicat Mu-
gen zur Mythologie und Archâologie, Garlsruhe, sec- seum, part. XVI, p. 25;
tion IV, planche VIII; Dal Marquez, cité par Can
ma.