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SU B. V AN AT O MIE, 53
Pour établir un système entier de nomenclature anatomique , il fatidroit donc avoir
rassemblé tout ce que l'on sait sur la structure des animaux; et cette partie de nos con»
noissances n'est pas assez avancée pour que l'on puisse exécuter ce grand projet. Je ne
pouvois donc en offrir qu'une ébauche : peut-être serai-je un jour plus hardi lorsqùe.
j'aurai achevé les travaux que j'ai commencés. En soumettant dans un vocabulaire tous
les mots dont je dois me servir, à un examen rigoureux, je me suis proposé de rendre
mes descriptions plus intelligibles, et de concourir, autant qu'il étoit en moi, à cette ré-
forme générale dont il paroît que tous les nomenclateurs sont actuellement occupés.

Ainsi, tandis que les sciences font chaque jour des progrès, leurs idiomes s'enrichis- p&°raîsoïu
sent, et avec eux se perfectionne l'art de penser. Les expressions techniques, reconnois-
sables, et pour ainsi dire les mêmes dans tous les pays, forment en quelque sorte unô
langue universelle, également écrite, entendue et parlée par tous les peuples. Cette
langue a resté long-temps incomplète. Celle de -l'imagination a dû se développer la pre-
mière; mais aussi sa marche rapide a dû se ralentir. Renfermé trop long-temps dans les
1 mêmes limites, fatigué par la répétition des mêmes images, environné de modèles qui le
subjuguent, étonné par tant de succès qui sont eux-mêmes un obstacle à des succès nou-
veaux, le génie des lettres n'a pu conserver toute sa force en voyant diminuer ses es-
pérances. Mais alors, docile à la culture, le champ des sciences et des arts s'est couvert
de moissons abondantes; le domaine delà vérité s'est accru; ses divers langages se sont
agrandis; ils s'agrandiront encore. Des combinaisons inattendues, des observations et
des découvertes sans nombre achèveront de dévoiler la nature ; des imitations de toute
espèce reproduiront à tous les. sens le spectacle de ses merveilles; des idées, des
images, des métaphores nouvelles, prépareront de nouvelles jouissances à l'imagination,
qui redeviendra féconde; sa langue se regénérera; l'esprit reprendra sa jeunesse et sa fleur;
et s'il les perd encore, de nouveaux progrès des connoissances les lui rendront sans
doute: tant il est naturel de croire que, parmi des peuples dont les yeux sont pour tou-
jours ouverts à la lumière, le génie doit porter alternativement! l'empreinte de ces diffé-
rents modes, en passant d'âge en âge par toutes les nuances de la maturité»

La liaison des sciences et des lettres est donc plus grande que certains détracteurs
ne le donnent à penser, puisque les unes et les autres s'ouvrent mutuellement la carrière
ou plutôt n'en forment qu'une, où se développent toutes les facultés de l'esprit. Que l'on
compare les écrits des modernes sur les sciences avec les ouvrages de ceux qui les ont
précédés, et l'on verra combien est grande là supériorité des premiers sur les seconds.
Sans doute, il ne s'agit ici ni de l'ornement ni de la pompe du discours; sans doute on
n'exige pas qu'un physicien soit éloquent comme M. de Buffon, qu'il ait les grands ta-
lents de cet homme illustre, pour qu'il lui soit permis d'écrire sur la nature : je ne parle
que de la méthode, de la précision et de la clarté, qui sont les qualités les plus recom-
mândables du style. En vain ceux qui ne les possèdent pas affecteront du mépris pour
elles; en vain ils diront qu'il importe peu de quelle manière un fait soit écrit : on leur ré-
pondra que, dans l'histoire des sciences, ainsi que dans celle des hommes, comme il
n'y a qu'une manière de bien voir, il n'y en a qu'une aussi de bien décrire; qu'un fait
n'est plus identique dès qu'il est raconté de plusieurs manières; que l'image, comme
l'idée qu'elle exprime, est une; et que, parmi les infidélités que l'on reproche aux obser-
Tome I. Discours. 14.
 
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