SUPERSTITIONS.
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n’entendait parler que de secrets magiques; presque
tout était illusion. Des savans, des magistrats avaient
écrit sérieusement sur ces matières. On distinguait
parmi les auteurs une classe de démonographes. Il y
avait des règles pour discerner les vrais magiciens, les
vrais posfédés d’avec les faux; enfin jusque vers ces
temps-là on n’avait guère adopté de l’antiquité que
des erreurs en tout genre,
Les idées superstitieuses étaient tellement enra- Supersti-
cinées chez les hommes , que les comètes les 1 n ’
effrayaient encore en 1680. On osait à peine
combattre cette crainte populaire. Jacques Bernoulli ,
l’un des grands mathématiciens de l'Europe, en
répondant à propos de cette comète aux partisans
du préjugé , dit que la chevelure de la comète
ne peut être un signe de la colère divine , parce
que cette chevelure est éternelle ; mais que la
queue pourrait bien en être un. Cependant ni la
tête ni la queue ne sont éternelles. Il fallut
que Bayle écrivît contre le préjugé vulgaire un
livre fameux, que les progrès de la raison ont
rendu aujourd’hui moins piquant qu’il ne l’était
alors.
On ne croirait pas que les souverains eussent Phiiotophie
obligations aux philosophes. Cependant il est vrai n~ e*
que cet esprit philosophique, qui a gagné presque
toutes les conditions , excepté le bas peuple , a
beaucoup contribué à faire valoir les droits des
souverains. Des querelles , qui auraient produit
autrefois des excommunications , des interdits ,
des schismes , n’en ont point causé. Si on a dit
que les peuples seraient heureux quand ils auraient
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n’entendait parler que de secrets magiques; presque
tout était illusion. Des savans, des magistrats avaient
écrit sérieusement sur ces matières. On distinguait
parmi les auteurs une classe de démonographes. Il y
avait des règles pour discerner les vrais magiciens, les
vrais posfédés d’avec les faux; enfin jusque vers ces
temps-là on n’avait guère adopté de l’antiquité que
des erreurs en tout genre,
Les idées superstitieuses étaient tellement enra- Supersti-
cinées chez les hommes , que les comètes les 1 n ’
effrayaient encore en 1680. On osait à peine
combattre cette crainte populaire. Jacques Bernoulli ,
l’un des grands mathématiciens de l'Europe, en
répondant à propos de cette comète aux partisans
du préjugé , dit que la chevelure de la comète
ne peut être un signe de la colère divine , parce
que cette chevelure est éternelle ; mais que la
queue pourrait bien en être un. Cependant ni la
tête ni la queue ne sont éternelles. Il fallut
que Bayle écrivît contre le préjugé vulgaire un
livre fameux, que les progrès de la raison ont
rendu aujourd’hui moins piquant qu’il ne l’était
alors.
On ne croirait pas que les souverains eussent Phiiotophie
obligations aux philosophes. Cependant il est vrai n~ e*
que cet esprit philosophique, qui a gagné presque
toutes les conditions , excepté le bas peuple , a
beaucoup contribué à faire valoir les droits des
souverains. Des querelles , qui auraient produit
autrefois des excommunications , des interdits ,
des schismes , n’en ont point causé. Si on a dit
que les peuples seraient heureux quand ils auraient