DE M. DE VOLTAIRE,
SUR LE PROCÈS ENTRE M,. LE COMTE DE
MORANGIÉS ET LES VERRON.
L< famille fut attachée à la famille de M. le comte
de Morangiés. Mon père fut long-temps son conseih
Mais sans écouter aucune prévention , et étant
absolument sans intérêt , je ne me déterminai à
croire M. le comte de Morangiés entièrement innocent,
dans son étrange procès contre la famille Verrou ,
qu’après avoir lu toutes les pièces et tous les
mémoires contre lui.
Il me parut absurde et impossible qu’un maréchal
de camp , qu’un père de famille , dont les affaires à la
vérité sont dérangées, mais qui n’a jamais commis
aucune action criminelle, eût conçu le projet extra-
vagant et abominable qu’on lui impute. Non , il n’est
pas possible qu’un ancien officier, qui n’a pas l’esprit
aliéné et, endurci dans la scélératesse , eût imaginé
non-seulement de voler cent mille écus à une veuve
nonagénaire , mais d’accuser la famille de cette veuve
de lui avoir volé à lui-même ces cent mille écus,
et de chercher à faire périr cette famille dans les
supplices.
Il ne me paraissait pas dans la nature qu’un
homme obéré , qu’on prétend avoir été tiré tout
d’un coup, par le heur du Jonquay, de l’état le plus
cruel, et nanti par lui d’une somme exorbitante de
SUR LE PROCÈS ENTRE M,. LE COMTE DE
MORANGIÉS ET LES VERRON.
L< famille fut attachée à la famille de M. le comte
de Morangiés. Mon père fut long-temps son conseih
Mais sans écouter aucune prévention , et étant
absolument sans intérêt , je ne me déterminai à
croire M. le comte de Morangiés entièrement innocent,
dans son étrange procès contre la famille Verrou ,
qu’après avoir lu toutes les pièces et tous les
mémoires contre lui.
Il me parut absurde et impossible qu’un maréchal
de camp , qu’un père de famille , dont les affaires à la
vérité sont dérangées, mais qui n’a jamais commis
aucune action criminelle, eût conçu le projet extra-
vagant et abominable qu’on lui impute. Non , il n’est
pas possible qu’un ancien officier, qui n’a pas l’esprit
aliéné et, endurci dans la scélératesse , eût imaginé
non-seulement de voler cent mille écus à une veuve
nonagénaire , mais d’accuser la famille de cette veuve
de lui avoir volé à lui-même ces cent mille écus,
et de chercher à faire périr cette famille dans les
supplices.
Il ne me paraissait pas dans la nature qu’un
homme obéré , qu’on prétend avoir été tiré tout
d’un coup, par le heur du Jonquay, de l’état le plus
cruel, et nanti par lui d’une somme exorbitante de