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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 1) — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.1313#0437
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VIE PRIVÉE DE LA HAUTE BOURGEOISIE. 409

« chandelle, et les aiez fait introduire (instruire) sagement de
« l'estaindre à la bouche ou à la main avant qu'ils entrent en leur
« lit, et non mie à la chemise *, » 11 recommande à la maltresse de
faire coucher ses chambrières de quinze à vingt ans « pour ce que
« en tel aage elles sont sottes et n'ont guère veu du siècle » près
d'elle, en la garde-robe ou en chambre qui n'ait ni lucarne ni
fenêtre basse. Cette instruction se termine par ces mots : «... Si
« est que se l'un de vos serviteurs chiet en maladie, toutes choses
« communes mises arrière, vous mesmes pensez de luy très amou-
« reusement et charitablement, et le revisetez et pensez de luy ou
« d'elle très curieusement en avançant sa garison, et ainsi aurez
« acompli cet article. »

Ces extraits font assez voir qu'à la fin du xive siècle la vie inté-
rieure de la riche bourgeoisie ne différait guère de celle de la
noblesse ; mais si nous parcourons les parties de ce curieux livre
qui traitent de la table, on sera surpris du luxe et des raffinements
qui s'étaient introduits dans la manière de recevoir les hôtes et dans
tout ce qui tenait à l'existence matérielle. Cependant les maisons
habitées par la haute bourgeoisie, les gens de robe, ne contenaient
pas de salles assez vastes pour permettre de recevoir un très-grand
nombre de convives. A l'occasion de certaines fêtes de famille,
comme les noces par exemple, on louait la salle meublée de quelque
hôtel seigneurial. Nous trouvons la trace de cet usage dans le

Ménagier 2..... « Sur quoy est assavoir que l'ostel de Beauvais8

« cousta à Jehan du Chesne quatre francs ; tables, trestaulx, fourmes
« et similia, cinq francs; et la chappellerie luy cousta quinze
« francs \ » Le personnel loué en pareil cas était considérable. Il
faut, dit l'auteur du Ménagier : 1° trouver un clerc ou un valet qui
se chargera d'acheter « erbe vert, violette, chapeaulx, lait, fro-
« mages, œufs, busche, charbon, sel, cuves et cuviers tant pour

1 On se couchait nu ; il paraîtrait que les domestiques avaient l'habitude d'éteindre
leur chandelle en jetant leur chemise dessus.

5 T. II, p. 146.

3 L'hôtel de l'évêque de Beauvais.

'* La chappellerie, c'est-à-dire l'acquisition des couronnes ou chapels de fleurs que
l'on donnait aux convives.

• « Totes estoient desfublées,

» Ensi sans moelekins (coiffes) estoient,
" Mais capeaus de roses avoient
« En lor chiés mis, et d'aigléntier,
« Por le plus doucement flairier. »

Le Lai du Trot, xm" s.

t. i. 52
 
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