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mide coïncide avec une exactitude que je pourrais appeler mathématique avec celle qui
couronne le tombeau de Syphax. C'est bien cette forme composée de gradins en retraite
et qui s'arrondit en cône comme les meta du cirque.
Je pourrais, pour le Tombeau de la chrétienne, faire une opération tout à fait semblable,
sans changer autre chose que les dimensions. Serait-ce donc un effet du hasard qu'une
description d'un monument asiatique s'appliquant mot pour mot à des monuments
africains, s'il y avait entre eux des différences essentielles, comme par exemple, que l'un
fut quadrangulaire et les autres ronds? On peut dire qu'une pareille singularité ne se
serait jamais rencontrée.
Nous pouvons aujourd'hui comparer les travaux des commentateurs qui, depuis le
milieu du siècle dernier jusqu'au temps présent, ont tenté de restituer le tombeau de
Mausole. Ils se sont tous heurtés à une très-grande difficulté que présente le texte de
Pline, et qui n'a pu être résolue que par une interprétation tout à fait en dehors de la
traduction littérale. Le passage de Pline est ainsi conçu :
TEXTE DE PLINE <".
Scopas habuit seniulos eadem setate Bryaxin, et Timotheum, et Leoeharem, de quibus simul dicendum est, quo-
niam pariter caelavere Mausolo Caria? regulo, qui obiit olympiadis centesimœ sextse anno secundo. Opus id ut esset
inter septem miracula, ii maxime artifices fecere.
Patet ab austro et septemtrione sexagenos ternos pedes, brevius a f'rontibus, toto circuitu pedes quadringeutos un-
decim; attollitur in altudinem viginli quinque cubitis; cingitur columnis triginta sex. Pteron voeavere. Ab oriente
cœlavit Scopas, a septemtrione Bryaxis, a meridie Timotheus, ab occasu Leochares. Priusque quam peragerent, re-
gina Artemisia, quœ mariti mémorise id opus extrui jusserat, obiit. Non tamen recesserunt nisi absoluto jam, id
glorise ipsorum artisque judicantes : hodieque certant manus. Accessit et quintus artifex. Namque supra pteron
pyramis altitudine inferiorem sequavit, viginti quatuor gradibus in metse cacumen se contrahens. In summo est qua-
driga marmorea, quam feeit Pythis. Hsec adjecta centum quadraginta pednm altitudine totum opus sequavit.
Scopas eut en même temps pour rivaux Bryaxis , Timothée et Léocharès. I) ne faut pas les séparer ici, puisqu'ils
employèrent ensemble leur ciseau pour Mausole, petit roi de Carie, qui mourut la seconde année de la cent sixième
olympiade: ce sont les ouvrages de ces artistes qui firent placer ce monument au rang des merveilles du monde. Les
faces exposées au midi et au nord ont soixante-trois pieds ; il est plus court sur les fronts. Tout le pourtour est de
quatre cent onze pieds ; il s'élève sur une hauteur de vingt-cinq coudées; il est entouré de trente-six colonnes, et
l'on a donné à cette colonnade le nom de pteron. Scopas travailla du côté du levant, Bryaxis du côté du nord, Timo-
thée au midi, et Léocharès au couchant. La reine Artémise, qui avait fait élever ce tombeau à la mémoire de son
époux , mourut avant que ces artistes eussent achevé leur ouvrage ; mais ils voulurent le terminer pour leur propre
gloire et pour l'honneur de l'art : leurs ouvrages se disputent encore le prix. Un cinquième artiste se joignit à ceux
que j'ai nommés, car, au-dessus du pteron on éleva une pyramide dont la hauteur était égale à la partie inférieure et
qui était composée de vingt-quatre gradins, se terminant en forme de meta. Sur le sommet on plaça un quadrige
de marbre, ouvrage de Pythis, et qui, ajouté au reste, donnait à l'édifice une hauteur totale de cent quarante pieds.
Si ce passage n'était rebelle qu'à l'intelligence des architectes , on n'aurait aucun droit
de le modifier, et l'on devrait renoncer à tenter la restauration du monument; mais il
pèche contre les principes les plus élémentaires de la géométrie, contre les lois les plus
simples de l'arithmétique. On a donc dû admettre que ceux qui voudront approfondir
l'explication de ce passage auront la faculté d'y apporter quelques modifications; et on
doit reconnaître que celui qui aura présenté une solution conforme aux principes de
l'architecture grecque, en altérant le moins possible le sens littéral, aura plus appro-
ché de la vérité que tous les autres. Il est encore un fait sur lequel les commentateurs
sont d'accord: c'est que, dans le passage d'un manuscrit qui présente à l'esprit un sens
altéré, les corrections doivent porter de préférence sur les chiffres ou les mesures, parce
<" Pline, liv. XXXVI, eh. V, sect. 9.
mide coïncide avec une exactitude que je pourrais appeler mathématique avec celle qui
couronne le tombeau de Syphax. C'est bien cette forme composée de gradins en retraite
et qui s'arrondit en cône comme les meta du cirque.
Je pourrais, pour le Tombeau de la chrétienne, faire une opération tout à fait semblable,
sans changer autre chose que les dimensions. Serait-ce donc un effet du hasard qu'une
description d'un monument asiatique s'appliquant mot pour mot à des monuments
africains, s'il y avait entre eux des différences essentielles, comme par exemple, que l'un
fut quadrangulaire et les autres ronds? On peut dire qu'une pareille singularité ne se
serait jamais rencontrée.
Nous pouvons aujourd'hui comparer les travaux des commentateurs qui, depuis le
milieu du siècle dernier jusqu'au temps présent, ont tenté de restituer le tombeau de
Mausole. Ils se sont tous heurtés à une très-grande difficulté que présente le texte de
Pline, et qui n'a pu être résolue que par une interprétation tout à fait en dehors de la
traduction littérale. Le passage de Pline est ainsi conçu :
TEXTE DE PLINE <".
Scopas habuit seniulos eadem setate Bryaxin, et Timotheum, et Leoeharem, de quibus simul dicendum est, quo-
niam pariter caelavere Mausolo Caria? regulo, qui obiit olympiadis centesimœ sextse anno secundo. Opus id ut esset
inter septem miracula, ii maxime artifices fecere.
Patet ab austro et septemtrione sexagenos ternos pedes, brevius a f'rontibus, toto circuitu pedes quadringeutos un-
decim; attollitur in altudinem viginli quinque cubitis; cingitur columnis triginta sex. Pteron voeavere. Ab oriente
cœlavit Scopas, a septemtrione Bryaxis, a meridie Timotheus, ab occasu Leochares. Priusque quam peragerent, re-
gina Artemisia, quœ mariti mémorise id opus extrui jusserat, obiit. Non tamen recesserunt nisi absoluto jam, id
glorise ipsorum artisque judicantes : hodieque certant manus. Accessit et quintus artifex. Namque supra pteron
pyramis altitudine inferiorem sequavit, viginti quatuor gradibus in metse cacumen se contrahens. In summo est qua-
driga marmorea, quam feeit Pythis. Hsec adjecta centum quadraginta pednm altitudine totum opus sequavit.
Scopas eut en même temps pour rivaux Bryaxis , Timothée et Léocharès. I) ne faut pas les séparer ici, puisqu'ils
employèrent ensemble leur ciseau pour Mausole, petit roi de Carie, qui mourut la seconde année de la cent sixième
olympiade: ce sont les ouvrages de ces artistes qui firent placer ce monument au rang des merveilles du monde. Les
faces exposées au midi et au nord ont soixante-trois pieds ; il est plus court sur les fronts. Tout le pourtour est de
quatre cent onze pieds ; il s'élève sur une hauteur de vingt-cinq coudées; il est entouré de trente-six colonnes, et
l'on a donné à cette colonnade le nom de pteron. Scopas travailla du côté du levant, Bryaxis du côté du nord, Timo-
thée au midi, et Léocharès au couchant. La reine Artémise, qui avait fait élever ce tombeau à la mémoire de son
époux , mourut avant que ces artistes eussent achevé leur ouvrage ; mais ils voulurent le terminer pour leur propre
gloire et pour l'honneur de l'art : leurs ouvrages se disputent encore le prix. Un cinquième artiste se joignit à ceux
que j'ai nommés, car, au-dessus du pteron on éleva une pyramide dont la hauteur était égale à la partie inférieure et
qui était composée de vingt-quatre gradins, se terminant en forme de meta. Sur le sommet on plaça un quadrige
de marbre, ouvrage de Pythis, et qui, ajouté au reste, donnait à l'édifice une hauteur totale de cent quarante pieds.
Si ce passage n'était rebelle qu'à l'intelligence des architectes , on n'aurait aucun droit
de le modifier, et l'on devrait renoncer à tenter la restauration du monument; mais il
pèche contre les principes les plus élémentaires de la géométrie, contre les lois les plus
simples de l'arithmétique. On a donc dû admettre que ceux qui voudront approfondir
l'explication de ce passage auront la faculté d'y apporter quelques modifications; et on
doit reconnaître que celui qui aura présenté une solution conforme aux principes de
l'architecture grecque, en altérant le moins possible le sens littéral, aura plus appro-
ché de la vérité que tous les autres. Il est encore un fait sur lequel les commentateurs
sont d'accord: c'est que, dans le passage d'un manuscrit qui présente à l'esprit un sens
altéré, les corrections doivent porter de préférence sur les chiffres ou les mesures, parce
<" Pline, liv. XXXVI, eh. V, sect. 9.