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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 1) — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.1313#0107
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— 103 — [ DRESSOIR ]

été en usage avant le xive siècle, car, jusqu'alors, les plus riches
seigneurs et les souverains ne semblent pas avoir possédé une
vaisselle somptueuse. Pendant l'époque féodale, les habitudes de
la vie intérieure étaient simples, et les grands possesseurs de fiefs
préféraient employer leurs trésors à bâtir des châteaux forts, à
tenir près d'eux un grand nombre d'hommes d'armes, à les équiper
et les nourrir, qu'à acheter de la vaisselle d'or ou d'argent. C'est
depuis Charles V surtout que l'on voit apparaître ce désir d'étaler
un luxe excessif. Ni les malheurs qui accablèrent la France pendant
le xve siècle, ni la misère des classes inférieures ne purent arrêter
les progrès du mal. Le peu de matières d'or ou d'argent que lais-
sèrent les guerres dans ce malheureux pays étaient soustraites à la
circulation pour décorer les dressoirs de la haute noblesse.

Dès la fin du xive siècle, la maison de Bourgogne, puissante,
possédant les domaines les plus productifs de l'Europe d'alors, faisait
parade de sa richesse, donnait des fêtes qui surpassaient comme
luxe tout ce que l'on peut imaginer ; la cour de France était plus
jalouse encore peut-être de cette splendeur que de la prédominance
politique qu'avaient acquise les ducs de Bourgogne. C'était donc à
qui, à Paris ou à Dijon, éclipserait son rival par un déploiement de
luxe inouï, par la montre d'une grande quantité de vaisselle d'or
et d'argent, d'orfèvrerie de table, par des largesses et des fêtes
renouvelées à de courts intervalles.

C'est aussi pendant le xve siècle que les meubles, et particulière-
ment ceux d'apparat, prennent une importance inconnue jusqu'alors.
Les dressoirs, qui étaient plutôt des meubles de luxe que d'utilité,
se rencontrent dans toutes les descriptions de fêtes, de banquets,
dans les entrées même des personnes souveraines, car les bonnes
villes en établissaient alors, chargés de vaisselle, en plein air
ou sur des litières transportées pendant le passage des princes ;
ils les suivaient jusqu'à leur logis, où, bien entendu, on les
laissait1 (voy. litière).

1 Suivant Nicod, ce qui distingue le dressoir du buffet, c'est que le premier.n'a
jamais de tiroirs ni d'armoires à portes. Le dressoir ne sert qu'à étaler la vaisselle
qu'on lire du buffet. « Jacquemart Canissel, charpentier, fait un drechoir à coulombe
(à tablettes ou compartiments) pour l'hôtel de ville de Béthune au commencement du
xvte siècle. » (Voy. Les Artistes du nord de la France, par M. le baron de Mélicocq.
Béthune, 1848.)
 
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