( i29 )
mot, entre les fronts, dans une longueur de soixante-trois pieds; tout son circuit est
de quatre cent onze. L'auteur latin aurait voulu donner le diamètre et la circonférence.
Toute la difficulté du texte se résume dans cette seule phrase; car, en admettant une
correction du chiffre LXIII en GXXX, toute la construction de l'édifice s'établit natu-
rellement sans qu'on ait besoin d'imaginer aucune disposition qui ne soit pas positive-
ment énoncée dans le texte. Si l'on demande pourquoi je modifie le ehiffre LXIII de
préférence au chiffre CGGCXÏ, je répondrai que, dans un édifice circulaire, on peut
facilement déterminer la circonférence, tandis que, pour obtenir le diamètre, il faut une
opération beaucoup plus, longue et plus sujette à erreur. Je ne me dissimule pas tout
ce qu'a de grave une pareille modification; mais, d'une part, le texte est évidemment
altéré, puisqu'il a été déclaré par tous les commentateurs inintelligible sans avoir re-
cours «à un expédient quelconque. D'autre part, ceux qui ont proposé des restitutions du
tombeau n'ont pas abordé la restitution du texte; mais il est par le fait modifié bien
plus profondément que je ne le fais, en supposant l'aréa et le soubassement.
L'adoption de la disposition circulaire permet de donner aux colonnes une dimension
en harmonie avec la grandeur de l'édifice. Attollitur in altiludinem viginti quinque cubi-
tis, se rapporterait exactement à la hauteur des colonnes, qui auraient vingt-cinq cou-
dées, c'est-à-dire trois pieds sept dixièmes de diamètre; le reste de la construction s'é-
tablit sans la moindre difficulté.
Je ne dois point négliger de rapporter un document d'un historien du moyen âge qui
nous a laissé, pour ainsi dire, le dernier procès-verbal des dernières démolitions du
tombeau de Mausole. On verra que l'édifice était établi sur certaines marches de mar-
bre blanc qui s'élevaient en forme de perron, comme par exemple, celles qui entourent
le temple de Vesla, à Rome. C'était certainement l'escalier qui conduisait dans le ptéron.
Leur usage ne saurait s'expliquer avec la supposition d'un soubassement.
« L'an i522(t), lorsque sultan Solyman se préparoit pour venir assailir les Rhodiens ,
le grand-maistre sçachât l'importance de ceste place, et que le Turc ne faudrait point de
l'empiéter de première "abordée, s'il pouuait, y enuoya quelques cheualiers pour la reni-
parer et mettre ordre à tout ce qui estoil nécessaire pour soustenir l'ennemi, du nom.
bre desquels fut le Commandeur de la Tourette, Lyonnois, lequel se treuua depuis à la
prise de Rhodes, et vint en France, où il fit, de ce que ie vay dire maintenant, le ré-
cit a monsieur d'Alechamps, personnage assez recognu par ses doctes escrits, et que ie
nomme seulement, à fin qu'on sçache de qui ie tien vne histoire si remarcable. Ces che-
ualiers estans arriues à Mesy, se mirent incontinent en deuoir de faire fortifier le chas-
teau, et pour auoir de la chaux , ne treuuans pierre aux en niions plus propre pour en
cuire, n'y qui leur vinst plus aisée, que certaines marches de marbre blanc, qui s'esle-
uoyent en forme de perron emmy d'un champ près du port, là où iadis estoit la grande
place d'Halycarnasse, ils les firët abbattre et prendre pour cest effect. La pierre s'estant
rencôtree bonne, fut cause, que ce peu de maçonnerie, qui paroissoit sur terre, ayant
esté démoli, ils firent fouiller plus bas en espérance d'en treuuer dauantage. Ce qui
leur succéda fort heureusement : car ils recognurent en peu d'heures, que de tant de plus
qu'on creusait profond, d'autant plus s'eslargissoit par le bas la fabrique, qui leur four-
nit par après de pierres, non seulement à faire de la chaux , mais aussi pour bastir. Au
bout de quatre ou cinq iours, après auoir faict vne grande descouuerte par une après
disnee, ils virent une ouverture comme pour entrer dans une cave : ils prirent de la chan-
(l) Guk-hard, Funérailles des Romains et des Grecs. Lyon, <58i, t. Ht, p. 378.
33
Tome III. Ji
mot, entre les fronts, dans une longueur de soixante-trois pieds; tout son circuit est
de quatre cent onze. L'auteur latin aurait voulu donner le diamètre et la circonférence.
Toute la difficulté du texte se résume dans cette seule phrase; car, en admettant une
correction du chiffre LXIII en GXXX, toute la construction de l'édifice s'établit natu-
rellement sans qu'on ait besoin d'imaginer aucune disposition qui ne soit pas positive-
ment énoncée dans le texte. Si l'on demande pourquoi je modifie le ehiffre LXIII de
préférence au chiffre CGGCXÏ, je répondrai que, dans un édifice circulaire, on peut
facilement déterminer la circonférence, tandis que, pour obtenir le diamètre, il faut une
opération beaucoup plus, longue et plus sujette à erreur. Je ne me dissimule pas tout
ce qu'a de grave une pareille modification; mais, d'une part, le texte est évidemment
altéré, puisqu'il a été déclaré par tous les commentateurs inintelligible sans avoir re-
cours «à un expédient quelconque. D'autre part, ceux qui ont proposé des restitutions du
tombeau n'ont pas abordé la restitution du texte; mais il est par le fait modifié bien
plus profondément que je ne le fais, en supposant l'aréa et le soubassement.
L'adoption de la disposition circulaire permet de donner aux colonnes une dimension
en harmonie avec la grandeur de l'édifice. Attollitur in altiludinem viginti quinque cubi-
tis, se rapporterait exactement à la hauteur des colonnes, qui auraient vingt-cinq cou-
dées, c'est-à-dire trois pieds sept dixièmes de diamètre; le reste de la construction s'é-
tablit sans la moindre difficulté.
Je ne dois point négliger de rapporter un document d'un historien du moyen âge qui
nous a laissé, pour ainsi dire, le dernier procès-verbal des dernières démolitions du
tombeau de Mausole. On verra que l'édifice était établi sur certaines marches de mar-
bre blanc qui s'élevaient en forme de perron, comme par exemple, celles qui entourent
le temple de Vesla, à Rome. C'était certainement l'escalier qui conduisait dans le ptéron.
Leur usage ne saurait s'expliquer avec la supposition d'un soubassement.
« L'an i522(t), lorsque sultan Solyman se préparoit pour venir assailir les Rhodiens ,
le grand-maistre sçachât l'importance de ceste place, et que le Turc ne faudrait point de
l'empiéter de première "abordée, s'il pouuait, y enuoya quelques cheualiers pour la reni-
parer et mettre ordre à tout ce qui estoil nécessaire pour soustenir l'ennemi, du nom.
bre desquels fut le Commandeur de la Tourette, Lyonnois, lequel se treuua depuis à la
prise de Rhodes, et vint en France, où il fit, de ce que ie vay dire maintenant, le ré-
cit a monsieur d'Alechamps, personnage assez recognu par ses doctes escrits, et que ie
nomme seulement, à fin qu'on sçache de qui ie tien vne histoire si remarcable. Ces che-
ualiers estans arriues à Mesy, se mirent incontinent en deuoir de faire fortifier le chas-
teau, et pour auoir de la chaux , ne treuuans pierre aux en niions plus propre pour en
cuire, n'y qui leur vinst plus aisée, que certaines marches de marbre blanc, qui s'esle-
uoyent en forme de perron emmy d'un champ près du port, là où iadis estoit la grande
place d'Halycarnasse, ils les firët abbattre et prendre pour cest effect. La pierre s'estant
rencôtree bonne, fut cause, que ce peu de maçonnerie, qui paroissoit sur terre, ayant
esté démoli, ils firent fouiller plus bas en espérance d'en treuuer dauantage. Ce qui
leur succéda fort heureusement : car ils recognurent en peu d'heures, que de tant de plus
qu'on creusait profond, d'autant plus s'eslargissoit par le bas la fabrique, qui leur four-
nit par après de pierres, non seulement à faire de la chaux , mais aussi pour bastir. Au
bout de quatre ou cinq iours, après auoir faict vne grande descouuerte par une après
disnee, ils virent une ouverture comme pour entrer dans une cave : ils prirent de la chan-
(l) Guk-hard, Funérailles des Romains et des Grecs. Lyon, <58i, t. Ht, p. 378.
33
Tome III. Ji