ENissONsla foule innombrable des pamphlets
anglais, dans lesquels une partie de la nation accuse
l’autre quatre fois par semaine de trahir la patrie ,
et qui sont traduits en srançais pour amuier les
curieux.
Bénissons les sonnets dont l’Italie fourmille, soit
à l’honneur , soit contre l’honneur des dames.
Bénissons les écrits polémiques des Allemands,
dans lesquels on ne cesse d’approsondir des sujets
agréables de controverse.
Bénissons sur-tout les Français , qui depuis
quelque temps impriment environ cinquante mille
volumes par année, tant gros que petits , soit pour
édifier le prochain , soit pour le scandaliser , sort
pour l’injurier , soit pour l’ennuyer.
Mais pourquoi tant bénir cette énorme quantité
d’insectes ? c’est leur multitude que je remercie. Je
me cache dans leur foule ; leur1 grand nombre les
fait périr en moins de temps qu’ils ne se forment :
je veux vivre deux jours avec eux.
Si ces livres duraient, s’ils ne tombaient tous les
uns sur les autres dans un éternel oubli, ils seraient
trop dangereux ; on se verrait accusé , vilipendé,
condamné , jusqu’à la dernière postérité , par qui-
conque a le loisir et la malignité de faire un livre
contre nous. Mais heureusement un ennemi litté-
raire vous intente un procès par écrit devant le
tribunal de Xunivers , soit dans une brochure , soit
dans cinq ou six tomes. Cela est lu par cinq ou fix
T 4
anglais, dans lesquels une partie de la nation accuse
l’autre quatre fois par semaine de trahir la patrie ,
et qui sont traduits en srançais pour amuier les
curieux.
Bénissons les sonnets dont l’Italie fourmille, soit
à l’honneur , soit contre l’honneur des dames.
Bénissons les écrits polémiques des Allemands,
dans lesquels on ne cesse d’approsondir des sujets
agréables de controverse.
Bénissons sur-tout les Français , qui depuis
quelque temps impriment environ cinquante mille
volumes par année, tant gros que petits , soit pour
édifier le prochain , soit pour le scandaliser , sort
pour l’injurier , soit pour l’ennuyer.
Mais pourquoi tant bénir cette énorme quantité
d’insectes ? c’est leur multitude que je remercie. Je
me cache dans leur foule ; leur1 grand nombre les
fait périr en moins de temps qu’ils ne se forment :
je veux vivre deux jours avec eux.
Si ces livres duraient, s’ils ne tombaient tous les
uns sur les autres dans un éternel oubli, ils seraient
trop dangereux ; on se verrait accusé , vilipendé,
condamné , jusqu’à la dernière postérité , par qui-
conque a le loisir et la malignité de faire un livre
contre nous. Mais heureusement un ennemi litté-
raire vous intente un procès par écrit devant le
tribunal de Xunivers , soit dans une brochure , soit
dans cinq ou six tomes. Cela est lu par cinq ou fix
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