[ ORFÈVRERIE ] — 230 —
émail à jour, mais bien un émail translucide posé dans un cloison-
nement ou champlcvage d'or fait aux dépens de l'épaisseur de la
lame, sorte de damasquinage émaillé, comme on en voit sur les
manches des couteaux provenant de la vaisselle de Charles le Témé-
raire '. Il est donc possible [l'admettre que, pendant le moyen âge,
on donnait le nom d'émaux à jour à des émaux translucides posés
en taille d'épargne, ou entre cloisons, ou sur ciselure. C'est vers le
commencement du xv* siècle que les émnilleurs adoptèrent^ pour les
bijoux, pour dos objets de petite dimension et précieux, l'émail trans-
lucide sur ciselure, simultanément avec l'émail blanc opaque. Alors
les parties destinées a recevoir un émail très-mince étaient frisées ou
guÙlochées, c'est-à-dire rendues rugueuses par un travail régulier du
burin ; travail qui apparaît à travers la couverte translucide colorée
et contribue à lui donner un éclat chaud d'un aspect très-piquant.
Il existe dans le trésor de la sainte Chapelle d'Altœtting (Bavière)
un très-remarquable objet d'orfèvrerie d'or et d'argent émaillé, qui
représente le roi Charles VI agenouillé devant la Vierge tenant l'en-
fant et entourée d'un berceau de fleurs et de pierreries. Ce joyau,
fabriqué en France, en est sorti probablement à l'époque du mariage
de ce prince avec Isaboau de Bavière. Cette pièce d'orfèvrerie, fort
bien décrite et gravée dans le tome XXVI des Annales archéolo-
giques (page 110), est connue en Bavière sous le nom du « cheval
d'or », parce qu'au-dessous de l'estrade servant d'agenouilloir au
roi est en effet un cheval d'or tenu par un écuyer émaillé mi-
partie. Rien n'égale la finesse d'exécution des personnages, des
Heurs, des feuillages émaillés qui composent ce bijou de 60 centi-
mètres de hauteur environ.
Ce n'est qu'à la fin du xv" siècle que les artistes limousins se
mirent à entailler en plein des plaques do métal mince, des vases de
cuivre repoussé, et à peindre sur ces couvertes des sujets, des orne-
ments, à entremêler ces couvertes opaques d'émaux transparents sur
paillon. Cet art. se développe au moment de la renaissance, et a
produit de merveilleux résultats dont nous n'aurons pas à nous
occuper ici, d'autant que nombre d'auteurs se sont étendus sur cet
art de l'émaillerie peinte 9.
1 Musées de Dijon, du Mans (collect. de M. le comte de Nieuwerkerke).
3 Voyez, entre autres ouvrages sur cette maliére : i'Kmnil tfr.* j.'UniW*.*, par Clawlius
l'opelin (1846).—Praticien consommé, artiste aussi habile qu'instruit, écrivain ingénieux.
M. Claudius l'opelin nous paraît avoir, dans ce volume, résumé clairement les divers
procédés employés par les artistes éraailleurs au xvic siècle. — Voyez aussi YEist. des
firtx iiuhistriek de H. Labsrle.
émail à jour, mais bien un émail translucide posé dans un cloison-
nement ou champlcvage d'or fait aux dépens de l'épaisseur de la
lame, sorte de damasquinage émaillé, comme on en voit sur les
manches des couteaux provenant de la vaisselle de Charles le Témé-
raire '. Il est donc possible [l'admettre que, pendant le moyen âge,
on donnait le nom d'émaux à jour à des émaux translucides posés
en taille d'épargne, ou entre cloisons, ou sur ciselure. C'est vers le
commencement du xv* siècle que les émnilleurs adoptèrent^ pour les
bijoux, pour dos objets de petite dimension et précieux, l'émail trans-
lucide sur ciselure, simultanément avec l'émail blanc opaque. Alors
les parties destinées a recevoir un émail très-mince étaient frisées ou
guÙlochées, c'est-à-dire rendues rugueuses par un travail régulier du
burin ; travail qui apparaît à travers la couverte translucide colorée
et contribue à lui donner un éclat chaud d'un aspect très-piquant.
Il existe dans le trésor de la sainte Chapelle d'Altœtting (Bavière)
un très-remarquable objet d'orfèvrerie d'or et d'argent émaillé, qui
représente le roi Charles VI agenouillé devant la Vierge tenant l'en-
fant et entourée d'un berceau de fleurs et de pierreries. Ce joyau,
fabriqué en France, en est sorti probablement à l'époque du mariage
de ce prince avec Isaboau de Bavière. Cette pièce d'orfèvrerie, fort
bien décrite et gravée dans le tome XXVI des Annales archéolo-
giques (page 110), est connue en Bavière sous le nom du « cheval
d'or », parce qu'au-dessous de l'estrade servant d'agenouilloir au
roi est en effet un cheval d'or tenu par un écuyer émaillé mi-
partie. Rien n'égale la finesse d'exécution des personnages, des
Heurs, des feuillages émaillés qui composent ce bijou de 60 centi-
mètres de hauteur environ.
Ce n'est qu'à la fin du xv" siècle que les artistes limousins se
mirent à entailler en plein des plaques do métal mince, des vases de
cuivre repoussé, et à peindre sur ces couvertes des sujets, des orne-
ments, à entremêler ces couvertes opaques d'émaux transparents sur
paillon. Cet art. se développe au moment de la renaissance, et a
produit de merveilleux résultats dont nous n'aurons pas à nous
occuper ici, d'autant que nombre d'auteurs se sont étendus sur cet
art de l'émaillerie peinte 9.
1 Musées de Dijon, du Mans (collect. de M. le comte de Nieuwerkerke).
3 Voyez, entre autres ouvrages sur cette maliére : i'Kmnil tfr.* j.'UniW*.*, par Clawlius
l'opelin (1846).—Praticien consommé, artiste aussi habile qu'instruit, écrivain ingénieux.
M. Claudius l'opelin nous paraît avoir, dans ce volume, résumé clairement les divers
procédés employés par les artistes éraailleurs au xvic siècle. — Voyez aussi YEist. des
firtx iiuhistriek de H. Labsrle.