[ TOURNOI ] — 33/i —
Ceux qui, dans ta chaleur du combat., se laissaient entraîner a en
user autrement, on "ceux qui se servaient d'armes non courtoises,
étaient au moins sévèrement, blâmés par les juges du tournoi et
même notés d'infamie. Aussi les juges du tournoi devaient, avant
le combat, mesurer et examiner les lances des combattants et toutes
autres armes. De plus, afin que ces exercices ne pussent servir de
prétexte à des vengeances, les hommes d'armes qui étaient reçus
chevaliers devaient, par serinent, déclarer qu'ils ne fréquenteraient
les tournois que pour y apprendre le métier des armes et non pour
autre chose. Comme on le supposera sans peine, malgré ces lois,
ces précautions, les tournois dégénéraient souvent en combats san-
glants. Dans un tournoi qui se fit à Chàlon, en 1274s et auquel prit
part le roi Edouard avec des chevaliers anglais, le comte de Chà-
lon et des Bourguignons, les deux partis s'animèrent si fort, que
plusieurs combattants restèrent sur le carreau. Les accidents devin-
rent si fréquents pendant ces combats, que les papes excommunièren!
ceux qui s'y trouveraient, et défendirent de porter en terre sainte
ceux qui y laisseraient la vie ', Il se fit à Nuys, près de Cologne, en
4240, un grand tournoi où plus de soixante chevaliers périrent
suffoqués par la poussière, écrasés sous les chevaux.
Les excommunications lancées par les pontifes romains, les
décrets des conciles et même les défenses des rois, ne purent arrêter
ie développement de ce goût pour ces fêtes militaires, qui devinrent
de plus en plus fréquentes jusqu'à la guerre de cent ans.
Les motifs qu'alléguaient les papes et les conciles pour prohiber
les tournois n'étaient pas uniquement puisés dans les sentiments
d'humanité, qui alors, il faut ie dire, ne touchaient que médiocre-
ment l'esprit du clergé. Innocent IV, au concile de Lyon tenu en
12/iâ, interdit l'usage des tournois pour trois ans, sous prétexte que
ces fêles empêchaient la noblesse de se croiser, et qu'elles provo-
quaient des dépenses excessives, mieux employées à entreprendre
la guerre contre les infidèles. Et en effet ces tournois étaient une
occasion de déployer un luxe prodigieux en chevaux et harnais,
en armures et habits. Des gentilshommes, pour y assister, venaient
souvent de très-loin, et ces voyages coulaient fort cher, car on tenait
à se présenter suivi d'un brillant équipage.
Les femmes contribuèrent pour beaucoup à donner à ces fêtes un
caractère de luxe, éloigné certainement de leur institution primi-
1 Concile île l.atran, 1179. Ces défenses furent faites par les papes innocent II,
Eugène 111, Alexandre III, Innocent IV, Nicolas IV et Clément V.
Ceux qui, dans ta chaleur du combat., se laissaient entraîner a en
user autrement, on "ceux qui se servaient d'armes non courtoises,
étaient au moins sévèrement, blâmés par les juges du tournoi et
même notés d'infamie. Aussi les juges du tournoi devaient, avant
le combat, mesurer et examiner les lances des combattants et toutes
autres armes. De plus, afin que ces exercices ne pussent servir de
prétexte à des vengeances, les hommes d'armes qui étaient reçus
chevaliers devaient, par serinent, déclarer qu'ils ne fréquenteraient
les tournois que pour y apprendre le métier des armes et non pour
autre chose. Comme on le supposera sans peine, malgré ces lois,
ces précautions, les tournois dégénéraient souvent en combats san-
glants. Dans un tournoi qui se fit à Chàlon, en 1274s et auquel prit
part le roi Edouard avec des chevaliers anglais, le comte de Chà-
lon et des Bourguignons, les deux partis s'animèrent si fort, que
plusieurs combattants restèrent sur le carreau. Les accidents devin-
rent si fréquents pendant ces combats, que les papes excommunièren!
ceux qui s'y trouveraient, et défendirent de porter en terre sainte
ceux qui y laisseraient la vie ', Il se fit à Nuys, près de Cologne, en
4240, un grand tournoi où plus de soixante chevaliers périrent
suffoqués par la poussière, écrasés sous les chevaux.
Les excommunications lancées par les pontifes romains, les
décrets des conciles et même les défenses des rois, ne purent arrêter
ie développement de ce goût pour ces fêtes militaires, qui devinrent
de plus en plus fréquentes jusqu'à la guerre de cent ans.
Les motifs qu'alléguaient les papes et les conciles pour prohiber
les tournois n'étaient pas uniquement puisés dans les sentiments
d'humanité, qui alors, il faut ie dire, ne touchaient que médiocre-
ment l'esprit du clergé. Innocent IV, au concile de Lyon tenu en
12/iâ, interdit l'usage des tournois pour trois ans, sous prétexte que
ces fêles empêchaient la noblesse de se croiser, et qu'elles provo-
quaient des dépenses excessives, mieux employées à entreprendre
la guerre contre les infidèles. Et en effet ces tournois étaient une
occasion de déployer un luxe prodigieux en chevaux et harnais,
en armures et habits. Des gentilshommes, pour y assister, venaient
souvent de très-loin, et ces voyages coulaient fort cher, car on tenait
à se présenter suivi d'un brillant équipage.
Les femmes contribuèrent pour beaucoup à donner à ces fêtes un
caractère de luxe, éloigné certainement de leur institution primi-
1 Concile île l.atran, 1179. Ces défenses furent faites par les papes innocent II,
Eugène 111, Alexandre III, Innocent IV, Nicolas IV et Clément V.