234 FINANCE S.
Defmarets ]e contrôleur-général Dejmarets, neveu de l’illustre
ninistre. c , . , v ,
Colbert, ayant en 1709 iuccede a Çhamillart, ne put
guérir un mal que tout rendait incurable.
La nature conspira avec la fortune , pour acca-
bler l’Etat. Le cruel hiver de 1709 força le roi de
remettre aux peuples neuf millions de tailles, dans
le temps qu’il n’avait pas de quoi payer ses soldats.
La disette des denrées fut si excelïive qu’il en coûta
quarante-cinq millions pour les vivres de l’armée.
La dépense de cette année 1709 montait à deux
cents vingt et un millions ; et le revenu ordinaire du
roi n’en produisit pas quarante-neuf. Il fallut donc
ruiner l’Etat pour que les ennemis ne s’en rendissent
pas les maîtres. Le désordre s’accrut tellement et
fut si peu réparé que long-temps après la paix, au
commencement de l’année 1715 , le roi fut obligé de
faire négocier trente-deux millions de billets, pour
en avoir huit en espèces. Enfin il laisfa à sa mort
deux milliars six cents millions de dettes, à vingt-
huit livres le marc, à quoi les espèces se trouvèrent
alors réduites ; ce qui fait environ quatre milliars
cinq cents millions de notre monnaie courante en
1760.
Il est étonnant , mais il est vrai , que cette
immense dette n’aurait point été un fardeau impos-
sible à soutenir , s’il y avait eu alors un com-
merce ssorissant , un papier de crédit établi , et
des compagnies solides qui 'eussent répondu de
ce papier , comme en Suède , en Angleterre , à
Venise et en Hollande. Car lorsqu’un Etat puis-
sant ne doit qu’à lui même, la confiance et la
Defmarets ]e contrôleur-général Dejmarets, neveu de l’illustre
ninistre. c , . , v ,
Colbert, ayant en 1709 iuccede a Çhamillart, ne put
guérir un mal que tout rendait incurable.
La nature conspira avec la fortune , pour acca-
bler l’Etat. Le cruel hiver de 1709 força le roi de
remettre aux peuples neuf millions de tailles, dans
le temps qu’il n’avait pas de quoi payer ses soldats.
La disette des denrées fut si excelïive qu’il en coûta
quarante-cinq millions pour les vivres de l’armée.
La dépense de cette année 1709 montait à deux
cents vingt et un millions ; et le revenu ordinaire du
roi n’en produisit pas quarante-neuf. Il fallut donc
ruiner l’Etat pour que les ennemis ne s’en rendissent
pas les maîtres. Le désordre s’accrut tellement et
fut si peu réparé que long-temps après la paix, au
commencement de l’année 1715 , le roi fut obligé de
faire négocier trente-deux millions de billets, pour
en avoir huit en espèces. Enfin il laisfa à sa mort
deux milliars six cents millions de dettes, à vingt-
huit livres le marc, à quoi les espèces se trouvèrent
alors réduites ; ce qui fait environ quatre milliars
cinq cents millions de notre monnaie courante en
1760.
Il est étonnant , mais il est vrai , que cette
immense dette n’aurait point été un fardeau impos-
sible à soutenir , s’il y avait eu alors un com-
merce ssorissant , un papier de crédit établi , et
des compagnies solides qui 'eussent répondu de
ce papier , comme en Suède , en Angleterre , à
Venise et en Hollande. Car lorsqu’un Etat puis-
sant ne doit qu’à lui même, la confiance et la