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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 1) — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.1313#0302
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— 291 — [ VOILE ]

ici toutefois que de l'Eglise grecque. Il dit ' : « Dans ce vestibule
« et premier sanctuaire, il y avait un espace fermé, non de balustres,
« mais de rideaux et de voiles, dans lequel était le Sancta sancto-

« rum.....L'oraison du voile, qui se trouve dans les liturgies, et

« particulièrement dans celle de saint Jacques et dans celle de saint
« Basile, de la version Arabique, oratio veli, oratio velominis, se
« doit expliquer du Sancta sanctorum et du voile qui le fermait... »
En Occident, pendant le xme siècle, Tbiers croit qu'on n'avait
conservé que les deux voiles latéraux de l'autel ; mais cependant les
tableaux déposés dans la sacristie de la cathédrale d'Arras, et qui
représentent les anciens autels principaux de cette église, les gravures
de l'ancien maltre-autel de Notre-Dame de Paris et quantité de
vignettes de manuscrits nous font voir autour des autels, non-seule-
ment des voiles latéraux, mais aussi un voile postérieur, et le tableau
de Van Eyck représentant l'autel matutinal de l'église de Saint-
Denis, reproduit dans notre Dictionnaire d'A rchitecture, au mot
autel, indique encore un voile antérieur relevé pour laisser voir le
saint sacrifice. Cette tradition se perpétua pour les principaux autels
des églises régulières ou séculières jusqu'à la fin du xvie siècle, et
même alors, en enlevant les courtines, on laissa subsister souvent les
colonnes qui les portaient. Il n'est pas besoin de dire que la plupart
de ces voiles étaient faits d'étoffes précieuses, et richement brodés.
Plusieurs représentaient des scènes de l'Ancien ou du Nouveau-Tes-
tament ou des images de saints, les signes des Evangélistes. Un de
ces voiles nous est conservé; il fait partie de la collection de
M. A. Gérente : c'est une toile verte brodée de soie jaune et rehaussée
de traits noirs dessinés au pinceau. Au centre est la Charité, sous la
figure d'une femme assise dans un trône; deux autres femmes
debout lui amènent des enfants ; toutes ces figures sont nimbées. La
Charité tient sur son giron une petite fille vêtue et un petit garçon
nu ; autour dTelle d'autres enfants jouent à divers jeux. Aux quatre
coins sont brodés les signes des Evangélistes. Nous donnons (Pl. X)
le sujet principal du voile et l'un des signes des Evangélistes. Cette
broderie parait appartenir aux dernières années du xve siècle ; elle
est exécutée avec soin. Une ganse de soie, cousue de distance en dis-
tance au chef, tenait lieu d'anneaux eu passant dans la tringle posée
d'une colonne à l'autre. Il est vraisemblable que deux autres voiles
accompagnaient celui-ci et représentaient, au centre, l'Espérance
et la Foi. (Voyez, pour la position de ces voiles, le mot autel du
Dictionnaire raisonné d'Architecture.)

1 De l'ancienne police de l'Eglise, I. II, e. x.
 
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