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https://doi.org/10.11588/diglit.49798#0410
405 L E T TRES DU P. R. DE PRUSSE
L E T T R E X C I.
DU PRINCE R 0 Y A L.
A Remusberg, le 26 ’de juin.
MON CHER AMI,
T~~ Je souliaiterais beaucoup que votre étoile errante
le sixât, car mon imagination déroutée ne sait plus
de quel côté du Brabant elle doit vous chercher.
Si cette étoile errante pouvait une sois diriger vos
pas du côté de notre solitude , j’employerais affu-
rément tous les secrets de l’astronomie pour arrêter
son cours : je me jetterais même dans l’astrologie;
j’apprendrais le grimoire , et je ferais des invocations
à tous les dieux et à tous les diables, pour qu’ils
ne vous permissent jamais de quitter ces contrées.
IVTais, mon cher Voltaire , Vlyfje, malgré les enchan-
temens de Cires , ne pensait qu’à sortir de cette île,
où toutes les carelïes de la décile magicienne n’avaient
pas tant de pouvoir sur son cœur que le souvenir
de sa chère Pénélope. Il me paraît que vous seriez
dans le cas ééUlyJJe , et que le paillant souvenir de
la belle Emilie et l’attraction de son cœur auraient sur
vous un empire plus sort que mes dieux et mes
démons. Il estjuste que les nouvelles amitiés le cèdent
aux anciennes ; je le cède donc à la marquise , toute-
sois à condition qu’elle maintiendra mes droits de
sécond contre tous ceux qui voudraient me les
disputer.